Le professeur Pierre-Edouard Fournier, infectiologue, va remplacer le controversé Didier Raoult à la tête de l’Institut hospitalo-universitaire (IHU) Infection Méditerranée à Marseille, au centre de nombreuses polémiques depuis deux ans autour du Covid-19, a-t-il annoncé mercredi. . , le 13 juillet l’IHU.
Malgré les réserves, notamment exprimées par les syndicats qui doutaient de la capacité de cette nomination interne à conduire à un réel changement, les administrateurs ont finalement entériné le choix d’un comité créé spécifiquement pour cette succession et présidé par l’ancien patron de Renault, Louis Schweitzer. Les trois représentants de l’État se sont abstenus, a déclaré un membre du conseil qui s’est exprimé sous couvert d’anonymat.
Lire aussi : L’article est destiné à nos abonnés Le choix du successeur de Didier Raoult à la tête de l’IHU fait polémique
Aix-Marseille Université, l’un des six membres fondateurs de l’IHU, « prend acte de cette nomination » : « Nous restons vigilants et les visites du CHSCT [comité d’hygiène, de sécurité et des conditions de travail] ça va continuer”, a commenté son président, Eric Berton, dans une interview qu’il a accordée à l’Agence France-Presse. “Échec et mat”, a réagi Didier Raoult sur Twitter.
Échec et mat.
— raoult_didier (@Didier Raoult)
« Aujourd’hui, il existe un outil extraordinaire fabriqué par un homme extraordinaire. Son remplacement a été compliqué, après deux ans de tourmente. L’IHU doit retrouver sa crédibilité scientifique et internationale”, a expliqué un autre membre du conseil d’administration, le président de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur, Renaud Muselier. “Le passé est le passé, maintenant l’IHU regarde vers l’avenir”, a déclaré Michèle Rubirola, première adjointe au maire de Marseille en charge de la santé, à l’issue de la réunion.
Responsable du laboratoire de tests PCR
Biologiste médical, le professeur Fournier s’est illustré en dirigeant le laboratoire de tests PCR à grande échelle que l’IHU de Marseille avait réussi à mettre en place une fois l’épidémie de Covid-19 arrivée en France. Au sein de l’institut, il est membre du groupe Vitrome – pour « Vecteurs, infections tropicales et méditerranéennes » – qui surveille les maladies infectieuses. Il est également responsable des plateformes de séquençage et de la biobanque de l’IHU. Sous la direction de Didier Raoult il soutient en 1999 sa thèse consacrée à l’étude des rickettsies, bactéries intracellulaires à l’origine, entre autres, du typhus. Compte tenu des “liens” que Pierre-Edouard Fournier entretient avec Didier Raoult, le CHSCT d’Aix-Marseille Université a annoncé mardi “désapprouver” ce choix. Pour le comité, le professeur Fournier “ne signifie pas une rupture dans la voie de la gouvernance” et ne garantit pas “un avenir apaisé en termes de crédibilité scientifique et médicale”.
Didier Raul accusé de “charlatanisme”
Présidé par le professeur Raoult depuis sa création en 2011, l’IHU était secoué depuis plus de deux ans par d’incessantes polémiques. Celles-ci se sont cristallisées notamment autour de la figure hypermédiatique de son directeur, accusé de “mauvaise foi” par certains de ses pairs pour avoir promu, sans validation scientifique, un traitement du Covid-19 à l’hydroxychloroquine.
Lire aussi Article destiné à nos abonnés Poursuivi pour « charlatanisme », le professeur Didier Raoult écope d’une sanction symbolique
En décembre, il a été réprimandé par l’ordonnance des médecins pour avoir partagé “des informations qui ne reposaient sur aucune preuve confirmée”. Cependant, les accusations de “charlatanisme” ont été rejetées, ainsi que celles de prise de “risques indus” pour les patients.
Lire le résumé : L’article est pour nos abonnés Des inspections menées à l’IHU du professeur Raoult révèlent “de graves manquements éthiques”
Le monde avec l’AFP