Robert Hogue, économiste en chef adjoint à RBC, affirme que la banque centrale du Canada devrait emboîter le pas. « La Banque du Canada doit vraiment intervenir, car il est évident que l’inflation est déjà très élevée. Nous sommes proches des 8 %. » — Citation de Robert Hogue, économiste en chef adjoint, Banque Royale L’économiste prévoit un resserrement assez rapide qui pourrait pousser le taux directeur aux alentours de 3 % d’ici la fin de l’année. Ce ne sera pas le dernier. La Banque du Canada devrait le faire à nouveau en septembre, a-t-il déclaré. Robert Hogue, économiste principal à la Banque Royale. Photo : Radio Canada La Banque du Canada a déjà effectué deux augmentations consécutives d’un demi-point de pourcentage (ou 50 points de base) en avril et en juin, sans précédent en plus de 20 ans. La banque centrale n’a pas exclu de relever son taux directeur de trois quarts de point (75 points de base) mercredi. C’est possible, a déclaré le gouverneur par intérim Paul Beaudry dans une interview avec Economy Zone le mois dernier. Michael Devereux, professeur d’économie à l’Université de la Colombie-Britannique, affirme que l’établissement d’un taux directeur n’est pas une science exacte et qu’il existe de nombreux facteurs inconnus. L’important est de ne pas trop surprendre les marchés. Il serait difficile pour la Banque de justifier une augmentation moindre, dit-il. L’un des impacts les plus importants, dit-il, se fera sentir sur le marché immobilier. Rembourser une hypothèque coûtera plus cher et rebutera les acheteurs. Le marché a déjà trop ralenti, crache l’économiste. Michael Devereux est professeur d’économie à l’Université de la Colombie-Britannique et membre du Conseil de politique monétaire de l’Institut CD Howe. Photo : Université de la Colombie-Britannique

Une randonnée encore plus agressive ?

Steven Abler, professeur agrégé au Département d’économie de l’UQAM et chercheur à l’Institut CD Howe, espère que la Banque du Canada ira encore plus loin. Elle préconise une hausse d’un point de pourcentage, poussant le taux directeur à 2,5 %. « La Banque du Canada, bien qu’elle ait commencé à augmenter ses taux d’intérêt, perd du terrain. » — Une citation de Steven Ambler, professeur agrégé au Département d’économie de l’UQAM Il souligne que l’écart entre l’inflation et le taux d’intérêt directeur au Canada s’élargit, ce qui réduit l’impact du resserrement de la politique monétaire. Steve Ambler est professeur agrégé au Département d’économie de l’UQAM et chercheur associé à l’Institut CD Howe. Photo : Émilie Tournevache La hausse des taux coûte plus cher aux emprunteurs, ce qui devrait dans un premier temps calmer la demande et réduire la consommation, notamment pour l’immobilier ou les biens durables comme les voitures et l’électroménager. Mais lorsque l’inflation est plus élevée que le taux d’intérêt, ces gens sortent gagnants, dit Ambler. Il note que l’inflation réalisée est une mesure imparfaite de l’inflation anticipée, mais que la tendance reste préoccupante. Le taux d’intérêt réel est le taux d’intérêt bancaire moins le taux d’inflation. Déjà au début de l’année, il était négatif et est devenu encore plus négatif. Donc si on veut réduire la demande pour lutter contre l’inflation, le taux d’intérêt réel devrait au moins devenir moins négatif, estime l’économiste. Démarrez le widget. Omettre le widget ? Fin du widget. Revenir en haut du widget ? Si j’emprunte, disons, 100 $ au début de l’année et que je dois rembourser 105 $ à la fin de l’année, c’est un taux d’intérêt nominal de 5 %. Si les prix augmentent de 10 % entre-temps, ce que je dois payer à la fin de l’année, en termes de pouvoir d’achat, c’est 95 $, dit-il. Prenons l’exemple de mai dernier : le taux directeur a été fixé à 1 % alors que l’inflation était de 7,7 %. Le taux d’intérêt réel était donc de -6,7 % ce mois-là. Agrandir l’image (Nouvelle fenêtre). Lorsque l’inflation est supérieure au taux directeur, comme c’est le cas aujourd’hui au Canada, le taux réel est négatif. Photo : Radio-Canada / Colin Roch

Un jeu d’équilibre

Une hausse trop agressive pourrait toutefois plonger le Canada dans la récession, plaide l’économiste de RBC Robert Hogue, qui prévoit déjà une légère contraction l’an prochain. Ce sera un défi de trouver le bon dosage pour ne pas mettre en péril la stabilité de l’économie, dit-il. La grande question : est-il possible de contrôler l’inflation sans ralentir l’économie ? C’est hautement improbable, a déclaré Hogue. C’est un jeu d’équilibre, c’est très délicat. Il faudrait en effet que les dépenses ou la demande croissent moins vite que la capacité productive de l’économie, confirme l’économiste Steven Abler. Démarrez le widget. Omettre le widget ? Fin du widget. Revenir en haut du widget ?