“Je vais beaucoup mieux”, déclare d’emblée Correntin, mercredi 6 juillet 2022. Il y a dix jours, le jeune homme de 27 ans, écrivain et metteur en scène d’une troupe de théâtre jeunesse à Paris, n’était pas détenu. le même discours. “Acquérir” de la douleur en marchant, en s’asseyant, en dormant… Voilà à quoi ressemblait son quotidien pendant plusieurs jours. Corentin a contracté la variole du singe.

Une semaine entre les premiers symptômes et le diagnostic

Tout commence quelques jours avant le 21 juin. Les poussées de fièvre et les courbatures le poussent à se faire tester pour le Covid-19. Le test est négatif. Puis “des lésions sont apparues sur la muqueuse de l’anus, extrêmement douloureuses, que j’ai d’abord prises pour des hémorroïdes”, raconte-t-il. Il continue en quelque sorte à “vivre” sa vie et à voir des amis. Mais la douleur persiste, il décide de se rendre aux urgences d’un hôpital parisien trois jours plus tard. “Ils m’ont prélevé des échantillons classiques et, par précaution, ils ont ajouté celui pour le monkeypox” car le virus “circulait pas mal à l’époque”, lui expliquent les soignants. “C’est la première fois que j’entends que c’était une possibilité”, avoue Corentin. Le diagnostic a été posé quatre jours plus tard, une semaine après l’apparition des premiers symptômes : il s’agissait bien de la variole du singe. L’hôpital lui donne alors des consignes à suivre : s’isoler pendant trois semaines et se couvrir de vêtements longs et porter un masque lorsqu’il fait ses courses. « Comme il n’y a pas de remède, on m’a dit que le jour où je n’aurais plus de lésions ni de boutons, je serais considéré comme guéri. »

Ne pas mélanger

Première réaction de Corentin à l’annonce du diagnostic : la surprise. A aucun moment je n’ai pensé que ce serait ça. J’en avais un peu entendu parler quand il y a eu les premiers cas. Mais cela est vite passé au second plan. Il n’y avait aucune information sur le virus, ses symptômes, ses voies d’infection, aucune prévention, il n’est jamais entré en jeu. Peut-être que si j’avais été mieux informé avant, j’aurais été testé plus tôt et isolé avant, sans risquer de voir des amis. Corentin Puis la colère tombe. Le 6 juillet, alors isolé chez lui pendant plusieurs jours, il décide, dans un fil sur Twitter, de témoigner : « J’ai beaucoup de respect pour la variole du singe (…) L’occasion pour moi de faire un peu de prévention, les amis, de ce que l’hôpital m’a dit”, a-t-il écrit dans un premier tweet. Voir le tweet
Vidéo : actuellement sur Actu « J’ai vu beaucoup d’absurdités, de contrevérités, des gens paniqués… Je me suis dit qu’en tant que patiente, j’avais reçu les bonnes informations de l’hôpital et de Santé Publique France. J’ai fait ces tweets pour être transparents, pour expliquer comment vous l’obtenez, pour vous rappeler de faire attention et surtout de ne pas confondre les choses”, insiste-t-il. En effet, alors que la majorité des cas connus concernent des hommes ayant eu des rapports sexuels avec des hommes (HSH), Corentin rappelle que le monkeypox ne touche pas que cette communauté car le monkeypox n’est pas une infection sexuellement transmissible (IST). C’est par contact avec les muqueuses ou les lésions d’une personne infectée que l’on peut s’infecter. « Ça se trouve dans les draps, la vaisselle… Il y a eu des cas chez des femmes et des enfants. »

Victime d’une vague d’homophobie

Ses tweets ont eu un impact “sans précédent” auquel il “ne s’attendait pas”. « Dans la foulée, j’ai reçu des messages de personnes qui disaient avoir les mêmes symptômes que moi. Je n’ai pas posé de diagnostic parce que je ne suis pas médecin, mais je les ai référés aux urgences”, raconte-t-il. Il s’est avéré que plusieurs personnes étaient porteuses du virus. Dans cette vague de réponses, il a également reçu un “torrent de boue” et des “centaines” de messages homophobes. “Je n’ai pas été particulièrement surpris”, dit-il, faisant référence à ce qui s’est passé il y a 40 ans avec la découverte du sida. “C’est assez révélateur que les mentalités n’aient pas changé”, déplore-t-il. Voir le tweet
Cependant, il n’a aucun regret et n’a cessé de s’exposer, notamment par le biais des médias. Si je le fais, c’est aussi parce que je crois qu’il faut mettre des visages sur la maladie. Je n’ai pas honte d’avoir attrapé la variole du singe. Déjà, parce qu’il n’y a pas de honte à contracter n’importe quelle maladie. Si cela peut aussi transmettre ce message de manque de prévention, si cela peut aider certaines personnes à se sentir coupables, alors je continuerai à le faire. Corentin

Une campagne ciblée

C’est là que réside principalement la colère et l’indignation du jeune scénariste et réalisateur : le manque d’information et de prévention sur le monkeypox. Il blâme notamment les pouvoirs publics qui, selon lui, tarderaient à réagir “par peur de la stigmatisation, de la discrimination” envers la communauté homosexuelle, “ce que je trouve complètement stupide”. “Il faut parler sans tabous”, admet-il. Nous nous souvenons tous de ce qui s’est passé avec le VIH, nous ne pouvons pas y faire face ou nous perdrons du temps. Il milite pour mettre en place une “campagne ciblée”, notamment dans les endroits stratégiques comme les discothèques et les bars. “Il faut être à la fois informatif et pédagogique, en disant ‘Attention, vous êtes une catégorie à risque’, tout en soulignant que tout le monde peut être concerné. Parce que si on agit selon les homophobes, alors on ne fait plus rien”, souffle-t-il. Selon lui, c’est une maladie qui peut être “éliminée rapidement, il suffit de mettre le paquet”. De son côté, Corentin continue d’être très actif sur Twitter, “je suis devenu la référence du monkeypox”, s’amuse-t-il. Côté santé, “la douleur est presque partie, je commence à guérir”, confie le jeune homme. Il lui reste une dizaine de jours à l’isolement. Est-ce que cet article vous a aidé? A noter que vous pouvez suivre Actu Paris dans l’espace My Actu. En un clic, après inscription, vous retrouverez toutes les actualités de vos villes et marques préférées.