• Lire aussi : Sri Lanka : des soldats ouvrent le feu pour réprimer une émeute dans une station-service • Lire aussi : Couvre-feu imposé au Sri Lanka, économie au bord de l’effondrement Le Premier ministre Ranil Wickremesinghe, qui est le prochain sur la liste si M. Rajapaksa démissionne, a immédiatement convoqué une réunion d’urgence du cabinet pour discuter d’une “résolution rapide” de la crise. Dans une déclaration, il a invité les chefs des partis politiques à participer à cette réunion et a également demandé que le Parlement soit convoqué. “Le président a été conduit en lieu sûr”, a indiqué à l’AFP une source de la défense. “C’est toujours le président, protégé par une unité militaire”, a ajouté cette source, qui a précisé que des soldats gardant la résidence officielle ont tiré en l’air pour empêcher les manifestants de s’approcher jusqu’à ce que M. Rajapaksa soit évacué. Les chaînes de télévision locales ont montré des images de centaines de personnes escaladant les portes du palais présidentiel, un bâtiment de l’époque coloniale en bord de mer et symbole du pouvoir au Sri Lanka. Certains manifestants ont diffusé des vidéos en direct sur les réseaux sociaux montrant une foule se déplaçant à l’intérieur du palais, certains se baignant dans la piscine présidentielle ou se prélassant de manière ludique dans les chambres de la résidence. Les manifestants ont également occupé les bureaux de la présidence, situés à proximité et devant lesquels les manifestants campent depuis trois mois. Des responsables gouvernementaux ont déclaré qu’ils ne connaissaient pas les intentions de M. Rajapaksa après sa fuite. “Nous attendons des instructions”, a déclaré à l’AFP un haut responsable. “Nous ne savons toujours pas où il se trouve, mais nous savons qu’il est dans la marine sri-lankaise et qu’il est en sécurité.” Des chaînes de télévision privées ont montré un convoi de véhicules officiels à l’aéroport international de Colombo, mais il n’y a eu aucune confirmation du possible départ de M. Rajapaksa du pays. Des dizaines de milliers de personnes s’étaient déjà jointes aux manifestations pour exiger la démission de M. Rajapaksa, qui est blâmé pour la crise sans précédent au Sri Lanka qui provoque une inflation galopante et de graves pénuries de carburant, d’électricité et de nourriture. Les Nations Unies estiment notamment qu’environ 80% de la population saute des repas pour faire face aux pénuries et à la flambée des prix. La police a tenté de disperser l’immense foule qui s’était rassemblée dans le quartier administratif de la capitale. L’hôpital principal de Colombo a déclaré que trois personnes avaient été blessées par balle et que 36 autres souffraient de difficultés respiratoires en raison de l’utilisation massive de gaz lacrymogène. Trains “obligatoires” Vendredi, la police avait imposé un couvre-feu pour tenter de dissuader les manifestants de descendre dans la rue. Mais la mesure a été abandonnée après des menaces de poursuites judiciaires contre le chef de la police de la part de partis d’opposition, de militants des droits de l’homme et du barreau du pays. Le couvre-feu avait de toute façon été largement ignoré par les manifestants, dont certains ont même forcé les autorités ferroviaires à les emmener samedi en train à Colombo pour participer au rassemblement, ont indiqué des responsables à l’AFP. “L’interdiction de circuler n’a pas eu d’effet dissuasif. Cela a en fait encouragé plus de gens à descendre dans la rue par défi », a déclaré le responsable de la défense. “Les passagers ont demandé des trains pour rejoindre Colombo.” Alors même que le pays est presque à court de ses maigres réserves de gaz, les manifestants, soutenus par les principaux partis d’opposition, ont également affrété des bus privés pour se rendre dans la capitale. Selon les autorités, environ 20 000 militaires et policiers avaient été envoyés à Colombo pour protéger le président. L’ONU avait appelé les autorités sri-lankaises et les manifestants à veiller à ce que les rassemblements de samedi soient pacifiques. En mai, neuf personnes avaient été tuées et plusieurs centaines blessées lors des troubles dans le pays. Le Sri Lanka a fait défaut en avril sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars et a entamé des pourparlers de sauvetage avec le Fonds monétaire international. Cette crise, d’une ampleur sans précédent depuis l’indépendance du pays en 1948, est attribuée à la pandémie de Covid-19 qui a privé cette île de 22 millions de son secteur touristique et a été exacerbée par une série de mauvaises décisions politiques, selon les économistes.