Un visage se dévoile derrière les ‘Uber Files’, celui de Mark MacGann. Le lobby a déclaré au Guardian qu’il était le lanceur d’alerte sur les pratiques d’Uber et celui qui a fourni des milliers de documents compromettants sur l’entreprise américaine au quotidien britannique. Mais qui est-il ? Pourquoi parle-t-il aujourd’hui ? Le lanceur d’alerte derrière les #UberFiles a décidé de se dévoiler : il s’agit de Mark MacGann, l’ancien lobbyiste en chef d’Uber pour l’Europe. Une affaire passionnante : la source est aussi l’un des personnages principaux des événements liés à l’enquête. – Martin Untersinger (@martin_u) 11 juillet 2022 C’est moi qui parle aux gouvernements, c’est moi qui pousse les médias, c’est moi qui dis aux gens qu’ils doivent changer les règles parce que les conducteurs en bénéficieraient et que les gens auraient tellement d’opportunités financières Mark MacGann est, entre autres, la source qui a transmis au Guardian les 124 000 documents qui ont mené à l’enquête du Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ), menée avec la cellule d’investigation de Radio France. Ancien responsable du lobbying chez Uber entre 2014 et 2016, il était responsable de l’Europe, de l’Afrique et du Moyen-Orient. A ce titre, il a participé aux dérives décrites dans la presse. A l’époque, il était en conflit avec son ancienne société, qu’il accusait de ne pas tenir suffisamment compte des pressions qu’il recevait des chauffeurs de taxi, rapporte RFI. Mark MacGann dit avoir démissionné en 2016 après s’être rendu compte qu’il n’avait “aucune influence”. Dans son entretien avec The Guardian, le quinquagénaire révèle le lobbying en coulisses qui a eu lieu dans les pays où le géant du VTC voulait s’installer envers et contre tout et où Uber était généralement “non autorisé, non agréé, illégal”. “. Il mentionne également ce qui le motive aujourd’hui à rompre l’omerta.
Pourquoi parle-t-il aujourd’hui ?
Poussé par le remords, il avoue : “Je suis en partie responsable.” Convaincu qu’Uber enfreignait la loi et trompait les gens, il admet : “Nous vendions des mensonges aux gens ; comment pouvez-vous avoir la conscience tranquille si vous ne vous levez pas et ne reconnaissez pas votre contribution à la façon dont les gens sont traités aujourd’hui ?” se demande-t-il aussi, avec le journal. Il justifie ses révélations en disant : “J’aurais dû faire preuve de bon sens et pousser pour arrêter la folie.” Mark MacGann reconnaît des griefs personnels avec son ancien employeur, rapportent l’AFP et nos confrères de Paris. Plus précisément, il accuse Uber sous M. Kalanick d’avoir adopté des stratégies de confrontation avec l’industrie du taxi qui l’ont exposé personnellement, notamment en France et en Espagne. Il aurait reçu des menaces sur sa vie et le géant des VTC lui aurait alors fourni un garde du corps. Cependant, l’homme de 50 ans admet que son expérience Uber a nui à sa santé mentale et a contribué à son trouble de stress post-traumatique.
Uber réagit aux révélations sur le lobbying
“Nous comprenons que Mark regrette personnellement sa loyauté inébranlable envers nos anciens dirigeants, mais il ne peut pas parler de manière crédible pour Uber aujourd’hui.” La société VTC s’est exprimée dans un communiqué après les déclarations de son ancien salarié. Uber dit en tout cas avoir changé depuis l’éviction en 2017 de son ancien patron Travis Kalanick. Le représentant de ce dernier a démenti ce dimanche 10 juillet toutes les accusations des journaux, rapporte BFMTV. Le scandale Uber Files révèle le rôle joué par Emmanuel Macron, alors ministre de l’Economie, dans l’implantation de l’entreprise sur le sol français. Le Monde a donc assuré que l’actuel président de la République aurait aidé l’entreprise américaine dans le but de faire évoluer la législation française pour qu’elle soit plus favorable au futur géant des transports.