La France étouffe à nouveau. Depuis le début de la semaine, il subit une canicule dont l’intensité pourrait dépasser celle de 2003. Une nouvelle épreuve, alors que le pays était déjà frappé par une canicule sans précédent depuis son apparition précoce à la mi-juin. Dans ce contexte de températures caniculaires et de sécheresse, les pompiers sont appelés sur tous les fronts et ont déjà fait face à plusieurs grands incendies dans la Gironde, le Gard, les Cévennes, le Var ou les Pyrénées-Orientales. Les intempéries qui ont frappé le pays de fin mai à début juillet ont également provoqué “près d’un million de sinistres”, dont le coût est estimé à 3,9 milliards d’euros par France Assureurs. La crise climatique continue de toucher davantage la France, comme le reste du monde, illustrant les derniers rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), qui ont montré que le changement climatique s’intensifie dans toutes les régions, à des niveaux sans précédent. Alors que le GIEC appelait, début avril, à des mesures immédiates et radicales dans tous les secteurs pour “garantir un avenir durable”, la réponse du gouvernement français, pour l’instant, n’est pas à la hauteur. Elle “avance” mais reste “insuffisante”, a prévenu le Haut conseil pour le changement climatique (HCC) dans son quatrième rapport annuel, publié fin juin. Il y a donc de “gros risques” de ne pas atteindre les objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre d’ici 2030, selon l’organisme indépendant, qui appelle à un “bond en avant” de l’action climatique. Les sources d’inquiétude sont multiples : si les émissions pour 2019-2021 sont en baisse, c’est principalement en raison des effets de la pandémie de Covid-19 et du report d’une partie de l’action à plus tard. “Les mesures mises en place aujourd’hui ne suffisent pas à nous remettre sur la bonne voie”, observe la climatologue Corinne Le Quéré, présidente du HCC. Par ailleurs, l’Union européenne (UE) a augmenté ses objectifs climatiques pour 2030, il appartient donc à la France d’accroître significativement ses efforts. Le rythme annuel de réduction des émissions devra doubler, une “accélération sans précédent”, préviennent les treize experts. En parallèle, la France, qui n’est “pas prête” à affronter les effets déjà visibles du changement climatique, doit aussi mettre en place une véritable stratégie d’adaptation, rappelle le HCC. La pression est d’autant plus forte que le gouvernement est soumis à deux ordonnances judiciaires, du Conseil d’État et du tribunal administratif de Paris, lui enjoignant de prendre des mesures supplémentaires. Ces derniers mois, d’autres autorités ont relevé le retard que le pays a accumulé, l’autorité environnementale juge même que “la transition écologique n’a pas commencé”. Il vous reste 75,04% de cet article à lire. Ce qui suit est réservé aux abonnés.