A cette occasion, le chef de l’Etat prononcera un “discours injurieux” contre l’antisémitisme, qui “guette encore et parfois insidieusement”, ce qui est “très inquiétant”, a annoncé un conseiller de l’Elysée. Il dénoncera aussi le “révisionnisme historique”, notamment sur le rôle du maréchal Pétain pendant la Seconde Guerre mondiale, selon lui.
Il sera accompagné de Serge Klarsfeld et Ginette Kolinka
Accompagné de nombreuses personnalités, dont l’historien Serge Klarsfeld, la rescapée des camps Ginette Kolinka ou encore le directeur général de la SNCF Jean-Pierre Farandou, Emmanuel Macron est attendu à 15 heures. à la petite gare de Pithiviers, à une centaine de kilomètres au sud de Paris. , qui n’accueille plus de voyageurs depuis la fin des années 1960 et vient d’être transformé en musée par le Mémorial de la Shoah. Une partie des 13 000 juifs – dont 4 115 enfants – transitent par cette gare, arrêtés à Paris et sa banlieue le 16 juillet 1942 et les jours suivants par 9 000 fonctionnaires français, à la demande des Allemands. 8 160 d’entre eux, dont des personnes âgées et des malades, ont été conduits au stade Vélodrome d’Hiver, dans le 15e arrondissement de Paris. Avant d’être évacué vers les camps de Drancy (Seine-Saint-Denis), Pithiviers et Beaune-la-Rolande (Loire).
La gare de Pithiviers devient un lieu de mémoire
De la seule gare de Pithiviers, huit convois partent alors vers les camps d’extermination, pour plus de 8 000 déportés, ce qui en fait le deuxième lieu de déportation français après Drancy. Seuls quelques dizaines d’adultes survivront. « C’est dans cette station que l’événement français devient un génocide européen. (…) C’est un lieu de mémoire unique en France », explique Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah. L’espace de 400 m2, toujours propriété de la SNCF, est spécialement destiné aux étudiants. “C’est une priorité face à la montée de l’antisémitisme, du racisme et du complotisme”, explique Jacques Fredj. Une salle de la gare est consacrée à un reportage photo choc sur le soi-disant “billet vert”, la première arrestation massive de 3 700 Juifs étrangers en France, le 14 mai 1941. Une autre salle retrace “la litanie des huit convois”. à Auschwitz-Birkenau, projetant des photos de déportés assassinés sur des écrans géants.
Lutte contre l’antisémitisme, état d’urgence
Dans son allocution, d’une vingtaine de minutes, Emmanuel Macron devra confirmer que “le combat continue” contre l’antisémitisme, en suivant “la voie tracée par le président Chirac”. Après cinquante ans de silence des autorités françaises, Jacques Chirac avait reconnu en 1995 la responsabilité de la France dans le Rafle du Vel d’Hiv, dans un discours mémorable. “La France, ce jour-là, a réalisé l’irréparable”, avait-il lancé. En juillet 2012, François Hollande est allé plus loin en déclarant que “ce crime a été commis en France, par la France”. Puis en 2017, Emmanuel Macron, le président nouvellement élu, avait, à l’occasion du 75e anniversaire du rassemblement, affirmé la responsabilité de la France et lancé un appel contre l’antisémitisme en présence du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu. Mais aujourd’hui “la société française n’en a pas fini avec l’antisémitisme”, souligne l’Elysée, soulignant aussi “l’avilissement des discussions” autour du régime de Vichy.
Un tweet controversé de Mathilde Panot
Le candidat présidentiel d’extrême droite Eric Zemmour (Reconquête !) a spécifiquement affirmé que le maréchal Pétain avait “sauvé” les Juifs français pendant la Seconde Guerre mondiale. “Il y a 80 ans, des collaborateurs du régime de Vichy organisaient le rassemblement du Vel d’Hiv. N’oubliez pas ces crimes, aujourd’hui plus que jamais, avec un président de la République qui honore Pétain et 89 députés RN », a tweeté samedi la cheffe de file des députés LFI Mathilde Panot, exaspérant la majorité. En 2018, Emmanuel Macron a qualifié Pétain de “grand soldat” pendant la Première Guerre mondiale, même s’il a par la suite “mené des choix désastreux”. Des élus de l’Assemblée nationale ont également été invités, conformément à la tradition démocratique, ils se sont détaillés sur l’Elysées sans préciser s’ils seraient présents. Parallèlement, dans la matinée, la cérémonie établie se déroulera sur le site de l’ancien Vélodrome d’Hiver en présence de la Première ministre Elizabeth Bourne.