Monkeypox : populations éligibles, délais d’attente, modes d’injection… Cinq questions sur la vaccination franceinfo : Est-ce une maladie qu’il faut prendre au sérieux ? Dr. Benjamin Davido : Oui, tout à fait. En fait, on voulait tellement au départ ne pas stigmatiser la population à risque [les hommes ayant des relations homosexuelles] que nous nous en sommes tenus aux descriptions historiques de la variole du singe dans sa forme originelle, c’est-à-dire l’épidémie qui sévit en Afrique. En fait, ce que nous voyons aujourd’hui est typiquement la présentation d’une infection sexuellement transmissible avec des lésions parfois très difficiles à distinguer qui peuvent être très petites et passer pour une maladie tout à fait courante. Et malheureusement, le fait qu’on rate le diagnostic signifie qu’on ne consultera pas et qu’on va infecter. Est-ce considéré comme une maladie sexuellement transmissible ? C’est la question épineuse. Officiellement, les anglo-saxons parlent d’une infection sexuellement transmissible, mais pas d’une maladie sexuellement transmissible. En fait, il existe des preuves dans certaines publications de petites séries de cas montrant que le sperme de patients malades était également infectieux. Il est très probable que cette définition changera. « Jusque-là, on n’en parlait pas parce qu’on s’appuyait sur la maladie qu’on connaît, qui n’a pas ou très peu de transmission dans des rapports très proches. Mais on voit bien que c’est une maladie qui, en touchant les organes génitaux, est en partie sexuelle. “ Dr Benjamin Davido, infectiologue chez franceinfo Y a-t-il eu des évolutions plus graves de la maladie ? On sait qu’il peut y avoir des formes graves. Le risque est que, par exemple, les personnes immunosupprimées puissent être infectées, alors qu’il existe également des patients hospitalisés. Evidemment ça reste à l’écart mais nous avons nous même eu un patient qui avait une forme sévère d’ORL. Et puis une des complications peut être une surinfection. Où en est-on avec le vaccin qui existe aujourd’hui ? Vous devez être très modeste. Ce que l’on peut espérer, c’est une efficacité d’au moins 60% et espérons que cette vaccination ralentira, sinon anéantira, l’épidémie. Nous avons été retardés du fait que nous avions un souci de logistique, tant au niveau de l’organisation que du prix. Cette décision [l’ouverture de la vaccination préventive] en tout cas c’était la bonne chose, très clairement, car le but c’est un vaccin préventif, ce n’est pas d’attendre les cas contacts pour aller vacciner ceux qui le souhaitent. Le problème est qu’aujourd’hui nous avons basé cette vaccination sur des appels téléphoniques. ça tombe dans les normes, très clairement. Nous recevons environ 80 appels par matinée et prenons environ 20 rendez-vous.