« Je comprends tout à fait votre insatisfaction par rapport à la peine. On l’entend souvent […] il n’y aura pas une peine suffisamment forte pour remplacer tout ce que vous avez vécu et ce que vous allez vivre pour le restant de vos jours », a souligné la juge Kathlyn Gauthier aux quatre victimes de Marc-André Moisan.
La magistrate a ensuite entériné une suggestion commune de la Couronne et de la défense, au palais de justice de Saint-Jérôme.
Un « crédit COVID » de 35 jours a été déduit de sa sentence puisqu’il a été isolé au pénitencier après une éclosion et n’a pas eu accès à des programmes de réinsertion.
En juin dernier, le procès du Mirabellois devait débuter, mais il a coupé court aux procédures en plaidant coupable à quatre chefs d’accusation sur la vingtaine auxquelles il faisait face.
Droguées au Crystal meth
L’homme de 33 ans a agressé sexuellement trois femmes, dont deux intoxiquées au crystal meth n’étaient pas en état de consentir. Puis, il a causé des lésions à une ex-conjointe en la poussant dans les escaliers ainsi qu’en l’aspergeant de poivre de Cayenne.
L’acteur porno, mieux connu sous l’alias Mam Steel, a déjà un lourd passé judiciaire. Cette peine s’ajoute à celle de 24 mois qu’il a reçue en avril dernier pour avoir agressé sexuellement une autre femme.
Entre autres, il a aussi été condamné à neuf mois de prison pour des voies de fait dans un contexte de violence conjugale, en 2020.
Photo Erika Aubin
Trois de ses victimes étaient présentes pour la sentence au palais de justice de Saint-Jérôme.
Ainsi, trois de ses victimes, qui se sont confiées aujourd’hui au Journal anonymement en raison d’une ordonnance de la cour, digèrent mal le dénouement de cet « éprouvant » processus judiciaire.
« Il a plaidé coupable juste à une accusation, alors qu’il y en avait huit dans mon cas. J’ai été mise devant le fait accompli sans un mot à dire. Je trouve ça ordinaire. Pour moi, tous les chefs étaient importants », a expliqué l’une des victimes, âgée de 24 ans.
Marquées à vie
Une victime de 32 ans a pour sa part l’impression que son « cri à l’aide » lancé au système de justice est passé sous silence.
« Ça fait deux ans qu’on est dans le processus et ç’a été les pires années de ma vie. J’en sors 1000 fois plus détruite », a-t-elle laissé tomber.
Ces trois femmes, qui ont toutes déjà été en couple avec Moisan, sont constamment hantées par les cauchemars et ont du mal à dormir malgré les années écoulées. Elles craignent également le jour où il retrouvera sa liberté.
Marc-André Moisan sera inscrit à vie au registre des délinquants sexuels.
Ce qu’elles ont dit
« Les victimes ont témoigné à l’enquête préliminaire et il y a des écueils quand même majeurs qui sont ressortis. Son plaidoyer de culpabilité est non négligeable, dans ce sens qu’on leur évite de venir témoigner dans un procès qui aurait été de longue durée. » – Me Stéphanie Gilbert, procureure de la Couronne « Je suis consciente qu’en plaidant coupable, on s’évite un procès. Mais rendu là, j’aurais aimé mieux aller jusqu’au bout pour espérer qu’il ait une plus grosse sentence. » – Victime âgée de 24 ans « Au nombre de victimes qu’il a faites et sur une période de plusieurs années, pour finalement avoir juste cinq ans. C’est pitoyable et ridicule. […] J’ai l’impression que je ne serai plus jamais en sécurité. » – Victime âgée de 31 ans « Je m’en veux de ne pas avoir eu le courage de mettre fin à tout cela en te dénonçant, car tu as recommencé et tu as fait bien pire à d’autres. Pour toi, ce sont cinq ans et demi de ta vie que tu perds. Mais moi, ça fait environ 14 ans déjà que j’essaie de me reconstruire sans succès. » – Victime âgée de 32 ans Vous avez des informations à nous partager à propos de cette histoire? Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs? Écrivez-nous à l’adresse ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.