Posté à 8h00
                Simon Chabot La Presse             

« Pour l’instant, il n’y a pas foule, mais ça va aussi », note Joëlle Ross, directrice générale de Tourisme Gaspésie. On attendait qu’il tombe. On a vraiment eu de la chance dans l’est du Québec pendant les deux années de la pandémie, on a eu de très, très bons étés. Complètement fou, même. » En 2020, des visiteurs contraints de camper sauvagement sur les plages de la Gaspésie ont provoqué un tollé dans la région. On ne s’ennuie jamais de telles situations là-bas. “Les réservations ont commencé très tôt ce printemps, ça se passe bien, certaines places sont pleines, d’autres non”, poursuit Mme Ross. Et l’important n’est pas le nombre de visiteurs, mais les retombées financières. Si nous avons quelques personnes de moins, mais qu’elles restent avec nous plus longtemps et sont plus heureuses, cela vaut plus. »

Bonne saison

« Ce que nous voyons en ce moment est plus fort que 2019, mais certainement moins que 2021 », observe Paul Lavoie, directeur général de Tourisme Côte-Nord. « Partout sur la Côte-Nord, mais aussi autour, selon ce qu’on entend, il y a une baisse de 15 % à 20 % de la circulation », estime David Bédard, coordonnateur aux affaires chez l’exploitant de camping Mer et monde écotours. – plein pour l’été – et propose des sorties en kayak de mer – un peu moins populaires qu’il y a quelques années – aux Bergeronnes, près de Tadoussac. L’histoire est similaire dans le Bas-Saint-Laurent et Charlevoix, où l’affluence est moins exceptionnelle que les deux derniers étés. « On sent un ralentissement », confirme Tony Charest, directeur général de la SEBKA, qui offre du camping, de l’escalade, de la randonnée et du kayak de mer à Saint-André-de-Kamouraska, Bas-Saint-Laurent. Cependant, ce retour à des chiffres comparables aux étés pré-pandémiques est pour lui un soulagement. “C’est comme respirer au lieu de courir”, dit-il. L’année dernière, nous avions réservé un mois à l’avance. Pour être honnête, survivre 15 ans comme ça serait insupportable. La qualité du service en aurait souffert. Il faut donner des vacances aux gens, avec nos problèmes de travail… Tony Charest, directeur général de SEBKA « À l’approche des vacances de la construction, la plupart de nos entreprises touristiques nous annoncent qu’elles ne seront pas complètes avant la fin de l’été », a déclaré Michèle Moffet, directrice générale adjointe de Tourisme Charlevoix. PHOTO HUGO-SÉBASTIEN AUBERT, ARCHIVES LA PRESSE En 2020, des visiteurs contraints de camper sauvagement sur les plages de la Gaspésie ont provoqué un tollé dans la région.

Le phénomène météorologique

L’ouverture des frontières, la fin de certaines mesures incitatives, comme les forfaits Explore Québec (qui reviendront pour la saison hivernale) et la hausse du prix du gaz naturel, expliquent en partie la baisse du tourisme, disent des observateurs interrogés de La Presse. Mais le mauvais temps du début de l’été a aussi joué un rôle. « Les conditions n’étaient pas très bonnes, a dit Paul Lavoie de Tourisme Côte-Nord. Les humains sont présents sur le territoire, mais un peu moins audacieux, et nos opérateurs souffrent. » « Il n’a pas fait chaud en juin en Gaspésie, il y a eu du vent, il a plu, mais ce n’est pas à cause d’un mauvais mois qu’on aura un mauvais été », estime Joëlle Ross, de Tourisme Gaspésie. Le retour des européennes en août, septembre et même octobre pourrait avoir un impact positif sur la suite de la saison, estime Nathalie Blouin, directrice générale de Québec maritime, un organisme qui fait la promotion de la Gaspésie, de la Côte-Nord, du Bas-Saint-Laurent et la Madeleine. Îles avec clients hors Québec. Déjà en juin, 33 % des visiteurs de Percé provenaient de l’extérieur de la province. C’est un changement par rapport à l’an dernier où 98 % des touristes venaient du Québec. Nathalie Blouin, directrice générale de Québec Maritime Jusqu’à présent, les vols à 500 $ en vigueur depuis le 1er juin ne semblent pas avoir attiré plus de voyageurs, du moins sur la Côte-Nord. « Ce programme pourrait être très bénéfique à long terme pour la région, mais actuellement, on entend plus parler de vols annulés que d’affluence grâce à ces billets », note Paul Lavoie. Dans l’est du Québec, une région se démarque et s’apprête à vivre un autre été très achalandé : les Îles-de-la-Madeleine, où les visiteurs peinent parfois à se loger ou à louer une voiture. « Quand on regarde nos données, notre été ressemble beaucoup à celui de 2021 : on a beaucoup de monde », observe Frédéric Myrand, chargé de communication à Tourisme Îles-de-la-Madeleine.