Âgé de 80 ans, l’auteur-compositeur, auteur notamment des plus grands textes de la poésie populaire française, est devenu un homme physiquement fragile, mais toujours habité par une rage de vivre. C’est en maniant les mots comme des gemmes incandescentes qu’il affirme son génie. Fils d’un marchand de chevaux de Saint-Raymond de Portneuf, il n’a jamais cédé la terre à Joual. Mais il n’a jamais méprisé les Québécois qui ont adopté cette langue pour s’exprimer. Toute sa vie fut un hommage permanent à la langue française. Sous sa plume, le français est une langue riche, vivante, merveilleuse, imaginative, aux accents multiples, aux expressions ancrées dans le sol québécois de son enfance. Dépasser Luc Plamondon n’a jamais cessé de se surpasser et de lutter avec vigueur et parfois avec une sainte colère contre toutes les tentatives de dévalorisation des auteurs-compositeurs en les exploitant abominablement. Et il s’est opposé toute sa vie à la tendance à angliciser la langue française, à la ghettoïser, bref à la dévaloriser. Luc Plamondon a compris l’importance de maintenir des liens avec toute la Francophonie, dont la France en premier lieu où il dispose d’un pied-à-terre avec une vue imprenable sur la Tour Eiffel, ce monument emblématique aux yeux de la terre entière. Il force notre admiration en restant un fils respecté de ses parents modestes mais dignes, malgré les hommages, les louanges et la reconnaissance du monde entier. C’est une dette envers les Québécois, qui ont reconnu en ce créateur des chansons qui décrivent leurs peines, leurs peines et leurs espoirs. Des comédies musicales devenues mythiques comme Starmania et Notre-Dame de Paris concrétisent son étroite collaboration avec Michel Berger, brillant musicien français, et Richard Cocciante, né d’un père italien et d’une mère française, lui-même parolier, mais aussi musicien. Avec cela, son génie créatif atteint son apogée dans la composition de chansons telles que Le temps des Cathédrales et Belle. Découverte Luc Plamondon a écrit des chansons pour les plus grands interprètes francophones. De Céline Dion à Diane Dufresne, de Johnny Hallyday à Julien Clerc. Aujourd’hui, les Américains découvrent Notre Dame. Se déroulant aujourd’hui aux États-Unis, sont-ils prêts à entrer dans l’univers de Victor Hugo revisité par Luc Plamondon ? Des millions de téléspectateurs ont vu l’émission et des dizaines de millions d’autres connaissent les chansons. Les Américains finiront-ils par en faire partie ? Jeudi soir, ma voisine de théâtre, originaire du Kazakhstan, était venue de Washington DC avec sa fille adolescente. Elle connaissait toutes les chansons de la comédie musicale grâce aux cassettes qu’elle avait achetées dans sa jeunesse. Pendant la pause, les yeux larmoyants, elle m’a expliqué que sa fille apprenait le français et qu’elle en était fière. C’est l’un des avantages du talent de notre Luke national. S’il semble parfois distant, c’est qu’à 80 ans il est encore hanté par le doute créatif. Mais cela ne l’empêche pas d’être attentif aux autres. Hier, trois femmes de ménage de l’hôtel où elle séjourne ont reçu des billets pour assister au spectacle. Un rêve pour ces dames qui n’ont jamais mis les pieds au Lincoln Center. Pour Luc, ces femmes lui ont sans aucun doute rappelé ses tantes et cousines, qu’il continue d’admirer profondément dans ses 80 ans. Le premier ministre Legault, Luc Plamondon, nous rend si fiers d’être Québécois. En français, faut-il encore vous rappeler ?