Le président sri-lankais Gotabaya Rajapaksa, qui a quitté son palais de Colombo samedi 9 juillet, a déclaré qu’il démissionnerait la semaine prochaine, selon des propos rapportés par le président du Parlement Mahinda Abhiwardana. “Pour assurer une transition pacifique, le président a annoncé qu’il se retirerait le 13 juillet”, a-t-il déclaré à la télévision. Accusé d’être responsable de la crise économique sans précédent que traverse le pays, le chef de l’Etat a été contraint de quitter son palais avant que des centaines de manifestants ne le prennent d’assaut. Plus tard, la foule a attaqué la résidence du Premier ministre, y mettant partiellement le feu. Des manifestants ont pris d’assaut la résidence privée du Premier ministre Ranil Wickremesinghe et y ont mis le feu -… https://t.co/R38UgIXTtA – Dailymirror_SL (@DailyMirror)
Plus tôt dans la journée, le Premier ministre Ranil Wickremesinghe a convoqué une réunion d’urgence du cabinet ouverte aux chefs de partis politiques pour discuter d’une « résolution rapide » de la crise politique en cours. Il a fini par annoncer qu’il était prêt à se retirer pour faire place à un gouvernement d’union nationale. “Pour assurer la sécurité de tous les Sri Lankais, il est favorable à cette recommandation des dirigeants des partis d’opposition”, ont indiqué ses services dans un communiqué. Des manifestants à l’intérieur de la résidence présidentielle à Colombo, au Sri Lanka, le 9 juillet. DINUKA LIYANAWATTE / REUTERS

Échec du couvre-feu

Les chaînes de télévision locales ont montré des images de centaines de personnes, drapeaux nationaux à la main, brisant plusieurs barricades policières et escaladant les grilles du palais présidentiel au cœur de la capitale financière. Certains manifestants ont diffusé des vidéos en direct sur les réseaux sociaux, où l’on peut voir des foules errer dans le palais, s’introduire dans les bureaux, les chambres et la piscine de la résidence. 🔴🇱🇰FLASH – Des manifestants ont pris d’assaut le palais présidentiel au #SriLanka. Le président Gotabaya Rajapaksa… https://t.co/sKgdSBLaCp — Brevesdepresse (@Brèves de presse)
Des manifestants envahissent la piscine du président sri-lankais après avoir pris d’assaut sa résidence #GoHomeGota… https://t.co/8Bo6LoXlwH — Citoyen anonyme (@Citoyen anonyme)
Cette attaque fait suite à une manifestation qui a rassemblé des dizaines de milliers de personnes réclamant la démission de M. Rajapaksa. Les forces de sécurité ont tenté de disperser l’immense foule qui s’était rassemblée dans le district administratif de Colombo. Le principal hôpital de la ville a fait état de trois personnes blessées par balle et de trente-six autres souffrant de difficultés respiratoires dues à l’usage massif de gaz lacrymogènes. Un couvre-feu indéfini avait été décrété la veille à Colombo, alors que des milliers de manifestants avaient déjà commencé à affluer pour exiger la démission du président. “L’interdiction de circuler n’a pas eu d’effet dissuasif. Cela a en fait encouragé davantage de personnes à descendre dans la rue par défi, a déclaré un responsable de la défense. Les passagers ont demandé des trains pour rejoindre Colombo. Alors même que le pays a presque épuisé ses maigres réserves de gaz, les manifestants, soutenus par les principaux partis d’opposition, ont également affrété des bus privés pour se rendre dans la capitale financière. La police utilise des gaz lacrymogènes et des canons à eau pour disperser des manifestants rassemblés près de la résidence du président de la République, à Colombo, au Sri Lanka, le 8 juillet 2022. DINUKA LIYANAWATTE / REUTERS

Mauvaise gestion financière

En l’absence de devises en raison de la mauvaise gestion économique et de l’impact de la crise provoquée par l’épidémie de Covid-19, cette nation insulaire fait face à des difficultés d’importation, notamment de produits de base, ce qui entraîne de graves pénuries de médicaments, de nourriture et de carburant. Les Nations Unies estiment qu’environ 80% de la population saute des repas pour faire face aux pénuries et à la hausse des prix. Les 22 millions d’habitants ont également souffert d’une inflation galopante et de coupures de courant prolongées depuis le début de l’année. En avril, le Sri Lanka a fait défaut sur sa dette extérieure de 51 milliards de dollars et a entamé des pourparlers de sauvetage avec le Fonds monétaire international. Le mois suivant, de nombreuses manifestations avaient éclaté. Neuf personnes ont été tuées et plusieurs centaines blessées lors des troubles dans le pays. A lire aussi : L’article est pour nos abonnés Sri Lanka, une île à la dérive
Le Monde avec AP, AFP et Reuters