Les Bleues ont manqué de temps. Dernière grande nation à avoir participé à l’Euro féminin de football, les joueuses de Corinne Diacre étaient impatientes au camp de base rural d’Ashby-de-la-Zouch et avaient hâte d’en découdre dimanche. Le 10 juillet, sur le gazon immaculé du New York Stadium de Rotherham (Grande-Bretagne).
Et ça s’est ressenti, avec des Françaises qui ont commencé très tôt, avant la fin du compte à rebours officiel. Puis c’est au tour du tableau d’affichage de monter, sans que le chronomètre de match ne s’affiche. Quoi qu’il en soit, il a fallu moins d’une mi-temps au Tricolore pour conclure l’affaire contre l’Italie (5-1), mais ils ont été annoncés comme un potentiel épouvantail du Groupe D.
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Près de seize ans après France-Italie le 9 juillet 2006 en finale masculine de la Coupe du monde – battus par les Bleus aux tirs au but – les Français n’ont pas pris la peine de jouer sur les nerfs de leurs supporters. La lecture du match aurait été si différente si la gardienne Pauline Peyraud-Magnin n’avait pas arrêté le match, laissant du bout du pied droit telle une handballeuse le tir vide de l’Italienne Barbara Bonansea (4e), alors que le score était encore vide.
Grâce touchée
Après ce coup de chaud est venu la tempête Grace Geyoro, auteure d’un triplé et logiquement désignée homme du match. Blessé lors de la pré-saison, le pensionnaire du Paris Saint-Germain est revenu juste à temps pour ce rendez-vous continental. Marie-Antoinette Catoto (12e) et Delphine Cascarino (38e) ont complété le tableau des buteuses. Peu utilisée lors de la Coupe du monde 2019, la joueuse de 25 ans confirme le poids qu’elle a pris sur le jeu en club parisien depuis plusieurs saisons. Le numéro 8 a su monter en puissance quand le jeu l’exigeait. La native de Kolwezi (adversaire République populaire) a profité de la grande liberté de l’entrejeu pour se retrouver souvent proche de la surface, comme sur le premier but (9e), ou le quatrième but (40e). “J’ai réussi à me procurer beaucoup d’occasions, j’ai été bien servi par mes coéquipiers, que ce soit dans les centres ou les déviations. J’ai essayé au maximum de soutenir les actions”, a décrypté le joueur en conférence de presse, avec un trophée individuel posé sur le pupitre. Très expressive dans sa zone technique sur chacun des buts de son équipe et souriante en fin de match, Corinne Diacre a traité le deuxième point au micro de TF1 en fin de match : “Il faudrait qu’il se blesse plus souvent” a plaisanté le coach . . A lire aussi : Euro foot 2022 : les Bleus sont à la recherche d’un premier grand trophée
Un but et une passe décisive pour Katoto
Le trio coup sur coup du Parisien était à leur avantage, avec un Candidiato Diani très remuant sur son flanc droit, tourmentant à plusieurs reprises l’ailier Lisa Boatin. Marie-Antoinette Katoto a également pesé lourdement avec son jeu dos au but et ses appels tranchants. Pour son premier match dans une grande compétition, la numéro 9 – qui se sait très attendue – a marqué un but et délivré une passe décisive.
Après deux matchs de préparation remportés haut la main contre des adversaires très faibles – le Cameroun et le Vietnam – la France pouvait compter sur des retours importants avant la rencontre, comme ceux de la capitaine Wendie Renard, de l’arrière Sakina Karchaoui et donc de Grace Geyoro. La grosse surprise est venue de la défense centrale, après que Corinne Diacre se soit passée des services de Griedge Mbock au profit d’Aissatou Tounkara.
⚽️⚽️⚽️⚽️⚽️ Ils ont fait le show ce soir ✨ #FiersdetreBleues #FRAITA https://t.co/12jGokWwzL
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Et si ces succès fluviaux lors de l’avant-tournoi étaient vus comme insignifiants face à la faiblesse des adversaires, cette victoire est un indice, face à une équipe que l’on croyait avoir plus de chances de bouleverser la France.
“Nous nous attendions à un meilleur résultat et à un jeu plus compétitif”, a admis l’entraîneur italien Milena Bertolini. “La France a déjà beaucoup d’expérience avec ses jeunes joueurs qui sont déjà très forts. L’Italie aura besoin de beaucoup de courage”, a averti l’ancienne internationale Patrizia Panico au Monde en marge de la rencontre.
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Un grand pas vers les quartiers
La troisième nation de la FIFA a brillé face à un pays animé par une philosophie de jeu ambitieuse. Alors les Transalpines cherchaient toujours à bien relancer le ballon, en s’appuyant sur des passes courtes, et auraient pu faire douter les troupes de Corinne Diacre d’une ouverture. Les Azzurri ont été tenus en échec par un match nul prometteur face à l’Espagne le 1er juillet (1-1). Mais l’absence de Valentina Cernoia – positive au Covid -, véritable métronome du milieu italien, a été remarquée.
Si les supporters français se sont éparpillés un peu partout parmi les 8.571 spectateurs présents dans les tribunes du New York Stadium, les Tricolores ne se sont pas éparpillés, malgré une fin de match moins maîtrisée. Menant de cinq buts à la pause, les Italiennes avaient l’avantage de sauver les honneurs grâce à Martina Piemonte (76e) et auraient pu réduire encore l’écart en fin de match si Selma Bacha n’avait alors eu Peyraud-Magnin à la porte. il n’a pas fait deux arrêts. “Les joueurs sont humains et forcément la deuxième mi-temps a été moins bonne”, résume Corinne Diacre.
Avec une confortable différence de buts (+4), une nouvelle victoire contre la Belgique le 14 juillet – tenue en échec par l’Islande (1-1) – assurerait la qualification des Bleues pour les quatrièmes de la journée nationale – finales.
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Walid Kachour (Rotherham, Grande-Bretagne, envoyé spécial)