Posté à 10h10  Mis à jour à 10h50

Indépendants ou salariés ?

Depuis sa création, Uber a extorqué de la main-d’œuvre à des dizaines de pays.
Le géant américain, qui défend avec force le recours au statut d’indépendant, est sommé d’accorder le statut de salarié ou de s’en approcher.
En 2021, la justice britannique a mis fin à un procès de cinq ans exigeant qu’Uber garantisse un salaire minimum et des congés payés à ses chauffeurs. Une première mondiale. Deux mois plus tard, un accord “historique” permet aux 70 000 chauffeurs d’Uber d’être représentés par un syndicat.
Les juridictions française et néerlandaise estiment peu après que les chauffeurs ont conclu un contrat de travail.
En 2019, la Californie considère les conducteurs de covoiturage comme des employés. Uber contre-attaque en 2020 en approuvant le statut d’indépendant pour les chauffeurs par référendum. Mais un juge déclare que le référendum est inconstitutionnel. Uber est attractif. Après un redressement fiscal salé au Danemark, la plateforme de réservation est poursuivie pour complicité d’activité illégale et paie en 2020 une amende de 3,3 millions d’euros pour éviter un procès. En France, Uber fait également l’objet d’une enquête pour “travail d’infiltration” depuis 2015.

Harcèlement

En 2017, Uber, accusé de tolérer une culture de sexisme, de violence et de débauche, a lancé une vaste enquête interne. Le co-fondateur Travis Kalanick doit démissionner pour avoir encouragé des pratiques de gestion brutales.
Vingt employés ont été licenciés après 215 plaintes d’inconduite et d’intimidation d’employés dans le monde entier.
En Inde, un cadre supérieur est licencié pour avoir tenté de discréditer le témoignage d’une femme qui a été violée par un chauffeur en 2014 en détournant son dossier médical. En 2018, Uber affirme avoir abandonné la médiation dans les affaires d’agression ou de harcèlement sexuel, une voie qu’il a préférée au contentieux.
La même année, un ancien ingénieur a déposé une plainte à San Francisco pour s’être vu refuser une augmentation et une promotion après avoir signalé des cas de discrimination et de harcèlement sexuel à l’égard des femmes dans l’entreprise. Il aurait renoncé à un accord de règlement confidentiel qui voit Uber verser 10 millions de dollars à plusieurs de ses employés pour éviter des poursuites judiciaires.

Espionnage industriel

En 2017, la justice américaine enquête sur des soupçons de corruption étrangère et d’utilisation de logiciels illégaux pour espionner la concurrence ou échapper au contrôle des autorités.
Uber a mis en place “une stratégie sophistiquée pour détruire, dissimuler, camoufler et falsifier des dossiers ou des documents afin d’empêcher ou d’entraver les enquêtes gouvernementales”. […]explique le bureau du procureur américain.
L’ancien responsable de “l’information” d’Uber affirme ensuite avoir reçu 4,5 millions de dollars pour ne pas diffamer l’entreprise.
Début 2018, Waymo, une filiale de Google, l’a accusé d’avoir volé des secrets technologiques liés à la conduite autonome. Uber, qui s’est lancé dans ce nouveau domaine, doit arrêter ses essais sur la voie publique pendant plusieurs mois après la mort d’un piéton percuté par une voiture autonome qu’Uber testait en Arizona en mars 2018.
Pour régler le procès, Uber paie à Waymo 245 millions de dollars.

Violation de données

En novembre 2017, Uber révélait que les données de 57 millions de ses utilisateurs, clients ou chauffeurs avaient été compromises. L’entreprise, notifiée en novembre 2016, a payé 100 000 $ aux pirates pour qu’ils se taisent.
En 2018, la France a infligé une amende de 400 000 € à Uber pour avoir dissimulé ce piratage. L’entreprise doit également payer deux amendes de plus d’un million d’euros aux Pays-Bas et au Royaume-Uni. En 2020, l’ancien chef de la sécurité Joseph Sullivan est poursuivi par la justice américaine.

Les pilotes se sont soudainement déconnectés

En juillet 2021, Uber a ajouté une annexe à ses conditions d’utilisation, précisant qu’il “peut restreindre de manière permanente” l’accès à l’application “sans raison à tout moment”.
Les chauffeurs qui travaillent avec Uber depuis des années sont soudainement bannis de l’application sans justification.
La plateforme prend en charge les documents non conformes (permis, carte VTC, etc.), la fraude (location de compte), mais aussi les “raisons de sécurité”, comme les agressions physiques ou verbales signalées par les clients.