Publié à 6h13
Frankie TAGGART Agence France-Presse
Bordant la péninsule de Crimée annexée par Moscou en 2014, la région de Kherson est largement occupée par les forces russes dans le cadre de l’invasion qui a débuté le 24 février. L’armée ukrainienne y mène depuis plusieurs semaines une contre-offensive, tandis que le gros des troupes russes est déployé dans le Donbass (est). Selon des responsables militaires ukrainiens en charge du sud du pays, la frappe a tué 52 soldats russes et détruit “un dépôt de munitions” à Nova Kakhovka, à environ 70 km de la grande ville de Kherson, qui compte 290 000 habitants. De son côté, le chef de l’administration militaro-civile établie à cet endroit par les forces russes, Vladimir Leontiev, a dénoncé un “acte terroriste” et “une terrible tragédie”, confirmant sur Telegram : “Il n’y a pas de cible militaire ici”. “. “Il y a déjà sept morts et une soixantaine de blessés”, a-t-il dit, assurant que “le nombre (de victimes) va augmenter, car l’étendue des dégâts est énorme”. “Des dizaines de maisons ont été touchées”, a-t-il ajouté, ainsi que des entrepôts, des magasins, une pharmacie, des stations-service “et même une église”. Selon lui, “il est clair qu’il s’agit d’une attaque délibérée, violente et cynique avec des missiles de haute précision”. Ekaterina Goubareva, chef adjointe de l’administration d’occupation de la région de Kherson, a également signalé sept morts et accusé les forces ukrainiennes d’utiliser des lance-roquettes multiples Himars américains. Il n’a pas été possible dans l’immédiat de vérifier ces affirmations de manière indépendante.
boule de feu
Dans une vidéo diffusée par les médias russes, on voit une énorme boule de feu et des épis de maïs tirer dans le ciel au milieu de la nuit, tandis que de fortes explosions se font entendre et qu’une épaisse colonne de fumée blanche s’élève. Sur d’autres images prises le matin et diffusées par les autorités d’occupation, on voit plusieurs bâtiments endommagés. Dans l’est du pays, où les bombardements russes se poursuivent, l’Ukraine s’attend à une nouvelle attaque russe sur la région de Donetsk située dans le Donbass, un bassin minier partiellement contrôlé depuis 2014 par des séparatistes soutenus par Moscou. “Il y a des signes que des unités ennemies se préparent à intensifier les opérations de combat en direction de Kramatorsk et de Bakhmut”, a averti l’état-major ukrainien. Kramatorsk, le centre administratif du Donbass toujours sous contrôle ukrainien, et Sloviansk voisin sont considérés comme les prochaines cibles de l’armée russe dans leur plan de conquête complète du Donbass, quatre mois et demi après le début de l’invasion de l’Ukraine. L’ouverture de l’ambassade de la région séparatiste de Donetsk aura lieu mardi à Moscou, en présence du ministre russe des Affaires étrangères Sergueï Lavrov. Lundi, la Russie a annoncé qu’elle faciliterait l’obtention de la citoyenneté russe pour tous les Ukrainiens, prolongeant une mesure qui s’appliquait jusqu’à présent aux territoires ukrainiens qu’elle détient.
34 morts à Chassiv Iar
Le bilan de l’attentat à la bombe de dimanche attribué à la Russie dans un immeuble à Chassiv Iar, dans la région de Donetsk, n’a cessé d’augmenter alors que les opérations de sauvetage se poursuivent, atteignant au moins 34 morts, selon les autorités locales.
A Kharkiv (nord-est), six civils ont été tués lundi par une frappe russe, selon le gouverneur Oleg Synegoubov.
Confrontée, selon Washington, à des problèmes de maintien de son armement, la Russie devra recevoir, pour sa part, “des centaines de drones” qui lui seront livrés par l’Iran.
“Nos informations indiquent que le gouvernement iranien s’apprête à livrer jusqu’à plusieurs centaines de drones, dont des avions de chasse, à la Russie dans un délai très court”, a déclaré lundi le conseiller à la sécurité nationale de la Chambre des communes. Blanche, Jake Sullivan.
Les drones ont joué un rôle important depuis le début de la guerre pour les opérations de reconnaissance, les lancements de missiles ou les largages de bombes.
Dans le même temps, l’Europe est entrée dans une période d’incertitude concernant la poursuite des livraisons de gaz en provenance de Russie, alors que le géant russe Gazprom a entamé lundi des travaux de maintenance sur les deux gazoducs Nord Stream 1 qui alimentent l’Allemagne et d’autres pays occidentaux d’Europe.
Cette escale de dix jours n’était en théorie qu’une formalité technique. Mais avec la guerre en Ukraine et le bras de fer entre Moscou et l’Occident sur l’énergie, nul ne peut parier sur le rétablissement des approvisionnements, déjà fortement réduits.
Afin de ne donner à Moscou aucun prétexte supplémentaire, l’Allemagne a obtenu du Canada la restitution des turbines du gazoduc, en maintenance sur un site canadien du groupe allemand Siemens. Ce geste a suscité l’ire du président ukrainien Volodymyr Zelensky lundi, qui a annoncé le rappel de l’ambassadeur du Canada à Kyiv “en raison d’une exemption absolument inacceptable du régime de sanctions contre la Russie”.