Fuite extraordinaire, concernant une décision potentiellement historique : ainsi résume la révélation du site Politico, lundi 2 mai, d’un projet de décision de la Cour suprême, qui abolirait le droit à l’avortement. Ce texte remplacerait le soi-disant Roe c. Wade (1973), pierre angulaire de la liberté des femmes de disposer de leur corps à l’échelle nationale au nom du droit à la vie privée. Elle donnera à chaque État la possibilité d’édicter sa propre législation, afin qu’il puisse décider, s’il le souhaite, de rendre illégal l’avortement volontaire (avortement), sans même nécessairement prévoir une exception pour le viol et l’inceste. Une douzaine d’États ont déjà adopté une législation de ce type, n’attendant que la décision finale de la Cour suprême à cet égard. Le projet a été rédigé par le juge Samuel Alito et approuvé par la majorité de ses collègues, selon le site d’information. “Roe a fait une erreur flagrante dès le début”, a-t-il écrit. Son raisonnement était incroyablement faible et la décision a eu des conséquences très désastreuses. Le document de 98 pages est très impressionnant par sa condamnation sans équivoque, qui n’avait jamais été formulée en ces termes, de toute l’architecture juridique qui a contribué à faire de l’avortement un droit constitutionnel. Il a même accusé la Cour suprême de 1973 de “court-circuiter le processus démocratique”, empêchant “un grand nombre d’Américains” de se prononcer sur cette question, par Etat. Roe c. Wade a été consolidé en 1992 avec une nouvelle décision, Planned Parenthood v. Casey. Il a fait valoir que les lois pénalisant ou restreignant l’avortement ne devraient pas créer ou conduire à un “fardeau injustifié” pour les femmes enceintes. Selon le projet dévoilé lundi, l’avortement n’est pas “profondément ancré dans l’histoire et les traditions de la nation”, donnant ainsi peu de valeur à l’idée d’émancipation et de progrès, a fortiori à l’évolution de la médecine et des usages.
Le précédent texan
La décision finale des neuf juges du tribunal est attendue d’ici la fin de l’audience, début juillet. Mais seuls les trois membres dits libéraux – Stephen Breyer, Sonia Sotomayor et Elena Kagan – sont clairement opposés à toute révision de Roe v. Patauger. La position de John Roberts, président de la Cour suprême et conservateur modéré, reste inconnue. Même s’il partageait l’avis contraire de ses trois collègues, cela ne suffirait pas à renverser l’avis de la majorité. Il ne vous reste plus qu’à lire 53,43% de cet article. Ce qui suit est réservé aux abonnés.