Nos émissions de gaz à effet de serre, produites lorsque nous brûlons du charbon, du gaz naturel ou du pétrole pour nous déplacer, nous loger ou nous nourrir, ont rendu ces vagues de chaleur “plus fréquentes et plus intenses”, a averti le GIEC dans son dernier rapport. “On va être, je pense, dans le top 1 ou le top 2 des canicules jamais enregistrées [en France hexagonale]étant très proche de 2003 », estime Christophe Cassou de la vague actuelle, notant que des incertitudes subsistent sur la durée de cet épisode. Où placer la fameuse canicule de 2003 parmi les dizaines de canicules qui ont frappé notre pays depuis 1947 ? Quelles ont été les périodes les plus chaudes et les canicules les plus longues depuis l’après-guerre ? Pour vous aider à y voir plus clair, franceinfo explore notre passé flamboyant en matière de graphisme.

Plus de la moitié des vagues de chaleur ont été enregistrées depuis 2006

C’est l’une des manifestations les plus nettes du réchauffement climatique en France. Depuis 1947, notre pays a connu 44 canicules sur tout le territoire et en est aujourd’hui à sa 45e, la deuxième en moins d’un mois. Celles-ci sont de plus en plus courantes : au cours des 16 dernières années (depuis 2006), il y en a eu plus qu’au cours des six décennies précédentes.

Intensité record en 2019

Pour identifier une vague de chaleur, Météo France utilise l’indice national de chaleur, la température moyenne relevée sur 30 stations météorologiques à travers la France. On parle de “canicule” lorsque la température moyenne est supérieure ou égale à 25,3°C pendant 24 heures, supérieure à 23,4°C pendant au moins trois jours et toujours supérieure à 22,4°C tout au long de l’épisode. Les plus intenses, en juillet 2019 et août 2003, ont dépassé 29°C en une journée.

Le plus grand en juillet 1983

La canicule de 2003 n’est pas la plus longue enregistrée par Météo France, même si elle est sur le podium (16 jours, égal à juillet 2018). Le record a été battu en 1983, avec une vague de chaleur qui a duré 23 jours. Cependant, cet épisode a été beaucoup moins intense qu’en 2019 ou 2003, avec une température moyenne de 26,3°C. Au-delà de ces périodes historiques, la tendance est à la hausse. Entre 1947 et 1991, il y avait en moyenne deux jours de haute température par an. Un pourcentage qui passe à 6,2 sur la période 1992-2007 et à 7,5 sur la période 2007-2021.

La catastrophe sanitaire de 2003

Si la canicule de 2003 a refroidi les esprits, c’est parce qu’elle a été de loin la plus meurtrière. Selon les données de la Santé publique française, 15 209 décès en surnombre ont été enregistrés durant ces chaudes journées d’août. C’est nettement plus qu’en 2019 (1 462), à intensité comparable mais beaucoup plus courte (6 jours contre 16). Le plan canicule, mis en place après 2003, explique aussi cette réduction drastique du nombre de décès. Pourtant, les étés récents ne sont pas sans répercussions : il y a eu 1 624 décès en 2018 et 1 903 en 2020.