Trois jours après leur retour sur le sol français, les seize femmes rapatriées des camps de prisonniers jihadistes en Syrie sont désormais poursuivies pour association de malfaiteurs terroristes. Ils sont en garde à vue, tandis qu’un garçon, poursuivi pour le même crime, a été placé sous contrôle judiciaire.
Huit de ces femmes ont été inculpées le vendredi 8 juillet, les huit premières ayant été inculpées quasi immédiatement à leur arrivée en France. Certains sont également poursuivis pour négligence envers les enfants.
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Les femmes et le garçon, qui ont eu 18 ans vendredi, faisaient partie d’un groupe de 35 mineurs et 16 femmes rapatriés en France depuis des camps de prisonniers djihadistes du nord-est de la Syrie. Les enfants, dont sept mineurs non accompagnés, ont été pris en charge par le service de garde des Yvelines.
Une évaluation pour déterminer le degré de radicalisation
Les huit femmes inculpées vendredi ont fait l’objet d’un mandat de recherche de la justice française. Ils ont été placés, comme le garçon, en garde à vue mardi, dès leur arrivée en France à la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) et, pour l’un, au Service antiterroriste (SAT) de la Préfecture. Gendarmerie parisienne.
Mardi, sept autres femmes visées par un mandat d’arrêt avaient comparu devant les enquêteurs antiterroristes d’un tribunal de Paris. Une huitième femme, qui souffrait d’un cancer du côlon, se trouvait mercredi après “un traitement médical”, selon une source proche du dossier.
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Les seize femmes, âgées de 22 à 39 ans et de nationalité française, à l’exception de deux qui ont des enfants français, subiront une évaluation en garde à vue pour déterminer si elles sont toujours radicalisées ou ont enfreint la doctrine de l’Etat islamique. organisation (SI).
Plus de 100 femmes et 200 enfants sont toujours détenus en Syrie
Parmi eux figure Emilie König, l’une des plus célèbres djihadistes françaises. Accusée de recruter pour l’EI et d’appeler aux attentats en Occident, elle a été inscrite sur la liste noire des Nations unies (ONU) comme l’une des combattantes les plus dangereuses.
Il s’agit du premier rapatriement massif d’enfants djihadistes présumés et de leurs mères depuis la chute en 2019 du “califat” de l’EI, qui a largement orchestré les attentats meurtriers du 13 novembre 2015 en France. Jusque-là, seuls quelques enfants avaient été renvoyés par les autorités françaises au cas par cas.
“Cette opération, efficace et réussie, a été menée dans le calme, ce qui prouve qu’elle doit continuer et vite”, a réagi auprès de l’Agence française (AFP) Me Marie Dosé, qui défend de nombreuses femmes. “Ce matin encore, les enfants qui sont encore dans les camps répétaient ‘pourquoi pas moi ?’ Vous ne pouvez pas laisser les enfants penser que tout l’été dans une tente, il fait moins de 50°C », a-t-il ajouté.
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Avant ce rapatriement, 120 femmes françaises et près de 290 enfants étaient détenus dans des camps syriens sous contrôle kurde, a indiqué vendredi à l’AFP Laurent Nunez, coordinateur français du renseignement et de la lutte contre le terrorisme.
Le monde avec l’AFP