Je vous en recommande un, indispensable, qui vous permettra de mieux comprendre l’époque folle que nous vivons : La Voyante d’Etampes, d’Abel Quentin. ENFER MECANIQUE Lauréat du Prix de Flore 2021 (prix créé par l’auteur Frédéric Beigbeder pour récompenser de jeunes écrivains audacieux), ce roman raconte la descente aux enfers de Jean Roscoff, professeur d’histoire qui vient de publier une biographie d’un poète noir. mal compris. Parce qu’il est blanc et qu’il n’a pas mis en avant la race du poète en question dans sa bio, préférant parler de son style (ce qui, pour les antiracistes raciaux, est un crime de lèse-majesté), cet intellectuel est la cible de une meute d’activistes justiciers qui ils gâchent sa réputation et empoisonnent sa vie. Abandonné par ses amis et collègues, qui préfèrent le sauver plutôt que le défendre, et qualifié de raciste sur les réseaux sociaux, l’homme s’enfonce dans les sables mouvants du politiquement correct. Nous quittons ce livre avec une boule dans la gorge. Victime d’un mécanisme infernal contre lequel il ne peut rien, Jean Roscoff, le héros du livre, est écrasé, détruit, mis en pièces par un groupe de petits fachos qui se prennent pour les défenseurs des opprimés, mais en réalité , ce sont de vraies fraudes . Un assaut tous azimuts contre les militants éveillés qui transforment nos universités en camps de rééducation. ASPECT RELIGIEUX Pour l’écrivain Abel Quentin (qui, avec son humour cynique et son désespoir mélancolique, rappelle Michel Houellebecq), les réveilleurs ne sont pas des militants politiques. Ce sont des extrémistes religieux, aveuglés par leur foi. Qui mènent une croisade contre les infidèles. « C’est ce qui faisait peur à Jean : la puissance d’une conviction inébranlable. Cette croyance était alimentée par le sectarisme le plus étroit et par une fascination morbide pour la figure de la Victime (une figure qui ne reconnaissait aucun contre-pouvoir, puisque les Nouveaux Pouvoirs avaient élevé l’émotion au rang de valeur suprême et la souffrance au rang de critère universel). Pour Quentin, ces guerriers prêts à tout pour écraser leurs ennemis sont en réalité des lapins hypersensibles et pleurnichards. “Ne jamais être blessé était devenu l’obsession de notre époque avec des petites choses geignardes et malades, désireuses de prendre en charge leur sécurité émotionnelle, de ne jamais, JAMAIS, être confrontées à un mot qui pourrait heurter leur sensibilité. » DANS LA CIRCULATION ! Dans sa pièce The Salem Witches, qu’il a écrite en 1953, le dramaturge américain Arthur Miller raconte comment des ministres puritains en 1692 ont accusé les femmes de pratiquer la sorcellerie sans preuve. Le Voyant d’Étampes est la version moderne de l’œuvre de Miller. C’est la même chasse aux sorcières, le même puritanisme, le même sectarisme messianique qui transforme tout « infidèle » en un coupable, un coupable qui doit être puni, brûlé, sacrifié sur l’autel de la pureté spirituelle. “C’est l’esprit de sérieux absolu, contre lequel rien ne peut être fait”, écrit Abel Quentin. Que peut-on faire contre les religieux ? » Un roman glaçant.