Posté à 17h00
                Vincent Larin La Presse             

Aucune tentative n’a jamais été faite pour capturer un ours polaire à l’état sauvage dans le sud du Québec, confirmant les deux seules installations détenant ces animaux en captivité dans la province, le Zoo de Saint-Félicien et l’Aquarium de Québec. Même en milieu contrôlé, cette opération demande beaucoup de préparation et d’équipement, explique Catherine Rousseau, conservatrice à l’Aquarium de Québec, qui héberge deux échantillons. Elle a également précisé avoir fait moins de trois anesthésies sur ces bêtes depuis sa prise de fonction en 2010, et un seul transfert de ces bêtes. “Ce qu’il faut garder à l’esprit, c’est que toute anesthésie comporte un risque. […] Il faut un plan A et un plan B, si l’anesthésie n’est pas assez forte”, souligne-t-il.

Possible, mais envisageable ?

Capturer puis transporter un ours polaire en liberté, “nous n’avons jamais vu ni participé à une telle opération”, a déclaré Lauraine Gagnon, directrice générale du Zoo de Saint-Félicien. Complexe et dangereuse “j’approche”. “Disons qu’ils parviennent à endormir l’ours avec un appareil assez puissant. Rapidement, il faut compiler tous ses paramètres. “S’il n’y a qu’un cadre que l’on ne marque pas, on ne peut pas faire cette opération”, ajoute-t-il, notant le risque que l’animal se réveille plus vite que prévu. Respirateur, matériel d’intubation, quantité exacte de sédatifs, sans oublier le tracteur ou la cage d’écrasement nécessaires pour transporter un ours polaire – qui peut peser trois fois plus qu’un ours noir – tout le matériel n’était pas disponible à la Protection de la faune lorsqu’il est intervenu à le stade samedi dernier. Selon le commandant de la Conservation de la faune du Sud-Est du Québec, Sylvain Marois, qui défend la décision de son organisation d’abattre l’ours, le faire venir de Saint-Félicien ou de Québec serait « possible, mais possible ; » PHOTO SOPHIE BONNEVILLE, AGENCE FRANCE-PRESSE L’ours polaire a été aperçu samedi en Haute-Gaspésie “Nous parlons d’un animal qui se promène librement dans un village. L’animal a été tué à environ 50 mètres de la route 132. Si les policiers ne sont pas avec nous pour fermer le secteur, un résident peut passer, arrêter son véhicule, sortir avec sa caméra. “Si l’ours le considère comme un danger, alors nous parlons plus de la même chose.”

Vivre avec l’ours polaire

À Churchill, au Manitoba, pendant ce temps, les autorités traitent une soixantaine de signalements d’ours polaires par an en moyenne sans avoir à tuer un spécimen en 10 ans. Ian Van Nest, agent de protection du gouvernement du Manitoba, explique le fonctionnement du programme Polar Bear Alert, une ligne ouverte qui alerte les agents de la faune – 24 heures sur 24 – de la présence d’un ours polaire à Churchill. “Selon la zone où se trouve l’ours – s’il est proche de la ville – la police essaiera de l’effrayer avec des alarmes ou des véhicules. Pour les autres zones plus éloignées, les agents ne les approcheront pas à moins qu’ils ne constituent une menace pour la sécurité publique. » PHOTO STÉPHANIE MORIN, ARCHIVES LA PRESSE Un gros piège pour attraper des ours polaires, à Churchill, en 2016 Malgré ces techniques pour les éloigner, certains ours polaires finissent toujours par entrer dans la ville. Dans ce cas, ils peuvent être étourdis ou capturés à l’aide de gros pièges puis transportés par hélicoptère à l’aide de grands filets, explique Ian Van Nest. Ils sont ensuite placés dans un bâtiment d’isolement avant d’être relâchés.

menaces mortelles

Sylvain Marois a confirmé avoir reçu des menaces de mort de la part d’un internaute qui effectuait une opération d’abattage d’animaux en Gaspésie, choqué par la mort tragique de l’animal perdu. J’ai reçu des messages disant que je devais être pendu haut et fort sur la place publique. Sylvain Marois, gouverneur de la Conservation de la faune du Sud-Est du Québec Confirme qu’il y aura un examen rétrospectif de l’entreprise avec la participation de différents acteurs. Dans le contexte où ce genre d’événement est certain de se répéter selon plusieurs experts, la création d’un protocole d’intervention auprès des grands prédateurs devrait être envisagée, a-t-il dit. “Même dans les films, [un ours polaire en Gaspésie], je pense que ce serait tiré. Cela reste très accidentel, très inhabituel », affirme le commandant.

Une situation destinée à se répéter

Mais la venue d’ours polaires dans le sud de la province pourrait devenir plus fréquente, selon Daniel Pagé, directeur de la conservation et de l’éducation au Zoo de Saint-Félicien. “Quand on pense au changement climatique, la banquise est là moins longtemps au cours de l’année et les ours en dépendent. “Avec leur territoire qui se rétrécit, cela pourrait potentiellement causer de tels cas.” Selon l’expert, l’hypothèse la plus probable pour expliquer la présence de cet ours en Gaspésie serait qu’il ait été emporté ou promené au large des côtes du Labrador.

apprendre encore plus

			5350 Nombre d’ours polaires dans les trois sous-populations du Québec, soit celles du bassin Fox (environ 2300 personnes), du sud de la baie d’Hudson (environ 800 personnes) et du détroit de Davis (environ 2250 personnes) 			 			SOURCE : Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 		   				400 à 600 kg Poids normal d’un ours polaire mâle adulte, bien qu’il puisse peser jusqu’à 800 kg 			    			SOURCE : Fédération canadienne de la faune 		  


		SOURCE : Ministère des Forêts, de la Faune et des Parcs 		
		SOURCE : Fédération canadienne de la faune