Baptême du feu pour le Premier ministre d’abord, pour le président de l’Assemblée nationale ensuite. Comme Elisabeth Borne, Yaël Braun-Pivet était scrutée ce mardi pour sa première séance “questions au gouvernement” à l’Assemblée nationale. Un exercice que la favorite à la première place du demi-cercle – élue avec 242 voix le 28 juin et première femme à occuper ce poste – a mené d’une main de fer, dans une ambiance électrique.
Une récolte…
Dans une posture affirmée au Perchoir, l’ancien chef de la commission des lois lors de la précédente mandature s’est fait remarquer à plusieurs reprises. Notamment lorsqu’il a rappelé à l’ordre la députée Nupes Danielle Simonnet coupable d’avoir enfreint le protocole en ne la saluant pas. « Madame Simonnet, je vous parle ! Je vous précise qu’avant toute prise de parole il est de coutume de saluer la présidence dans ce demi-cercle”, a-t-elle pointé froidement à son collègue de la France révolutionnaire qui venait d’interpeller le ministère de l’Economie sur l’affaire des “Uber fies”. Quelques minutes après ce recadrage, il se glisse au milieu des querelles des députés de gauche : “Si vous n’entendez pas la réponse, je ne vois pas l’intérêt de la réunion.”
… Ce qui lui a valu les foudres des Nupes
La séquence n’a pas plu aux députés du Nupes qui l’ont fait savoir sur les réseaux sociaux. Danielle Obono a accusé une “étudiante imbue d’elle-même” tandis que Mathilde Panot a pointé du doigt un président “offensé”. Les deux femmes, comme de nombreux observateurs de cette première séance chargée, s’étonnent que ces protestations n’aient pas été dirigées contre Marine Le Pen qui avait passé quelques minutes plus tôt au bal d’ouverture. “Quand c’est Le Pen qui ne s’occupe pas des caméléons, ça devient de la crème. Il ne faut pas insulter son allié fasciste, non ? Hypocrite !”, a fustigé le député parisien dans un tweet. « Deux poids deux mesures en Macronie ! », a critiqué le président du groupe LFI à l’Assemblée.
Respect du temps de parole, même pour les ministres
Le député des Yvelines a tenu à ce que chaque orateur respecte scrupuleusement son temps de parole. Et pour ce faire, il n’a pas hésité à couper les micros de ceux qui le croisaient. Pour sa première tentative d’exercice, la nouvelle élue socialiste du Finistère, Mélanie Thomin, en a fait les frais. Alors qu’elle interrogeait le nouveau ministre de la santé, François Brown, la militante de longue date du PS n’a pas pu terminer son discours sur le sort des soignants à l’hôpital. Dans cette limitation, Yaël Braun-Pivet a mis tout le monde dans le même bateau. Un peu plus tard, c’est au tour du sous-ministre chargé des Comptes publics, Gabriel Attal, mais rompu à l’exercice, de finir par parler dans le vide. “Vous avez six secondes, monsieur le ministre”, a-t-il lancé à l’ancien porte-parole du gouvernement chargé de répondre au républicain Jean-Pierre Taite sur le prix des carburants. “Merci, merci !”, a-t-il répété au fil du temps, avant de couper le micro de Gabriel Atal qui n’a pas pu fournir les derniers chiffres sur les dépenses du gouvernement en carburant.
“Nous ne sommes pas dans une manifestation”
Le Rassemblement national a également fait les frais de la re-désignation du Président de l’Assemblée nationale lorsque la question des difficultés de la Police nationale a été soulevée. “Mes chers collègues, nous ne sommes pas dans une manifestation, nous sommes à l’Assemblée nationale”, leur a-t-il crié après qu’une réponse cinglante de Gérald Darmanin à un député RN a provoqué un tollé dans l’extrême droite du demi-cercle. Quelques minutes avant ce premier scénario au Palais Bourbon, elle qui a fait un passage secret en Outre-mer avant d’être élue au Perchoir a publié sur son Twitter une photo d’elle aux côtés du nouveau ministre des relations avec le Parlement. “Nous devons instaurer une nouvelle méthode de travail et de dialogue entre le Parlement et le gouvernement, au service des Français”, a-t-il déclaré à cette occasion avant d’ajouter : “Avec Franck Riester, je formulerai des propositions au nom de la Assemblée nationale.” « Le dialogue sera au cœur de notre vie démocratique », a-t-il également prévenu. Opposition pour se faire une opinion sur la température de ce premier bain.