Mis à jour hier à 19h34.
                Mélanie Marquis La Presse             

(Ottawa) Le Canada accorde à Siemens la permission de contourner les sanctions imposées au régime de Vladimir Poutine. Il lui a donné le feu vert samedi pour envoyer des turbines en réparation à l’usine de Dorval qui, selon l’Allemagne, assureraient le fonctionnement du gazoduc Nord Stream 1. L’exception est susceptible d’irriter l’Ukraine, qui a fait pression pour persuader Ottawa de ne pas baisser les bras, sapant ainsi l’unité entre les alliés occidentaux sur le régime de sanctions actuel contre Moscou. L’Allemagne, pour sa part, prêchait le contraire. Le Canada se retrouve donc entre le marteau et l’enclume, obligé de choisir entre deux alliés importants et de déplaire à l’un d’eux. Cependant, la balance a penché en faveur de Berlin. « Le Canada accordera à Siemens Canada une licence révocable et limitée dans le temps pour permettre aux turbines Nord Stream 1 réparées de retourner en Allemagne », a déclaré le ministre des Ressources naturelles, Jonathan Wilkinson. Sans l’approvisionnement nécessaire en gaz naturel, l’économie allemande sera confrontée à des difficultés très importantes et les Allemands eux-mêmes pourraient ne pas être en mesure de chauffer leurs maisons à l’approche de l’hiver. Jonathan Wilkinson, ministre des Ressources naturelles Au passage, il accuse le Kremlin de tenir l’Europe en otage à l’approche des mois d’hiver et de chercher à « exploiter l’instabilité qu’ils ont créée pour justifier de déstabiliser davantage la sécurité énergétique européenne ». Malgré l’exemption accordée, le gouvernement canadien « continuera de travailler en coordination avec [ses] alliés et partenaires pour imposer des coûts importants au régime russe », et continuera d’imposer des sanctions à Moscou, a assuré le secrétaire Wilkinson.

Turbine ou turbines ?

Jusqu’à très récemment, c’était turbine au singulier. Le samedi au gouvernement, nous avons utilisé le pluriel. Une source qui a requis l’anonymat pour s’exprimer plus librement a mis son numéro à “moins de dix”. La même source a également déclaré que la licence envoyée au canadien Siemens est révocable “à tout moment” et expirera une fois que les turbines arriveront en Allemagne.

“Cédez au chantage russe”

Le Congrès des Ukrainiens canadiens a sévèrement critiqué cette démission comme un signe de « capitulation face au chantage russe », qui aidera « les caisses du budget de l’État russe à continuer d’être remplies d’argent européen qui servira à financer le génocide russe contre le peuple ukrainien”. De plus, “en acceptant la demande de l’Allemagne, le Canada violera non seulement la politique d’isolement de la Russie, mais créera un dangereux précédent qui conduira à un affaiblissement du régime de sanctions imposé à la Russie”, a protesté la présidente du groupe, Alexandra Chyczij. , Samedi. L’ambassadrice d’Ukraine à Ottawa, Yulia Kovalev, a exhorté Ottawa vendredi à assurer “le respect du régime de sanctions actuel”, faisant référence à ce dossier. La réaction de Kiev à cette concession sera publiée dimanche, a indiqué la mission ukrainienne. Le président ukrainien Volodymyr Zelensky a montré la porte samedi à son ambassadeur à Berlin, ainsi qu’à ceux d’une poignée de pays, dont l’Inde, la Hongrie et la République tchèque. Les raisons de ces licenciements n’ont pas été précisées. Le propriétaire et exploitant du pipeline de 1 200 kilomètres reliant la Russie et l’Allemagne, Gazprom, figure sur la liste canadienne des entreprises visées par des sanctions économiques. La société a fait valoir qu’en l’absence de cet équipement, une baisse de volume serait inévitable. Cette version est contestée par les autorités allemandes, qui y voient un stratagème utilisé par Moscou pour faire pression sur l’Europe. L’entreprise n’a pas répondu à un courriel envoyé par La Presse samedi.

Annonce de nouvelles sanctions

Comme pour adoucir la pilule, la ministre canadienne des Affaires étrangères Mélanie Joly a annoncé samedi l’intention du gouvernement Trudeau d’imposer de nouvelles sanctions économiques “contre des secteurs économiques clés” à la Russie. La nature exacte des sanctions n’a pas été annoncée, mais l’industrie est particulièrement visée. Les sanctions s’appliqueront “aux transports terrestres et aux pipelines ainsi qu’à la fabrication de métaux et de transport, aux ordinateurs, aux équipements et machines électroniques et électriques”, indique le communiqué publié par le cabinet. Une fois ces mesures entrées en vigueur, les entreprises canadiennes auront 60 jours pour conclure des contrats avec les industries et les services concernés, précise-t-il également.

apprendre encore plus

			1600 Nombre de sanctions imposées à des individus et entités russes par le Canada depuis l’annexion illégale de la Crimée en 2014 			    			Source : GOUVERNEMENT DU CANADA 		  


		Source : GOUVERNEMENT DU CANADA