Vendredi, dans notre chronique Make a Difference, il expliquait sa décision de plonger dans l’arène politique pour faire avancer la cause de l’indépendance. Son attrait était frappant par sa sincérité, son idéalisme, sa largeur d’opinion, son appel à tout ce qu’il y a de meilleur dans le peuple québécois. phrase de passe De nombreux lecteurs l’ont félicité et encouragé, mais ici, je suis principalement intéressé par les commentaires négatifs. Je m’y intéresse parce qu’ils étaient merveilleusement représentatifs d’une pensée commune. Allez les lire et vous verrez où je veux en venir. Les opposants à la position de M. Brillant n’ont pas beaucoup vanté les mérites du Canada. Au lieu de cela, ils ont insisté sur le fait que le projet d’indépendance serait désuet, qu’on perdrait telle ou telle grandeur fédérale, qu’on ne pourrait pas se passer d’Ottawa. Il existe des réponses parfaitement raisonnables à toutes ces questions. Les nations déjà indépendantes semblent-elles penser que leur propre indépendance est désormais révolue ? Si l’équation est payante au Québec parce qu’il est moins riche que la moyenne canadienne, est-ce si avantageux d’adhérer à cette fédération? La planète n’a-t-elle pas beaucoup de petites nations prospères ? Cependant, c’est la même vieille histoire depuis des décennies : je ne peux pas, je ne peux pas, je ne peux pas… Cette dégradation masochiste de nos capacités s’est avérée indéniablement efficace. Comment expliquer son succès continu ? Personne ne l’a mieux expliqué que Camille Laurin : « Le destin, dit-il, a voulu que le Québécois naisse et soit élevé sous le signe de l’ambiguïté et de l’ambivalence, ce qui fait de lui un être confus, tourmenté, déchiré contre lui-même, incapable d’intégrer les éléments de sa riche personnalité, d’harmoniser ses ambitions. et son action, écrire ses rêves dans la réalité, secouer la tutelle, surmonter ses peurs, affronter l’inconnu à ses risques et périls, assumer pleinement sa liberté, son histoire et son existence”. Corrigez soigneusement. Tout est là, jamais mieux : ambiguïté, confusion, doute, peur, paralysie. Face au choix entre risque et sécurité, un homo kebekensis psychologiquement structuré choisira la sécurité plutôt que l’audace et la transcendance. D’ailleurs, si Camille Laurin et Jacques Parizeau ont provoqué une telle haine viscérale, infiniment plus que René Lévesque, c’est parce que leurs adversaires ont vu que ces deux Québécois ne craignaient rien ni personne. Ils ne correspondaient pas à l’image classique du Québécois réduit par le doute, la peur, l’hésitation, visant bas. Ils n’avaient même pas besoin de crier. Ils se sont assumé complètement, sans le moindre complexe, avec calme et confiance en eux. Survivre La CAQ sera réélue parce que les Québécois la trouvent rassurante et parce que les autres partis ne sont pas prêts à gouverner. Mais la CAQ demeure un projet politique à court terme. Je trouverais tragique que le PQ, le seul parti qui ait maintenu en vie l’idéal dominant, meure.