L’inflation au Canada est plus élevée et plus persistante que ne l’avait prévu la Banque dans son Rapport sur la politique monétaire d’avril et restera probablement autour de 8 % au cours des prochains mois, a déclaré l’organisme de réglementation. La Banque du Canada (BDC) rapporte également que de nombreuses banques centrales resserrent leur politique monétaire pour lutter contre l’inflation. Le resserrement des conditions financières qui en résulte freine la croissance économique, note la BDC. Comme auparavant, la Banque du Canada cite la guerre en Ukraine et les perturbations continues de l’approvisionnement comme principaux moteurs de l’inflation, mais souligne également les pressions sur les prix intérieurs [qui] devenir important. La demande doit ralentir pour que l’offre puisse se stabiliser et que la pression sur les prix s’atténue, a déclaré mercredi le gouverneur de la BDC, Tiff Macklem, lors d’une conférence téléphonique.
Il dépensait moins
L’une des missions de la Banque du Canada est d’intervenir sur ses taux d’intérêt, si nécessaire, pour maintenir l’inflation dans une fourchette de 1 % à 3 % par année. Cependant, ce seuil a été dépassé en avril 2021 et n’a cessé d’augmenter depuis, atteignant 5,1 % en début d’année. « Notre objectif est de ramener l’inflation au niveau cible de 2 % et de soutenir un atterrissage en douceur de l’économie. […]. Il est absolument nécessaire de rétablir la stabilité des prix. » — Une citation de Tiff Macklem, gouverneur de la Banque du Canada Une hausse des taux a des implications pour les particuliers et les entreprises qui paient plus d’intérêts sur leurs hypothèques et autres prêts, ce qui a pour effet de décourager les emprunts, de réduire les dépenses et de freiner l’inflation, explique la BDC. La hausse des taux d’intérêt incite donc les gens à épargner davantage et à dépenser moins, ce qui ralentit l’économie, ajoute l’agence. Démarrez le widget. Omettre le widget ? Fin du widget. Revenir en haut du widget ? En 2022, le taux directeur a subi trois augmentations précédentes : de 0,25 % le 2 mars, de 0,50 % le 13 avril et d’un autre demi-point de pourcentage le 1er juin. Cette nouvelle augmentation d’un point représente la plus importante depuis août 1998. La demande étant forte, les entreprises répercutent la hausse des coûts des intrants et de la main-d’œuvre sur les consommateurs en augmentant les prix, a déclaré la banque. Lors d’une conférence de presse à Kingston, en Ontario, le premier ministre Justin Trudeau a réagi au resserrement des taux directeurs en le liant à l’annonce de la journée, un investissement majeur pour construire une nouvelle usine de batteries de véhicules électriques. L’une des meilleures choses que nous ayons à faire est de créer de bons emplois et de créer de la croissance économique, a répondu M. Trudeau, et c’est exactement ce que nous démontrons ici malgré les défis dans le monde. […]la pandémie, la crise climatique et d’autres problèmes tels que la guerre en Ukraine. Le calendrier de la BDC prévoit un autre possible ajustement du taux directeur le 7 septembre.
Trop tard
Médecine pas si heureuse pour certains, économie de la boîte pour d’autres… Les économistes interrogés par Radio-Canada qualifient la hausse du taux directeur de mal nécessaire tout en attisant les craintes d’une récession. Aux yeux du sénateur Clément Gignac, ancien économiste en chef de iA Groupe financier et de la Banque Nationale, le Canada était trop tard pour augmenter les taux d’intérêt. Hausse du taux directeur à 2,5%, [ça reste] encore très très faible, explique-t-il dans une interview à l’émission Midi info, à ICI Première. Ses prévisions tablent sur une hausse du taux directeur à 4 % d’ici l’an prochain. Des taux d’intérêt à 0% ne sont pas normaux, ajoute-t-il. Les banques centrales ont eu tort d’attendre trop longtemps […] Si nous laissons l’inflation s’installer, nous connaîtrons une récession plus sévère. « Une inflation plus élevée entraîne des inégalités sociales. Les plus pauvres sont les plus touchés, quand on sait que le panier d’épicerie coûte plus cher pour les moins nantis. » — Une citation de Clément Gignac, sénateur et économiste Jimmy Jean, économiste en chef du mouvement Desjardins, estime lui aussi que les conditions actuelles justifient pleinement la fin des mesures de relance monétaire. La Banque du Canada se livre à un exercice de persuasion morale, commente M. Jean à RDI. L’annonce visait à rassurer les ménages et les entreprises sur le fait que nous sommes agressifs, que nous finirons par prendre le dessus, a-t-il déclaré. Cependant, l’économiste s’attend à ce que cette hausse soudaine du taux directeur reste extraordinaire. Il y a une limite à laquelle la Banque du Canada voudra frapper l’économie au risque de déclencher une récession, prédit-il. Contestant une autre perspective, l’économiste Clément Gignac constate qu’une récession passagère non accompagnée d’une hausse du taux de chômage serait néanmoins moins dommageable qu’une inflation persistante. Les banques centrales n’ont pas hésité à induire des récessions pour casser l’inflation, comme de 1980 à 1982, 1990, 2000 ou encore 2008.