franceinfo : En Gironde, le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin appelle à la vigilance des Français contre le risque d’incendie, vous faites vous aussi passer ce message ? Grégory Allione : Nous ne pouvons qu’approuver les propos du ministre. Depuis des années, nous disons qu’il faut une vraie politique de prévention car la population est un incendiaire potentiel. Il existe une relation très forte entre la densité de population, le trafic routier et les départs aux feux de signalisation. Ce qui signifie que n’importe qui peut devenir un incendiaire potentiel. Surtout, disait Gérald Darmanin, ces incendies entraînent la mort. Aujourd’hui, on parle de végétation dégradée, il n’y a pas de drame humain, mais c’est vraiment la conséquence que l’on redoute. Nous ne sommes que le 14 juillet et nous vivons des conditions qui ressemblent plus à la mi-août, il nous reste un mois. La sécheresse et le changement climatique ne facilitent pas notre travail, mais les vraies difficultés auxquelles nous sommes confrontés sont que les départs de feu sont nombreux car la population est malheureusement insuffisamment formée au comportement des citoyens des massifs montagneux très vulnérables en ce moment. Il y a quelques semaines, vous parliez d’un « été de tous les risques ». Nous voilà ? Oui, j’ai même dit que les pompiers, depuis plus de deux ans, étaient dans une machine à laver en mode essorage. Pourquoi le Covid revient, pourquoi on a vacciné, transporté, testé dans les aéroports, les ports. Nous avons testé les eaux usées dans les zones. La crise des urgences nous impacte fortement, car les pompiers sont des soignants au poste, notamment en pré-hospitalier. Nous avons aussi cette sécheresse, la canicule, en ce moment c’est nous qui sommes appelés quand il y a un malaise sur la voie publique ou à la maison. En effet, les pompiers vivent l’été de tous les dangers. C’est pourquoi nous partageons l’appel de certains élus et autorités qui disent qu’il faut une politique plus ambitieuse de protection et de sécurité civile, au niveau national et européen. Bien que nos autorités aient cette ambition, nous devons aller plus loin. Parce que le changement climatique ne concerne pas 2030, c’est maintenant. Nous parlons d’incendies de forêt en ce moment, mais à l’automne, nous parlerons certainement d’épisodes méditerranéens et de la machine à laver en essorage. Demandez-vous des bonus supplémentaires ? Comment recruter plus de pompiers ? La question de l’indemnisation se posera inévitablement, mais ce n’est pas l’enjeu principal aujourd’hui. Le principal enjeu est que nous devons renforcer les pompiers professionnels, qui demeurent la colonne vertébrale de notre modèle de sécurité publique. Et surtout, l’ambition de recruter, défendre et reconnaître le sapeur-pompier volontaire. Il est actuellement de 198 000. Ce sont des personnes comme tout le monde qui, au-delà de l’aspect professionnel, ont une activité au service des autres, une forme d’altruisme, de dévouement à la société. Ce serait intéressant si on pouvait pousser ce nombre à 250 000 pompiers volontaires en 2027 car aujourd’hui on a besoin de pompiers volontaires. Pour le 14 juillet, certaines communes comme Nîmes ou Saint-Rémy-de-Provence ont annulé leur feu d’artifice. D’autres les retiennent, y compris dans le Sud. Est responsable; Ce qui est responsable, c’est qu’ils soient annulés, compte tenu du fait que nous sommes en période de sécheresse et de chaleur que tout le monde appelle, les pompiers mais aussi les comités municipaux des feux de forêt, qui sont des bénévoles qui nous aident à les accompagner, les pompiers forestiers, les la police aussi. Toute une chaîne de protection et de sécurité est mobilisée. Peut-être est-il inutile de les mobiliser davantage. De plus, il y a la question de l’exemplification. Régulièrement, nous rencontrons des difficultés, la nuit, dues à des feux d’artifice lancés par des particuliers. Si la police ne tire pas de feux d’artifice, c’est peut-être aussi un exemple pour la population de ne pas tirer de feux d’artifice non plus.