POLITIQUE – “C’est même une très bonne semaine, vous pouvez l’annuler.” Comme de nombreux députés de la majorité, Erwan Balanant (MoDem) se réjouit de sa nouvelle première ministre, Elisabeth Borne. Dans le Journal du Dimanche ce dimanche 10 juillet, Aurore Bergé, présidente du groupe LREM salue “la déclaration de sa politique générale, du pouvoir et du mal”. Un moment donné au début après les mauvais résultats des élections législatives, celui qui n’a pas gagné la main dans le Calvandos face à un jeune révolutionnaire (52,47% contre 47,53% pour Noé Gauchard) et qu’on disait techno et à peine fait pour la fonction a donné un autre visage à voir cette semaine.

“On passe notre temps à répondre à des questions stupides”

Première image, mercredi 7 juillet après-midi, peu avant son discours politique général tant attendu. Elle marche de Matignon à l’Assemblée nationale entourée de ministres triés sur le volet, à commencer par Gérald Darmanin. Un proche d’Elizabeth Bourne avait confié à Parisiana deux jours plus tôt qu’elle ne “soutenait” pas le ministre de l’Intérieur. Un décor pour contrer toutes les rumeurs de mauvaise affaire dans lequel Élisabeth Borne lâche : “C’est vraiment drôle parce qu’on passe notre temps à répondre à des questions idiotes !” Une petite phrase, captée par les caméras de BFMTV et LCI présentes sur place, qui l’aiderait à “donner une bonne image d’elle”, selon plusieurs députés qui y voient une opération de communication consistant à adoucir les clichés sur son sérieux et son côté “techno”, que certains de ses adversaires critiquent, et que les Français ont pu observer jusqu’à présent. 💬 “On passe notre temps à répondre à des questions stupides” Élisabeth Borne ironise sur les questions posées par les journalistes à son départ de Matignon ⤵ pic.twitter.com/5EZDnWIHAQ — BFMTV (@BFMTV) 6 juillet 2022 Depuis sa nomination à Matignon le 16 mai, les sondages n’ont pas joué en sa faveur. Le 10 juin, pour son premier test dans le baromètre HuffPost YouGov, la Première ministre ne recueillait pas d’opinions favorables au-dessus de 20 %, soit dix points de moins que ses prédécesseurs Jean Castex et Édouard Philippe à la même époque. Le 25 juin, dans un baromètre Ifop pour le JDD, seuls 37 % des Français se disent satisfaits de son action. Contre le maintien de Damien Abad au gouvernement, elle a essuyé plusieurs refus d’Emmanuel Macron, qui a finalement accepté sa demande lors du remaniement du 4 juillet. Dans une interview accordée au magazine ELLE le 6 juillet, elle a confirmé son choix en déclarant : “Nous attendons des politiciens qu’ils soient exemplaires”. À propos des critiques sur son profil, elle vide des choses comme ceci : “Le fait de se faire appeler ‘techno’ – ‘pas techno’ est assez surréaliste.”

“Borne est né”

Le 7 juillet, jour de son discours de politique générale très attendu devant un hémicycle rempli d’une opposition violente, Elisabeth Borne a dû « casser l’armure ». Ce qu’elle a fait, au milieu d’un discours sur la méthode – “le compromis” – et sur les grandes lignes de sa politique – “travailler un peu plus”, “lutter contre toutes les discriminations” et l’écologie, la santé, l’éducation et pouvoir d’achat comme priorités – il prononce ces mots et révèle une forte émotion : « Si je suis ici devant vous, Monsieur le Premier ministre, je le dois à la République qui m’a tendu la main, faisant de moi un élève de la Nation quand j’étais cet enfant dont le père n’était pas vraiment revenu des camps. Elisabeth est née incroyable, n’est-ce pas ?#JeSuisWoke#DPG#AssembleeNationale — jean-michel aphatie (@jmaphatie) 6 juillet 2022 Les retours sont bons. Elle n’est pas impressionnée par les désapprobations venant des bancs révolutionnaires. “Borne est né”, a tweeté l’éditeur Jean-Michel Apathie. “C’est une femme pleine de ressources, pas du tout la caricature qu’on en fait”, confie un ministre qui l’apprécie. “Elle est drôle, caustique, efficace et travailleuse”, énumère-t-il de même, admiratif. “C’est quelqu’un qui a des valeurs humanitaires profondes, le service à l’Etat est un engagement de toute une vie”, loue Erwan Balanant. Après les élections législatives, elle s’assure d’écrire un message de félicitations sur Telegram à tous les députés avec son téléphone. “Un très beau geste de sa part qui nous permet de prendre contact et d’intégrer les nouveaux élus”, salue Sandrine Le Feur, députée LREM du Finistère pour qui elle “semble être à l’écoute” et qui “n’avait pas ce lien avec d’anciens premiers ministres”. Elle a montré la couche de son humanité qui nous manquait mais elle doit faire attention car son poids politique est plus faible que certains ministres Top Executive Advisor Lors du potluck organisé dans les jardins de l’Elysée le 7 juillet, elle est “super accessible” avec des députés souvent délaissés lors de la précédente législature, selon Erwan Balanant. “Elle m’a demandé de lui renvoyer sur Telegram la note que j’avais rédigée sur le bilan climatique des lois”, estime le député MoDem qui se sent ouvert au dialogue. Dans ELLE, Borne a souligné ses “capacité d’écoute et son sang-froid”. Les compliments pleuvent, même si les poids lourds de son gouvernement comme Gérald Darmanin et Bruno Le Maire réfléchissent déjà à la suite et disent tous deux vouloir intervenir “dans tous les domaines”. “Elle a montré la couche de son humanité qui nous manquait, le discours politique général est réussi, mais il faut qu’elle fasse attention car son poids politique est plus faible que certains ministres”, prévient un conseiller du chef de l’exécutif. Certains ministres l’appellent “Madame Borne” avec une pointe de condescendance, comme si ce n’était pas vraiment elle qui décidait. Confidences, blagues : Elisabeth Borne fend l’armure pic.twitter.com/ViVs2QaC7V — BFMTV (@BFMTV) 9 juillet 2022 Loin des critiques et des commérages, Élisabeth Borne poursuit sur sa lancée, souriant et plaisantant lors des réunions financières d’Aix-en-Provence auxquelles elle participe samedi 9 juillet. “Il y a encore des gens qui utilisent des bouteilles en plastique, vraiment ?”, lance-t-il devant les caméras de BFMTV, confiant à la chaîne d’information qu’il “s’est beaucoup amusé à voir certaines réactions”. Une manière d’effacer l’image d’austérité apparue au début de la prise de fonction. Le ministre, qui souhaite rester anonyme, ne s’inquiète pas pour l’avenir : « Il est comme Édouard Philippe, au début on s’est demandé quel était ce gros enjeu, et puis les Français ont appris à le connaître et à l’apprécier. Tu verras, tu n’as encore rien vu ! À voir aussi sur Le HuffPost: D’applaudissements en huées, une Assemblée nationale hétéroclite affronte Élisabeth Borne