A 30 ans, Geoffrey Bouchard espérait une conclusion un peu différente de son premier Tour de France. Mais le destin en a décidé autrement. Et il a dit que le destin n’était pas allé trop loin, pointant du doigt une recette spontanée des deux dernières années : le Covid-19. Le grimpeur AG2R-Citroën a dû jeter l’éponge samedi matin 9 juillet, après avoir été testé positif au SARS-CoV-2. La veille, il avait ressenti les premiers symptômes lors de l’étape de Belles-Filles (Haute-Saône). Peu après, un autre peloton d’équipes et de coureurs, celui du Norvégien Vegard Stake Laengen, coéquipier du maillot jaune Tadej Pogacar. Ce n’est pas suffisant pour faire perdre au Slovène son éternel sourire, mais il reconnaît néanmoins qu’il perd un coureur de valeur, toujours là pour le faire revenir dans le peloton. “Il était très fort, en pleine forme, prêt à rouler sur le plat, dans les montées, partout… Ce sera difficile sans lui, mais je pense qu’on peut le faire à sept coureurs jusqu’à Paris”, a assuré le Slovène, 3ème. dans une 8e étape remportée par l’autre glouton de ce Tour, le Belge Wout van Aert, dans les hauteurs de Lausanne (Suisse). Dans son entourage, ce n’est un secret pour personne que le double tenant du titre craint une potentielle infection (et un retour forcé dans son foyer monogame) bien plus qu’une perte de temps sur l’un de ses adversaires, toujours réversible.
“Quand ce n’est pas Tadej, c’est Wout”
La situation sanitaire – et ses possibles conséquences – a fait un samedi très maussade entre Dole (Jura) et Lausanne malgré un parcours favorable sur le papier pour les attaquants. Wout van Aert (Jumbo-Visma) a doublé la mise après un sprint de vingt-six coureurs, suite à son succès à Calais mardi.
Le maillot vert a devancé l’Australien Michael Matthews (BikeExchange) et un Tadej Pogacar heureux d’obtenir quatre secondes de bonification en déplacement. Comme le résume Benjamin Thomas (Kofidis) : « Quand ce n’est pas Tadei, c’est Wout. Mais avec deux semaines restantes, nous espérons qu’ils fatigueront sur les grandes pistes de montagne et nous donneront des opportunités sur les plus faciles. »
Revivez l’étape 8 du Tour de France 2022 : Van Aert remporte la deuxième victoire lausannoise à ce stade
Samedi, l’Italien Mattia Cattaneo (Quick-Step Alpha Vinyl) et le Britannique Fred Wright (Bahrain Victorious), épaulés un temps par le Belge Frederik Frison (Lotto-Soudal), ont également donné un joli numéro avec une échappée partie de le début. de la scène. Wright a même poussé la résistance un peu plus loin, pour être rattrapé dans les premiers mètres de la colline du Stade Olympique, à 3,5 kilomètres de l’arrivée.
Cependant, le peloton a toujours été aux commandes, ne leur laissant que peu d’espoir. Les téléspectateurs non plus. Bref, les deux seuls moments où un frisson a traversé cette chaude journée suisse ont été la chute collective survenue au kilomètre 9, retardant de nombreux leaders du classement général – dont Tadej Pogacar – et coûtant le Tour à l’Américain Kevin Vermaerke (DSM). .
Et puis il y a eu ce moment insolite, à 47 kilomètres de l’arrivée, dont Thibaut Pinot va rire un jour, mais pas tout de suite. Atteignant son sac, le Français a été poussé par inadvertance par l’assistant de Trek-Segafredo. Hébété, il s’est retrouvé dans les bras d’un spectateur, un peu surpris, mais masqué.
A lire aussi : Article pour nos abonnés sur Tour de France 2022 : Thibaut Pinot, figure romantique et populaire du cyclisme
Retour de la “bulle” ?
Des spectateurs aux fenêtres de leur domicile lors de l’étape 8 du Tour de France, entre Dole et Lausanne, le 9 juillet 2022. DANIEL COLE / AP
On ne va pas se mentir, pendant les quarante-huit heures de la journée de repos et donc des tests préventifs obligatoires au Covid-19, la tête était un peu ailleurs. Le protocole de l’Union cycliste internationale (UCI) a beau s’être assoupli et un résultat positif ne peut plus – en théorie – être synonyme de disqualification automatique de l’épreuve, l’angoisse reste palpable. Le directeur général de Groupama-FDJ, Marc Madiot, admet qu’il n’est “pas médecin”. Mais il sait observer : “J’ai vu ce qui s’est passé au Tour de Suisse. Lorsque le virus atteint le peloton, il se propage rapidement. Bref, Mayenne poursuit : « Nous vivons avec une tempête au-dessus de nos têtes qui peut exploser sur nous à tout moment. “La situation crée une part de stress supplémentaire, reconnaît Guillaume Martin (Kofidis), même si “sur un circuit, en général, les maladies font partie du jeu”. Après deux années marquées par la pandémie, le choix a été fait d’apprendre à vivre avec le virus. Et ici l’écart avec le peloton est notable. Et les avis divergent. Évidemment, il est difficile de faire sortir le public du bord de la route, mais faut-il revenir à un système de “bulles” comme cela s’est produit lors des deux éditions précédentes ? Pour Jean-René Bernaudeau, directeur de TotalEnergies, la réponse est évidente. “Nous prenons des précautions avec le test PCR tous les trois jours et le test antigénique tous les jours, et ce matin au village d’origine je suis obligé de traverser la foule. Je ne comprends pas pourquoi nous ne protégeons pas davantage cette bulle de course, cette bulle est l’avenir de ce Tour », dit-il. Guillaume Martin, comme à son habitude, est plutôt philosophe. Pour la population générale, le Covid-19 est désormais moins grave qu’autrefois, développe le coureur. Difficile dans ces conditions de rebrousser chemin. “Nous, le peloton, le Tour de France, ne sommes qu’un microcosme, par rapport au macrocosme qu’est le public. Il y a deux points de vue qui sont raisonnables et non évidents. » A Lausanne, dans le “sous-microcosme” des fans, dont beaucoup ont connu la tournée “sous une bulle” en 2020 et 2021, un certain fatalisme gagne du terrain. En salle de presse ce mardi, plus que les prouesses de Wout et Tadej, la discussion a porté sur la possible fermeture de l’accès à la zone des coachs de l’équipe, lieu d’échange avec les coureurs et leur encadrement après les étapes, où port du masque est déjà obligatoire. Notre sélection d’articles pour le Tour de France 2022 Alexandre Pedro (Lausanne (Suisse), envoyé spécial) et Aude Lasjaunias (Lausanne (Suisse), envoyé spécial)