Publié à 13h34 Mis à jour à 13h43
Vincent Larin La Presse
Dans une interview, les organisateurs de l’événement ont dénoncé l’incapacité de la justice à traiter adéquatement les crimes sexuels. ” [Le jugement Houle] est l’arbre qui cache la forêt, la jurisprudence regorge de décisions comparables, et c’est précisément pourquoi [le juge Matthieu Poliquin] arrivé à cette conclusion, il s’est inspiré de ce qui avait été décidé dans le passé », a expliqué l’une d’entre elles, Mélanie Lemay. “Moi, cette semaine, ma colère est dirigée contre le ministre de la Justice, a-t-il ajouté. Il nous parle de tribunal spécialisé depuis des années alors qu’il sait très bien que tous les écueils dont se plaignent les victimes resteront et cette jurisprudence demeurera, tribunal spécialisé ou non ! » Rappelons que le juge Matthieu Poliquin, dans une décision rendue en juin, a accordé une absolution conditionnelle à Simon Houle, un ingénieur de Trois-Rivières reconnu coupable d’agression sexuelle. L’homme alors âgé de 27 ans a déshabillé la victime alors qu’elle était handicapée et endormie avant d’insérer ses doigts dans son vagin et de prendre des photos de son corps. Générant une importante couverture médiatique, la décision a suscité l’indignation sur les réseaux sociaux et le directeur des poursuites pénales et criminelles (DPCP) a annoncé qu’il demanderait l’autorisation d’interjeter appel de la décision. PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE “La justice craint”, “ne me dites pas qu’il n’y a pas de culture du viol” et “des violeurs partout, la justice nulle part” n’étaient que quelques-uns des messages sur les nombreuses pancartes tenues par les participants.
L’insuffisance de la loi
C’est pourquoi les manifestants ont dénoncé plus qu’une simple décision, mais ont exigé une refonte complète du traitement des affaires d’agressions sexuelles. “On dit depuis des années que le droit pénal n’est pas adapté [pour juger des crimes de nature sexuels]. Ils nous ont emmenés au Tribunal spécial comme si ça allait changer les choses, mais ce n’est pas du tout le cas », a déploré une autre organisatrice de l’événement, Alexandra Dupuis. “La manifestation elle-même n’est pas contre la décision, mais plutôt par rapport à l’insuffisance du champ du droit pénal par rapport aux crimes sexuels”, a-t-il déclaré. PHOTO PHILIPPE BOIVIN, LA PRESSE Alexandra Dupuis, co-organisatrice de l’événement
“Nos blessures ne sont pas prises au sérieux”
Plusieurs personnes, choquées par la crise, ont tenu à exprimer leur soutien à la victime. “La décision, je l’ai trouvée vraiment irrespectueuse envers les victimes, et plus précisément envers la victime dans cette affaire. C’est une preuve supplémentaire que nos traumatismes ne sont pas pris au sérieux. […] Non seulement ça montre qu’il ne sert à rien de porter plainte car même quand il y a des aveux, des preuves, il n’y aura pas de conséquences”, a expliqué un manifestant, Loïz Poissant-Ross. Une autre participante à l’événement, Catherine, a souligné son soutien à la cause au milieu du recul des droits des femmes aux États-Unis suite au renversement de Roe v. Wade aux États-Unis. “Il est temps de protester puis de se dresser contre l’injustice pour essayer de protéger les droits que nous avons gagnés”, a-t-il déclaré. Avec la Presse canadienne