• A lire aussi : ‘N’importe qui peut être une cible’ : Haïti sous l’emprise des gangs • Lire aussi : Des Haïtiens terrifiés et découragés • Lire aussi : Port-au-Prince plonge dans la violence : 89 morts dans des affrontements de gangs “La plupart des victimes ne sont pas directement liées aux gangs, mais ont été ciblées par des membres de gangs et nous avons également reçu de nouvelles informations sur les violences sexuelles”, écrit le Haut-Commissariat des Nations unies aux droits de l’homme, qui a recensé 934 meurtres, 684 blessés et 680 enlèvements durant la période de janvier à fin juin 2022. Une précédente évaluation du Réseau national de défense des droits de l’homme – une ONG – a fait état de 89 morts, 74 blessés et 16 disparus. “Nous sommes profondément préoccupés par l’aggravation de la violence à Port-au-Prince et l’augmentation des violations des droits de l’homme commises contre la population locale par des gangs lourdement armés”, écrit Jeremy Lawrence, porte-parole du Haut-commissariat. “Nous exhortons les autorités à respecter tous les droits de l’homme et à les placer au cœur de leurs actions dans cette crise”, poursuit-il. « La lutte contre l’impunité et les violences sexuelles, ainsi que le renforcement des droits humains et le suivi de leur mise en œuvre doivent rester une priorité », explique-t-il. “Nous appelons les responsables et ceux qui soutiennent cette violence armée à cesser immédiatement et à respecter la vie et le travail de tous les Haïtiens, dont la plupart vivent dans la pauvreté”, a déclaré le porte-parole dans un appel qui ne sera probablement pas entendu. Depuis vendredi, des explosions d’armes automatiques crépitent toute la journée à Cité Soleil, la commune la plus défavorisée et la plus densément peuplée de l’agglomération : deux factions de gangs s’y affrontent sans que la police, manquant d’hommes et de matériel, n’intervienne. Le long des couloirs des bidonvilles qui s’y sont formés au cours des quatre dernières décennies, des milliers de familles n’ont d’autre choix que de se cacher dans leurs maisons, incapables de trouver de l’eau et de la nourriture. Certains habitants sont victimes de balles perdues même à l’intérieur de leurs modestes maisons faites de simples tôles, mais les ambulances ne sont pas autorisées à se déplacer librement dans la zone pour venir en aide aux blessés. Ces conflits de gangs meurtriers affectent toutes les activités dans toute la capitale car Cité Soleil abrite le terminal pétrolier qui approvisionne Port-au-Prince et tout le nord d’Haïti. Dans toute la capitale, les stations-service ne distribuent plus une goutte de carburant, faisant grimper les prix du marché noir. Depuis plus de deux ans, les gangs ont intensifié les enlèvements vicieux dans la ville, isolant des personnes de tous les milieux sociaux et économiques et de toutes les nationalités. Bénéficiant d’une impunité généralisée, les gangs criminels ont intensifié leurs actions depuis des semaines : au moins 155 enlèvements ont été commis en juin contre 118 en mai, indique le Centre d’analyse et de recherche sur les droits de l’homme dans son dernier rapport publié mercredi.