Le rideau se lève enfin sur le ciel vu par le télescope spatial James-Webb. Après plus de vingt-cinq ans d’attente, des reports multiples et des dérapages budgétaires, les terriens disposent de ce nouvel œil perçant pour scruter le cosmos. Lundi 11 juillet, la paupière a été soulevée par le président américain Joe Biden lui-même, dévoilant la première image du JWST (son acronyme anglais), construit par la NASA, l’Agence spatiale européenne (ESA) et leur homologue canadien (ASC). De nouveaux clichés seront dévoilés mardi 12 juillet après-midi. « Un jour historique », a salué Joe Biden en applaudissant l’arrivée de l’image sur un écran. Cette première image est un feu d’artifice de taches lumineuses plus ou moins larges, plus ou moins brillantes et aux couleurs variées, avec parfois de fins arcs brillants striant le ciel noir. Ces dizaines, voire centaines d’éclats sont autant de galaxies peuplant l’Univers. Du jamais-vu dans un espace carré aussi petit, équivalent à la taille d’un grain de sable au bout du bras. Si une légère impression de flou peut surprendre, ce cliché témoigne du succès du télescope au miroir géant de 6,5 mètres de diamètre, lancé à Noël 2021, désormais posté à 1,5 million de kilomètres de la Terre et pleinement opérationnel. « Des collègues m’ont avoué avoir eu les larmes aux yeux en voyant cette première image. » Johan Richard, astronome L’instrument confirme en effet qu’il est bien une formidable machine à remonter le temps. Jusqu’aux origines du Big Bang, traquant une lumière tremblante qui a mis plus de 13 milliards d’années à nous parvenir. « C’est le premier objectif du télescope, sonder l’aube des temps, l’origine des étoiles et des galaxies quelques dizaines de millions d’années après le Big Bang », résume David Elbaz, chercheur au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA). « C’est fantastique ! C’est vraiment très très riche. Des collègues m’ont avoué avoir eu les larmes aux yeux en voyant cette première image », témoigne Johan Richard, astronome au Centre de recherche astrophysique de l’Observatoire de Lyon, ravi de ce premier choix symbolique. « C’est du plaisir de voir ces premières images, et maintenant nous pouvons commencer de rêver », salue Nicole Nesvadba, directrice de recherche au Centre national de la recherche scientifique (CNRS), à l’Observatoire de la Côte d’Azur. « Le niveau de détail est époustouflant. On va vraiment voir l’Univers différemment. J’attends avec impatience les autres images », confie Olivier Berné, chercheur CNRS à l’Institut de recherche en astrophysique et planétologie de Toulouse. Il vous reste 70.47% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.