Le timing n’est pas anodin. Alors que les élections législatives viennent bouleverser le paysage politique national, tout en confirmant le statu quo régional en renouvelant trois députés nationalistes et un représentant de la droite locale, le FLNC a éclaté dans le débat, à la veille de la reprise des discussions entre Course et Paris. Le discours politique général du Premier ministre Elizabeth Bourne digéré, l’organisation clandestine privilégie l’appel militaire à une motion de censure, puis revendique une série de seize actions commises ces derniers mois sur le territoire insulaire, de la destruction de bungalows à Capu di Fenu à l’incendie de 36 des mobil-homes dans un camping à Aleria, plusieurs attaques contre des bonbonnes de gaz dans des résidences secondaires et le déclassement d’entreprises de construction à Lucciana et Prunelli di Fiumorbu. L’appel à l’action contre deux véhicules de police à Bastia et Lupinu pourrait faire référence aux manifestations qui ont suivi l’attaque mortelle d’Yvan Colonna.

Aussi, par un chaleureux hommage à ce dernier débute le communiqué de presse du FLNC, adressé à la rédaction de Corse-Matin. “A toi Yvan, à l’homme, au berger, au combattant clandestin”il est précédé de quelques lignes de prologue, avant que le texte ne se durcisse. Contre la majorité territoriale et le parti Femu a Corsica, en premier lieu, coupable selon le FLNC de “son pouvoir local” et disposé à “Ne manquez pas un battement”.

LIRE AUSSI. Le FLNC soutient la jeunesse corse et menace de reprendre les “combats de maquis nocturnes”

« Le choix de concentrer la stratégie de management autour du Président du Comité Exécutif et de son équipe est pris par Gilles Simeoni, poursuit le FLNC, avec un stylo trempé dans l’acide. (…) Ceux qui n’y adhèrent pas sont marginalisés, quels que soient leur engagement historique et leurs capacités. Ce « post-nationalisme », déjà assumé dans les précédentes annonces du front, prend la forme d’un “patriotisme bohème, soi-disant complaisance, quel que soit le résultat”.

Le constat est amer, traité avec sévérité, puis recentré sur les relations avec l’État. La fragmentation de la nouvelle Assemblée nationale, son fardeau “Extrème droite” dans l’opposition et la répudiation de l’abstention record fragilise, selon le FLNC, le président de la République et menace l’évolution institutionnelle en discussion. Fondant apparemment peu d’espoir sur le voyage du ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin, prévu les 21 et 22 juillet, l’organisation clandestine regrette “l’attitude méprisante et condescendante de la France”en ce qui concerne la Corse : “Certains s’extasient devant un moment historique, une situation ouverte à un avenir meilleur pour notre peuple (…). Entre un ministre de l’Intérieur qui joue de l’horloge pratiquant mieux la langue de bois que ses prédécesseurs, un Premier ministre qui se contente de quelques annonces socio-économiques lors de son discours de politique générale (…), il y a actuellement peu de marge pour une véritable ambition de changement institutionnel”. Utilisant une sémantique classique, basée sur ses prises de parole régulières, le FLNC recense ensuite les combats historiques du mouvement, contre “la colonisation des colons”, “la lutte pour construire”, “le bétonnage”, “la consommation de drogue”le prix des terres agricoles et le contrôle des structures touristiques par “Equipes de France”. Autant de facteurs contribuant à sa destruction “la structure sociale, culturelle et économique du peuple corse”. “Aujourd’hui, ce qui tue le peuple corse, c’est la France et le système économique mondial et une partie de notre peuple qui en est complice.cils sur le front. Il faut absolument changer de paradigme. C’est ce qu’on attend du gouvernement nationaliste.”

Un message crypté conclut le communiqué du FLNC

Rappelant une nouvelle fois au Président du Comité Exécutif ses responsabilités, considérant toutefois Gilles Simeoni comme “le responsable attitré de l’exposition en France”le FLNC fait campagne pour ce dernier “Des fédérations pour construire la voie de l’autodétermination en recherchant des synergies en Corse et en Europe et non en France”, compte tenu des négociations qu’elle nécessite sur la base de trois éléments principaux : “la reconnaissance officielle du peuple de Corse, l’instauration d’une autonomie politique transitoire immédiate et l’inscription de l’autodétermination d’ici 5 ans avec la définition de l’électorat”. “Il est certain que nous ne resterons jamais les spectateurs passifs de la mort planifiée de notre peuple sur sa propre terre”prévient le FLNC, avant de conclure son communiqué par l’allégation de seize actions clandestines, puis par un message crypté sans traduction : « Confirmons Mathilde et David ». Ce supposé retour à la violence clandestine, si l’affaiblissement militaire du FLNC (la plupart des actions, d’une ampleur relative, ont été menées par le feu), s’inscrit momentanément dans une période de négociations politiques fortement annoncée. Gilles Simeoni devrait se rendre place Beauvau le 20 juillet (lire l’édition de samedi), avant un déplacement en Corse du ministre de l’Intérieur. Gérald Darmanin, qui avait appelé à la fin des violences comme condition à la reprise du dialogue, va-t-il renier sa stabilité ? Réponse sous une semaine. Pour consulter le communiqué de presse complet, cliquez sur ce lien