La police a annoncé un couvre-feu indéfini dans la province occidentale de Colombo, la capitale financière, pour contenir les manifestations. Des milliers de personnes se sont rassemblées devant le bureau du Premier ministre mercredi. Les forces de sécurité ont utilisé des gaz lacrymogènes pour les empêcher de prendre d’assaut le bâtiment, comme elles avaient pris d’assaut le palais présidentiel samedi. Nommé Premier ministre en mai par le président sri-lankais en remplacement de son frère Mahinda Rajapaksa, M. Wickremesinga est également contesté par les manifestants. Mercredi, la foule a réclamé sa démission en même temps que celle de M. Rajapaksa. “Rentre chez toi Ranil !” Rentrez chez vous, vous devez! criaient les manifestants. M. Rajapaksa, évincé par un puissant mouvement populaire, a atterri tôt mercredi aux Maldives après avoir quitté le pays à bord d’un avion militaire. Le dirigeant de 73 ans, qui avait promis de se retirer mercredi, n’a pas encore officialisé son retrait. La Constitution prévoit, en cas de démission du Président, que le Premier ministre assure l’intérim jusqu’à l’élection par le Parlement d’un député qui exercera le pouvoir jusqu’à la fin du mandat en cours, soit en novembre 2024. A lire aussi : Article réservé à nos abonnés Le Sri Lanka plonge dans l’inconnu après la ‘prise de la Bastille’

Kotte en pourparlers avec le FMI

M. Rajapaksa avait tenté de quitter le Sri Lanka mardi mais avait été refoulé à l’aéroport de Colombo par des agents de l’immigration. Tôt mercredi, dans un Antonov An-32, il a finalement réussi à décoller de l’aéroport international de Colombo, accompagné de sa femme et d’un garde du corps, ont indiqué des responsables de l’immigration. Selon des sources aéroportuaires du Sri Lanka, l’avion a été retenu pendant plus d’une heure sur le tarmac de l’aéroport en attendant l’autorisation d’atterrir aux Maldives. Un navire de la marine a été utilisé pour transporter samedi le chef de l’État du palais présidentiel assiégé par les manifestants au port nord-est de Trincomalee. M. Rajapaksa a ensuite rejoint l’aéroport international de Colombo en hélicoptère lundi. A lire aussi : L’article est destiné à nos abonnés Rajapaksa, un clan qui a conduit le Sri Lanka dans l’abîme
Dans cette fuite, le président sri-lankais a laissé derrière lui une valise pleine de documents et 17,85 millions de roupies (49 000 €) en espèces, désormais scellées. M. Rajapaksa est accusé de mauvaise gestion de l’économie et donc responsable de l’incapacité du pays, en l’absence de devises étrangères, à financer les importations les plus élémentaires pour une population de 22 millions d’habitants. Kotte a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars en avril et est en pourparlers avec le Fonds monétaire international (FMI) sur un éventuel renflouement. Le Sri Lanka a également presque épuisé ses réserves de pétrole. Le gouvernement a ordonné la fermeture des bureaux et des écoles non essentiels pour réduire les déplacements et économiser du carburant. Le monde avec l’AFP