Publié à 14h46
                Daniel Renaud La Presse             

Boucher, 69 ans, souffrait d’un cancer de la gorge qui s’était propagé. Le sexagénaire, qui était incarcéré à l’unité spéciale de détention (SDU) du pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines au nord de Montréal, la seule unité super maximale au Canada – où sont enfermés les criminels les plus dangereux du pays -, savait il a été gravement malade pendant quelques années mais a refusé tout traitement, selon nos sources. Au cours des dernières semaines, il avait finalement accepté d’être transféré dans un hôpital régional mis en place sous l’égide du Service correctionnel du Canada à Sainte-Anne-des-Plaines, où il a reçu des soins palliatifs pendant quelques jours. Sa famille aurait été informée il y a quelques jours que son état de santé se détériorait rapidement. Boucher purgeait une peine de 22 ans à perpétuité, sans possibilité de libération conditionnelle avant au moins 25 ans, pour les meurtres de deux gardiens de prison, Pierre Rondeau et Diane Lavigne, commis à la fin des années 1990 alors que des motards de guerre se déchaînaient dans Québec. . Durant sa longue incarcération, Boucher ne s’était pas calmé, complotant notamment le meurtre du patron Raynald Desjardins et participant à l’agression d’un codétenu en 2015, des crimes qui lui ont valu d’autres condamnations qui se sont ajoutées à son long calvaire.

Instigateur d’une guerre sanglante

Né en juin 1953 à Causapscal dans le Bas-Saint-Laurent, Maurice Boucher est très jeune lorsque sa famille s’installe à Montréal. Sa carrière criminelle débute 20 ans plus tard, en 1973, avec une affaire de braquage. Au cours des années 1980, il a été principalement condamné à 23 mois de prison pour vol et une affaire d’agression sexuelle armée commise sur un adolescent. Boucher avait également des antécédents de possession d’armes à feu. Membre à l’origine des SS, un ancien gang de motards basé dans la région de Pointe-aux-Trembles, à l’est de Montréal, Boucher était devenu en 1987 membre du chapitre des Hells Angels de Montréal, alors basé à Sorel. Au milieu des années 1990, Boucher avait fondé le chapitre Hells Angels Nomads, constitué d’une «table» d’importateurs de cocaïne dont le but était de prendre le contrôle de la distribution et de la vente de cette drogue à Montréal et à Québec. PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE Maurice Mom Boucher aux funérailles de Normand Hamel, avril 2000 Mais les membres du club de motards Rock Machine et leurs alliés, constitués de factions familiales et de trafiquants indépendants, n’allaient pas lâcher prise, et c’est ainsi qu’a commencé en 1994 une guerre qui a duré huit ans et fait 160 morts. , dont une vingtaine de victimes innocentes et autant de blessés. En 1997, les Hells Angels tuent deux gardiens de prison, Pierre Rondeau et Diane Lavigne, et en blessent un autre, Robert Corriveau, possiblement pour fidéliser les tueurs et déstabiliser la justice québécoise. L’année suivante, Maurice Boucher est arrêté et accusé de meurtre et de tentative de meurtre. Il a été jugé mais acquitté. Il sort triomphant du palais de justice de Montréal, escorté de cyclistes, et assiste le soir même à un gala de boxe au vieux Forum, où il est même applaudi par les spectateurs. PHOTO ROBERT SKINNER, ARCHIVES LA PRESSE Maurice Boucher sortant du palais de justice de Montréal, accompagné de Gregory Wooley, le 27 novembre 1998 Le 28 mars 2001, des membres de l’équipe Carcajou ont mené l’Opération Printemps 2001 et dissous les Nomades et leur club d’entraînement le plus actif, les Rockers. Mais au moment de la grève, Bowser était déjà en prison parce que la Cour d’appel avait annulé son verdict de non-culpabilité dans les meurtres en prison. Le motard avait subi un deuxième procès en 2002, à l’issue duquel il avait été reconnu coupable des meurtres et condamné à la prison à vie, notamment grâce au témoignage de l’un des tueurs, Stéphane “Godasse” Gagné, devenu repenti. martyr. Pendant la guerre du vélo et après son acquittement à l’issue de son premier procès, Maurice Boucher a été régulièrement aperçu en train de boire un café sur la place Versailles, près de l’ascenseur menant aux bureaux d’enquêtes spécialisées du SPVM, pour narguer les policiers. dit certains d’entre eux maintenant à la retraite. Pendant la guerre, Boucher a un contrat sur sa tête et est suivi par l’assassin Gérald Gallant, qui ne parvient cependant jamais à remplir sa mission. Durant sa longue incarcération, Boucher avait été victime de quelques agressions de codétenus, dont une triée sur le volet dans la cour du pénitencier de Sainte-Anne-des-Plaines en octobre 2010. Quatre ans plus tard, le Journal de Montréal révélait que Boucher avait été expulsé des rangs des Hells Angels. Cette expulsion ne l’a toutefois pas empêché de continuer à recevoir de l’argent des fidèles, de la vente de drogue, 4 000 $ par mois selon les preuves recueillies lors de l’enquête Magot-Mastiff, avec laquelle la Sûreté du Québec a rompu en novembre 2015 un alliance de motards-mafia-gang qui dirigeait le crime organisé à Montréal. Au cours de l’enquête, la police a découvert que Boucher, sa fille Alexandra Mongeau et le chef de gang Gregory Woolley avaient conspiré pour assassiner le caïd Raynald Desjardins. Boucher avait été arrêté et accusé de ce complot. Il a plaidé coupable et a été condamné à dix ans de prison supplémentaires. Le condamnant en 2018, le juge de la Cour supérieure Eric Downs a déclaré que l’affaire montrait que Bowser n’était pas sur la voie de la réhabilitation. Bowser a également été arrêté en 2015 pour avoir attaqué un codétenu avec une pioche et a reçu une autre peine de deux ans en 2019. Pour rejoindre Daniel Renaud, composez le 514 285-7000, ext. 4918, écrivez à [email protected] ou écrivez à l’adresse postale de La Presse.