Un résumé des dix derniers jours en quarante mots : le Sri Lanka traverse la pire crise économique de son histoire. L’inflation et les pénuries étouffent la population insoumise. Invasion de la résidence du président. les manifestants se baignent dans sa piscine et dorment dans son lit. Cette crise sri-lankaise pourrait aussi se réduire à une formule mathématique : un endettement bâclé, ajouté à une pandémie dévastatrice pour l’industrie du tourisme, multipliée par la guerre en Ukraine qui renchérit le coût de l’énergie et de l’alimentation. Résultat : une classe moyenne qui s’appauvrit en quelques mois et se révolte. un président qui part comme un lâche… mais rien n’est réglé. MULTIPLICATION DES OBSTACLES La récession du Sri Lanka ne s’est pas produite soudainement. Les trente derniers mois de la pandémie et la guerre russe en Ukraine ont chamboulé les finances publiques et le quotidien des populations. La corruption et les mauvaises décisions des autorités ont fini par saper l’économie nationale : de plusieurs milliards de dollars lors de l’entrée en fonction de Gotabaya Rajapaksa en 2019, les réserves de change n’étaient plus que d’un million de dollars lors de son départ mardi dernier. Malheureusement, le Sri Lanka n’est pas seul dans cette impasse. La semaine dernière, la directrice générale du Fonds monétaire international, Kristalina Georgieva, a tiré la sonnette d’alarme sur l’accélération de la dette causée par la pandémie de COVID-19 : « 30 % des économies en développement et émergentes et 60 % des personnes à faible revenu sont au bord de la crise. sur-endettement. » LE PREMIER DOMINO À TOMBER ? La liste des pays dont la dette préoccupe de plus en plus le FMI et la Banque mondiale ne cesse de s’allonger. La Zambie, le Tchad et le Ghana ont récemment été rejoints par l’Ethiopie – deuxième pays le plus peuplé d’Afrique – et le Pakistan qui, avec ses 220 millions d’habitants et son arsenal nucléaire, fait des cauchemars aux connaisseurs de la région. La Chine, avec les grands projets des « Nouvelles Routes de la Soie », grève les finances de ces pays. En Afrique, par exemple, ce que Djibouti et l’Angola doivent à leurs créanciers chinois dépasse 40% de leur richesse nationale ! Le Sri Lanka a beaucoup emprunté aux Chinois, souvent des dettes à court terme, que le pays a dû rembourser en faisant d’autres emprunts… la voie royale vers la faillite. Ce qui reste frappant dans cette crise, c’est la rapidité avec laquelle tout s’est effondré. Il n’y a que quatre ans entre 2018, lorsque l’économie du Sri Lanka faisait l’envie de l’Asie du Sud, et 2022, lorsque personne ne sait comment sortir de la tourmente, c’est tellement intense. Une leçon universelle : restons nous aussi sur nos gardes !

SRI LANKA, LA PERLE DE L’OCEAN INDIEN

Diversité ethnique et religieuse 23 millions d’habitants

74,9 % Cingalais 11,2% tamoul 9,2% Maures sri-lankais 70% bouddhiste 12,6% Hindous 9,7% musulmans 6,1 % catholiques

Espérance de vie

homme de 74,5 ans Femme 81,5 ans

Source : CIA The World Factbook, 2022

LA CHINE, CROYANTE EVIDEMMENT

Pays ayant la dette extérieure la plus élevée envers la Chine

Pakistan 77,3 milliards de dollars Angola 36,3 milliards de dollars Éthiopie 7,9 milliards de dollars Kenya 7,4 milliards de dollars Sri Lanka 6,8 milliards de dollars

Source : Banque mondiale, 2020