Dès l’ouverture du rideau, les téléspectateurs auront la surprise de retrouver un décor similaire à celui de la mythique série télévisée. La porte d’entrée ornée de ses vitraux colorés, l’escalier menant aux chambres, la petite table ronde au milieu du hall et le salon avec le lavabo sont identiques. C’est comme revenir à la fin des années 1970. La nouvelle version, écrite par Pierre Huet et Louis Saia, reprend avec succès les codes établis par l’auteur original, Marcel Gamache, et se veut le 270e épisode de la saga. MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI
On retrouve sur scène les personnages hauts en couleur qui ont habité la maison louée de Madame Sylvain (Michelle Labonté), où Symphorien (François Chénier) travaille comme portier, toujours flanqué de son frère Éphrem (Martin Héroux). Alors que le beau docteur Jetté retourne à la retraite, Mademoiselle Lespérance (Nathalie Mallette) reste une vieille fille et cherche désespérément l’amour, alors même qu’Oscar Bellemare (Patrice Coquereau), le roi des cérémonies, s’obstine dans son dos. la douleur. Madame Sylvain, quant à elle, entretient une relation ambiguë avec le curé de Dolbeau, ancien amour de jeunesse, tandis que la turbulente Agathe Lamarre, belle-mère de Symphorien, s’installe dans la maison avec son chat, après une liposuccion des jambes. . . Comme dans la série télé, l’intrigue est mince et on s’en tient au festival des jeux de mots simples et basiques, mais ça marche à chaque fois : « Vous avez de bonnes conditions de travail. Tu es payé si tu travailles ! », « Nous ne pouvons pas nous permettre d’être pauvres » ou encore « Je boirai du lait quand les vaches mangeront du raisin » sont quelques-unes des répliques mémorables de la soirée. MARIO BEAUREGARD/AGENCE QMI
L’intérêt de cette production réside avant tout dans l’excellente prestation des acteurs, qui ont compris l’essence de la série originale. Nathalie Mallette incarne une Mademoiselle Lespérance plus libidineuse que jamais, avec un sens du timing parfait. Chacune de ses apparitions est délicieuse. Patrice Coquereau donne aussi une performance incroyable, tant dans le burlesque d’Oscar Bellemare que dans les traits hilarants d’Agathe Lamarre, auxquels il donne un caractère encore plus agressif et vengeur. Quant à François Chénier, il est tout simplement époustouflant dans sa ressemblance avec Gilles Latulippe, qui incarnait ce personnage dans la série. Tout y est : sa démarche, son habitude de balancer ses jambes, ses mains dans ses poches, ses gestes et sa façon de parler. La mise en scène de Louis Saia et Pierre Séguin est efficace et sans temps mort, même si l’histoire s’étire parfois un peu. Les nostalgiques y trouveront leur compte. Les plus jeunes ou ceux qui n’ont pas connu la série seront éblouis par tant de talent. Le spectacle de théâtre Symphorien est définitivement un incontournable de l’été.