Vous êtes-vous déjà demandé, comme Nicolas, un jeune de 14 ans de Dieppe, pourquoi il y a si peu de différence entre la température corporelle normale et la température d’une fièvre ? Pourquoi cette différence est-elle suffisante pour nous faire sentir si mal lors d’un épisode de fièvre ? Pour le savoir, Dr. Ghislain Lavoie, président du Collège des médecins de famille du Nouveau-Brunswick, a accepté de parler à Question de Science. L’hypothalamus, le thermostat du corps Pour comprendre pourquoi nous avons de la fièvre et ce qui nous rend malades, nous devons d’abord savoir comment notre corps parvient à maintenir la température corporelle. Quel que soit l’environnement dans lequel nous nous trouvons, le thermostat du corps humain, une zone du cerveau appelée hypothalamus, est réglé à 37 degrés Celsius. C’est cette structure qui surveille la température de notre corps grâce à de nombreux thermorécepteurs situés à divers endroits, notamment à la surface de la peau. Lorsque ces thermomètres affichent une température inférieure à 37 degrés, l’hypothalamus s’active, indiquant par exemple à nos muscles de frissonner pour nous réchauffer. À l’inverse, s’il fait trop chaud, le thermostat entre en action pour provoquer la transpiration, l’un des nombreux mécanismes dont nous disposons pour nous rafraîchir. « Pendant la journée, la température varie un peu, mais le thermostat est réglé à une température normale et le corps fonctionne pour maintenir la température près de la valeur du thermostat », explique le Dr Ghislain Lavoie. En réponse au danger, la fièvre Lorsque nous sommes exposés à un danger potentiel, par exemple lors d’une infection bactérienne ou virale, les cellules de notre système immunitaire donnent l’alerte, notamment en produisant des cytokines. Ceux-ci agiront comme des messagers pour transmettre un message à l’hypothalamus, qui à son tour produira une hormone, une forme de prostaglandine, capable d’augmenter la valeur indiquée par le thermostat, ce qui provoque une fièvre. “Au lieu d’être réglé à 37 degrés Celsius, le thermostat indique que la température doit monter à 38 ou 39. Le corps réagira parce que la température corporelle ne correspond pas à la valeur du thermostat, donc l’activité métabolique augmentera, il y aura une diminution de la diffusion de la chaleur à travers la peau, le tout pour élever la température. Cela explique aussi la sensation de froid quand on a de la fièvre. Les frissons et les tremblements de nos muscles associés à la fièvre visent à nous réchauffer pour amener la température corporelle de 37 degrés Celsius à la nouvelle valeur fixée par l’hypothalamus, généralement supérieure à 38 degrés. Un mécanisme de défense Bien que la fièvre soit mal connue des scientifiques, l’hypothèse est que l’augmentation de la température corporelle permet de mieux se défendre en cas d’infection. “Nous ne sommes pas sûrs à 100%, mais on pense qu’une chaleur accrue a le potentiel de limiter la production et la croissance de virus et de bactéries, tout en augmentant l’efficacité et la rapidité de notre réponse immunitaire.” dit le Dr Lavoie. Si la fièvre a l’avantage de nous protéger d’un agresseur, elle a aussi pour effet de nous rendre malade. L’activité métabolique accrue du corps causée par la fièvre entraîne une plus grande consommation d’oxygène et une production de dioxyde de carbone par nos cellules. Le rythme cardiaque et la respiration s’accélèrent. “Tout cela provoque un stress dans le corps et donc vous vous sentez mal. Dès que le thermostat dit que la température est réglée sur 38 ou 39 degrés et non sur 37, c’est une situation anormale pour notre corps, il n’y est pas habitué, donc il suffit d’un écart de température pour se sentir mal », explique Ghislain Lavoie.