Un « deal » secret entre Emmanuel Macron et Uber. Cela se révèle Le monde et franceinfo dans une enquête, qui s’appuie sur des milliers de documents internes à Uber, révélée ce dimanche après-midi. Les documents sont envoyés quotidiennement par une source anonyme Le gardien et diffusé au Consortium international des journalistes d’investigation, expliquent comment Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, a agi en faveur du géant VTC. Sur la base de divers témoignages et documents, dont plusieurs échanges de SMS, Le monde conclut qu’il existe un “deal” secret entre Uber et Emmanuel Macron à Bercy. Le quotidien évoque des réunions au cabinet du ministre, de nombreux échanges (rendez-vous, appels ou SMS) entre les équipes d’Uber France et Emmanuel Macron ou ses conseillers, citant notamment des comptes rendus de réunions rédigés par le lobbyiste Mark McGann. En particulier, certaines pratiques visant à aider Uber à consolider ses positions en France se démarquent, comme la proposition que l’entreprise présente des amendements clés en main aux députés.
“Caz a accepté le marché”
L’enquête remonte notamment à la suspension en France d’UberPop, un service opérant entre février 2014 et juillet 2015, qui permettait aux usagers de se mettre en relation avec des véhicules dont les chauffeurs étaient des particuliers, et non des taxis ou VTC agréés. Selon les révélations de nos confrères, Emmanuel Macron aurait demandé la suspension du service en échange de l’allégement des conditions requises pour obtenir une licence VTC. Ils révèlent également des messages échangés entre Emmanuel Macron et Travis Kalanick, PDG d’Uber jusqu’en 2017 : “Peut-on faire confiance à caz (Bernard Cazeneuve, premier ministre de l’époque, ndlr) ?”, écrit Travis Kalanick. “Nous avons eu une réunion hier avec le Premier ministre, répond Emmanuel Macron. (Bernard) Cazeneuve veillera à ce que les taxis restent calmes et je rassemblerai tout le monde la semaine prochaine pour préparer la réforme et fixer la loi. Caz a accepté le deal”.
Refus de l’Elysée et d’Uber
Interrogée par l’AFP, la société Uber France a confirmé la tenue de réunions avec Emmanuel Macron : des réunions qui “étaient sous sa responsabilité en tant que ministre de l’Economie et de la tutelle numérique de la filière VTC”. Pour Uber France, la suspension d’UberPop n’a “en aucun cas été suivie d’une réglementation plus favorable”, comme le laisse entendre l’idée d’un “accord”. De son côté, l’Élysée a indiqué à l’AFP qu’Emmanuel Macron, en tant que ministre de l’Économie, “a naturellement conduit à des échanges avec de nombreuses entreprises impliquées dans la profonde mutation des services intervenue dans les années précitées, qu’”il a fallu faciliter en démêlant certaines verrous administratifs ou réglementaires ».
Indignation de la classe politique
Après la révélation de ces “Uber Files”, la classe politique française, notamment la gauche, s’est indignée. La patronne des députés LFI, Mathilde Panot, a dénoncé sur Twitter un “pillage du pays”, car Emmanuel Macron était, selon elle, “un conseiller et ministre de François Hollande et un lobbyiste d’une multinationale américaine visant à déréglementer le droit du travail”. à long terme”. . Fabien Roussel, numéro un du PCF, a fait “des révélations dévastatrices sur le rôle actif joué par Emmanuel Macron, alors ministre, pour faciliter le développement d’Uber en France”, “contre toutes nos règles, toutes nos acquis sociaux et contre les droits des travailleurs”. “. “Uber mérite une petite commission d’enquête” parlementaire, juge de son côté le député communiste Pierre Dharréville. En revanche, Jordan Bardella, président du RN, a lui aussi estimé que “le parcours d’Emmanuel Macron a une consistance, un fil rouge : servir des intérêts privés, souvent étrangers, avant les intérêts nationaux”. Interrogé par l’AFP, l’ancien député PS Thomas Thévenoud, qui a prêté son nom à la loi d’octobre 2014 qui délimite plus précisément les droits et obligations des taxis et des voitures de transport avec chauffeur (VTC), estime qu’Emmanuel Macron “est resté un interlocuteur privilégié”. d’Uber. Il l’avait rencontré sur le sujet au printemps 2014 alors qu’il était secrétaire général adjoint des Elysées. “Il a toujours voulu dérouler le tapis rouge à Uber”, a-t-il déclaré. L’ancien député et éphémère ministre des affaires étrangères s’interroge également sur le rôle d’Elizabeth Bourne, qui “connaît parfaitement ces dossiers”. Le chef du gouvernement a été ministre des transports à l’époque de la loi d’orientation mobilité, puis ministre du travail, lorsque le dialogue social dans le secteur des VTC a été promu – “sans accorder le statut de salarié aux chauffeurs Uber”, pointe Thomas Thévenoud.