Une information judiciaire pour corruption et dissimulation d’agents publics étrangers visant Alstom a été ouverte le 23 mars à la suite d’une plainte au civil déposée par l’association anticorruption Anticor, a appris mardi une source judiciaire. Le club avait en décembre 2020 porté plainte pour corruption contre X avec constitution de partie civile auprès du doyen des enquêteurs du tribunal de Paris, une démarche qui aboutit à l’ouverture quasi systématique d’une information judiciaire. En 2014, les dirigeants d’Alstom se sont mis d’accord pour vendre la principale activité énergétique de leur groupe à l’industriel américain General Electric (GE) pour environ 12 milliards d’euros. La même année, en décembre, le groupe français avait payé une amende record de 772 millions de dollars aux Etats-Unis pour des faits de corruption dans plusieurs pays. Lire aussi Alstom remporte un contrat de métro de 387 millions d’euros en Inde À VOIR AUSSI – Alstom-Bombardier : l’UE doit-elle approuver la fusion ? Ces actes de corruption ont conduit à “l’affaiblissement d’Alstom”, qui “a facilité le rachat du secteur de l’énergie par GE avec des conséquences négatives pour l’emploi et très positives pour la rémunération des acteurs de cette fusion”, avait estimé Anticor dans un communiqué. . au moment de la plainte. “Ces actes, commis par des personnes physiques, sont d’une extrême gravité car ils ont entraîné la perte d’un des fleurons français au profit des Américains”, a déclaré à l’AFP l’un des avocats d’Anticor, Me Etienne Tete. Lire aussi Montpellier : Alstom perd l’offre de 77 nouveaux tramways face à l’espagnol CAF “Puisque les dirigeants d’Alstom ont plaidé coupables d’actes de corruption aux Etats-Unis et que la personne morale a été condamnée, cela signifie nécessairement que des personnes physiques ont commis ces actes de corruption”, a expliqué Me Tête. Pour la présidente de l’association, Elise Van Beneden, il est important que “les responsables, personnes physiques et morales, soient jugés devant la loi française”. “La tentaculaire affaire Alstom est l’un des plus gros scandales gouvernementaux impliquant des questions de souveraineté industrielle, énergétique et diplomatique”, a-t-il déclaré. A l’appui de cette plainte, Anticor s’appuyait notamment sur le rapport parlementaire de 2018 sur la politique industrielle de la France, l’accord de non objection signé par Alstom aux Etats-Unis et le livre écrit par un ancien cadre du groupe français, Frédéric Pierrucci, qui était condamné aux États-Unis dans une affaire de corruption en Indonésie. Le rachat controversé d’Alstom par GE fait également l’objet d’une enquête préliminaire du parquet national économique, à la suite d’une saisine de la justice en 2019 par Olivier Marleix, alors président de la commission d’enquête parlementaire. Par ailleurs, le comité social et économique et l’intersyndicale GE de Belfort ont déposé plainte auprès du PNF en mai dernier, notamment pour blanchiment d’argent, contre le groupe américain. À VOIR AUSSI – Quel avenir pour Alstom et Siemens après la fusion avortée ?