Si les pompiers, venus des quatre coins de la France, sont toujours en alerte maximale à Bessèges, Bordezac et Gagnières, les habitants peuvent pousser un ouf de soulagement. Après deux jours de combats, jeudi et vendredi, l’incendie a finalement été maîtrisé. Les Cévennes constatent désormais les dégâts. Car si une seule maison a brûlé, sur la commune de Bessèges, le feu a largement touché des maisons dans de nombreuses parties du territoire. Comme pour Didier, une histoire de Bordezac : “Je travaille à Orange, donc je n’ai pas tout de suite remarqué l’incendie.” Heureusement, Nathalie, sa compagne, qui tient le magasin CèzeDiscount à Bessèges, s’est précipitée chez elle dès qu’elle l’a appris : « Je suis arrivée, la maison était en flammes, c’était vraiment impressionnant. Sans l’intervention des pompiers, qui maintenaient les flammes aux abords de la maison, celle-ci aurait manifestement brûlé.
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Malgré les dégâts, Didier et Natalie restent positifs
Attablés devant un melon, une pizza et une bouteille de rosé, Didier et Nathalie ont été rejoints par leur ami Serge et son fils Frédéric. Ces deux derniers n’ont pas de maison au village, mais un terrain d’environ cinq arpents. “Le haut est complètement brûlé, on n’est pas encore allé voir le bas, mais je pense que c’est pareil”, explique-t-il. Le feu s’est propagé devant la maison de Didier et Natalie. Corentin Mirallés – Midi Libre Malgré l’état de leur chantier calciné, Didier et Natalie restent positifs, « dans ce malheur nous avons quand même eu beaucoup de chance », mais s’interrogent : « Les risques d’incendie sont encore connus. Le pin, planté il y a des années pour les mines, est un arbre qui brûle très bien. Pourquoi n’y a-t-il pas de politique de reboisement avec des essences authentiques des Cévennes, comme le châtaignier ? Une question qui revient régulièrement lors des conversations…
“Nous avions fait nos valises, au cas où”
Il est 16h30 jeudi. Martine et Robert sont tranquillement au bord de leur piscine, qui surplombe le Col de la Matte, quand, soudain, Robert aperçoit une épaisse fumée derrière la colline. “J’ai immédiatement appelé les pompiers pour les alerter.” Quelques minutes plus tard, une autre fumée, plus proche de lui, sur la route de Gagnières. Le couple a de nouveau appelé à l’aide. Deux jours plus tard, le paysage a bien changé, le feu a décimé la forêt. “C’était spectaculaire, le feu a recouvert toute la vallée en 1h30 d’une fumée géante. Je n’avais jamais vu ça”, se souvient Martine. S’ils n’ont jamais craint pour leur vie car « entourés des gendarmes dormant dans le pré juste à côté », les deux Bordezac avouent une certaine angoisse : « On n’a pas dormi de la nuit, on a regardé l’évolution du feu. Et puis, nous nous étions emballés au cas où”. Si, aujourd’hui, la tension est retombée et qu’ils remercient, comme tout le monde (voir encadré), les secours, Martine et Robert ne sont pour l’heure jamais loin de l’angle sous lequel ils peuvent observer d’éventuelles répétitions. Du moins jusqu’à ce soir, vendredi, car “allons faire la fête”, se réjouissent-ils. Après le feeling, rejoignez la fête.
Chez les pompiers, la fête n’est pas pour l’instant
Pour les pompiers, la fête viendra un peu plus tard. 520 sapeurs-pompiers étaient encore actifs dans les trois communes pour prévenir toute récidive. Le colonel Éric Agrinier, du Sdis 30, expliquait ce matin les ingrédients du parfait cocktail incendiaire : “Il y a trois éléments climatiques qui nous font rester extrêmement vigilants : une faible humidité, une forte chaleur et un vent qui se lève après midi.” Tout cela provoque des petits incendies sporadiques, qui sont immédiatement détectés par l’avion de reconnaissance qui prévient alors les nombreuses équipes dispersées dans la zone. “On travaille en bordure avec les camions, explique un pompier de Haute-Loire. Puis, quand ils sont trop à l’intérieur des terres, on y va avec des gicleurs d’eau pour faciliter l’accès et le chargement.” Les habitants ont également été invités par les services d’urgence à autoriser certains groupes à se garer sur leur terrain pour avoir une bonne vue sur certaines parties importantes du territoire.
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Et si des sapeurs-pompiers venus d’ailleurs se redéployent lentement dans le reste du département ou dans d’autres régions du pays pour intervenir sur d’autres incendies, le Gard continuera à surveiller de très près les suites de cet incendie pendant les semaines à venir.
Aux pompiers, les riverains reconnaissants
Pour les 520 sapeurs-pompiers encore présents à Bessèges, Bordezac et Gagnières, les messages de remerciements, qui ont fleuri sur tout le territoire dans la journée de samedi, ont dû être les plus motivants. Le matin, on pouvait lire sur un gros morceau de plastique collé au portail d’une maison de Bessèges “Merci à tous !!!”. Plus haut à Bordezac, sur le bord de la route, un coeur bleu accompagné d’un “Merci les pompiers”, était assis sur le bord de la route. Puis, en fin d’après-midi, sur une feuille accrochée à un fil au-dessus d’une rue, il a écrit “Merci” au feutre rouge, accompagné de deux cœurs de la même couleur. Ces messages font écho aux nombreux témoignages oraux d’habitants entendus ça et là depuis le début de l’incendie, qu’un Beseguewa a très bien résumés : « Sans eux, des maisons auraient brûlé et des gens seraient morts.