Posté à 9h00
                Richard Dufour La Presse             

Récemment, des sociétés de courtage en ligne ont proposé de négocier gratuitement la vente ou l’achat de titres. Ces entreprises ne fonctionnent certainement pas à perte. Il serait intéressant de savoir d’où ils tirent leurs revenus lorsqu’ils offrent ce service gratuitement. Jacques Larose Au tournant des années 2000, les frais facturés aux investisseurs particuliers pour acheter et vendre des actions variaient de 25 $ à 40 $ par transaction, selon le courtier à escompte utilisé. Les prix pourraient même augmenter jusqu’à 70 $ par transaction si les commerçants négociaient en personne par téléphone avec l’aide directe d’un agent. Depuis, la popularité de l’investissement indépendant a explosé et une tendance majeure, notamment en provenance des États-Unis, a permis aux traders de profiter de coûts de transaction de plus en plus bas. Un engouement sans précédent pour le courtage en ligne a également été observé pendant la pandémie. À tel point qu’en août dernier, Courtage direct Banque Nationale est devenu le premier courtier affilié à une grande banque canadienne à adopter une tarification sans commission. Disnat, filiale du Mouvement Desjardins, a emboîté le pas le mois suivant avec une tarification similaire. Cependant, toutes les transactions ne peuvent pas être effectuées sans commission. Les principales transactions, celles sur les actions et les fonds négociés en bourse (ETF), sont sans commission, mais il y a des commissions pour l’achat d’options ou de titres à revenu fixe, par exemple.

La norme aux États-Unis

Aux États-Unis, où la plupart des courtiers en ligne sont désormais sans commission, l’un des principaux moyens de rentabiliser leur activité consiste à vendre des ordres d’achat ou de vente à des tiers qui les exécutent : en anglais, on appelle cela le paiement pour le flux d’ordres. et c’est une pratique pour laquelle Robinhood est bien connu, souligne Julien Brault, PDG de Hardbacon, créateur de l’application de finances personnelles du même nom. Au Canada, c’est une pratique illégale. Ainsi, les courtiers sans commission doivent compter sur d’autres sources de revenus. Julien Brault, PDG de Hardbacon Par exemple, les courtiers à faible commission affiliés à des institutions financières peuvent générer des revenus grâce aux frais annuels, aux frais d’inactivité, aux comptes sur marge (intérêts sur les prêts en espèces ou en actions) et aux frais de conversion de devises. Sachez également que le courtage en ligne n’est pas une activité relativement importante dans l’ensemble des opérations d’une grande institution financière, et Julien Brault ne croit pas que ces frais suffisent à rentabiliser un courtier en ligne. Si elles offrent des services de courtage avec des commissions réduites, les grandes institutions financières le font plus pour maintenir la relation avec le client que pour faire du profit, selon Julien Brault. “Le courtage sans commission est une stratégie de perte maximale pour les banques et les groupes financiers comme Power Corporation, qui est principalement derrière WealthSimple”, dit-il.