EXCLUSIF C’est la pièce maîtresse du camion Caesar, livré par la France à l’armée ukrainienne : le canon de 155 mm, capable de tirer jusqu’à 40 km. L’ébauche est fabriquée à Firminy près de Saint-Étienne dans l’usine Aubert & Duval, un “bijou” métallurgique 100% français. Dans la forge, la presse de 4 500 tonnes moule des lingots d’acier brut en tubes de pistolet Caesar. Les fours, réglés à trois degrés, permettent un traitement thermique de haute précision, entre 900 et 1 200 degrés pour conférer à l’acier d’excellentes propriétés. “Pour nous, une pipe est considérée comme un élément de sécurité. C’est à la fois la sécurité des enfants qui vont tirer et qui sont derrière, et les vies qu’ils vont sauver car, quand ils tirent, ce n’est pas pour rien. , c’est pour nous » explique Laurent Minacori, chef d’atelier de traitement thermique, présent à l’usine depuis près de 27 ans. Avant qu’ils ne soient livrés à l’usine d’armes Nexter à Bourges, qui conçoit, assemble et intègre l’arme dans le Châssis de camion César, les flans sont vérifiés aux ultrasons et au scotch. Au moindre défaut, ils sont repositionnés.
Capacité de 300 pièces par an
Dans cette usine unique, la seule en France, cette artillerie est aujourd’hui fabriquée et déployée dans le Donbass en Ukraine. Reconnaissance du bon travail pour les 180 salariés du site. « Que ce soit dans ce tour, ou sur d’autres marchés de défense sur lesquels nous opérons, c’est une grande fierté de pouvoir satisfaire ces marchés très exigeants », se félicite Pierre-Marie Poisson, directeur de l’usine. © WILLIAM MOLINIE / EUROPE 1 Le contexte de la guerre en Ukraine repose sur les problèmes capacitaires des armées françaises. Avec la livraison de 18 canons Caesar en quatre mois, prélevés sur les stocks de l’armée, l’arsenal français voit un quart de ses réserves se réduire. Le ministre de la Défense, qui rencontre ce vendredi après-midi Patrice Kane, le PDG du groupe Thales, appelle les industriels du secteur à s’aligner sur “une économie de guerre”. Produire plus à des prix plus compétitifs. Selon sa direction, le site de Firminy pourrait sortir jusqu’à 300 pièces par an, toutes sortes de tuyaux confondus. Il tourne maintenant à 30 % de sa capacité.