Posté à 5h00
Frederik-Xavier Duhamel La Presse
« Nous avons le regret de vous informer que votre candidature n’a pas été retenue », peut-on lire dans un courriel laconique reçu en mai par Ahmed, le pseudonyme d’un ambulancier qui travaille depuis plus de 20 ans dans la région des Laurentides-Lanaudière. Comme tous les autres paramédics déboutés qui ont parlé à La Presse pour cet article, Ahmed a demandé à rester anonyme pour ne pas nuire à sa carrière. “J’ai traversé tout le processus, puis ils m’ont renié sans me donner aucune explication”, s’indigne-t-il. Un processus qui prend plusieurs semaines et comprend deux entretiens, des tests psychométriques, un examen médical et un test de dépistage de drogue.
« Sans retour »
“Je n’ai aucun retour des RH après de multiples tentatives par mail, téléphone, aucune réponse de leur part quant à la raison pour laquelle je n’ai pas été sélectionné”, poursuit-il abattu. “Il n’y a pas de détails sur la raison”, confirme le porte-parole d’Urgences-santé Benoit Garneau. “Ils doivent travailler sur toutes les choses qui ont à voir avec le processus”, dit-il, ajoutant que les candidats sont invités à présenter une nouvelle demande dans un délai d’un an. PHOTO AVEC L’AUTORISATION DE MATHIEU GOYER Mathieu Goyer Je ne comprends pas comment ils ne peuvent même pas donner à l’ambulancier une raison de s’améliorer, de corriger ses lacunes et ensuite à la limite [postuler de nouveau] dans un an. Mathieu Goyer, vice-président aux relations industrielles au Syndicat du préhospitalier représentant les paramédics d’Urgences-santé Et Ahmed n’est pas seul dans cette situation. La Presse s’est entretenue avec trois paramédics expérimentés et un nouveau diplômé qui se sont vu refuser un poste à Urgences-santé sans explication. Cependant, Urgences-santé est régulièrement en sous-effectif pour couvrir tous ses quarts de travail et la situation est particulièrement aiguë la nuit et le week-end. Au cours d’une fin de semaine à la fin mai, La Presse rapportait que plus de la moitié des ambulances prévues manquaient à l’appel faute de personnel disponible. Le fait qu’elle soit si insuffisante la nuit peut obliger Urgences-santé à prioriser les appels d’urgence au détriment de ceux pour qui il ne semble pas y avoir de danger immédiat pour la vie. Et ce week-end encore, presque tous les quarts de travail seront marqués par des absences. Dans la nuit de dimanche à lundi, au moins 38 infirmières seront absentes des 98 qui devraient être de garde, selon M. Garneau, porte-parole de la situation ces dernières semaines. “Notre objectif cette année est de recruter plus de 100 ambulanciers, mais je ne pense pas que ce sera possible car il y a une pénurie de personnes qui sortent de l’école”, a déclaré une autre porte. -discours en mai, pointant également le manque de ressources humaines.
Il a obtenu son diplôme et a été rejeté
Cependant, Simon, un ambulancier diplômé ce printemps du Cégep de Saint-Hyacinthe, a également vu sa candidature rejetée par Urgences-santé en mai sans que l’agence n’explique pourquoi. Heureusement pour lui, il a pu trouver un poste dans un autre domaine sans problème. « Parce que cet effectif n’est pas bon pour Urgences-santé, mais bon pour [Services préhospitaliers Laurentides—Lanaudière] ou pour la côte sud? demande M. Goyer, du syndicat. Yasmine et Pierre, ambulanciers paramédicaux avec respectivement plus de cinq et plus de dix ans d’expérience, ont également postulé à Urgences-santé récemment, sans succès. Tous deux voulaient être plus près de chez eux, mais ont dû reprendre un autre travail lorsque leurs candidatures ont été rejetées – encore une fois sans raison. ” J’étais [persuadée] que le processus se déroulait bien, pour finalement recevoir un court mail de deux ou trois lignes m’indiquant qu’ils n’avaient pas reçu ma candidature », se lamente Yasmine. Elle dit avoir contacté l’organisme à trois reprises pour obtenir des commentaires afin d’améliorer sa candidature, sans succès. M. Garneau, d’Urgences-santé, affirme que l’agence a rejeté 16 candidatures en 2022, dont 11 à cause d’un échec quelque part dans le processus d’embauche et cinq qui n’étaient pas qualifiées pour le poste. “Nous ne sommes pas pointilleux sur les personnes que nous voulons embaucher”, dit-il. Il y a des normes minimales que les gens doivent respecter […], notre mission est de sauver des vies. » « C’est décevant, largue Ahmed. Pendant ce temps, il y a des quarts de travail qui sont vacants […], alors je suis prêt à travailler. »