• Lisez aussi : Les Canadiens ne sont pas trop intéressés à voyager à l’étranger cet été • A lire aussi : Sans bagages ni médicaments, le chaos de nos aéroports perdure • Lire aussi : Crise des passeports : Ottawa prévoit une « réduction significative » des retards d’ici la fin de l’été La crise qui secoue les aéroports du pays ne cause pas seulement des vacances gâchées. Parlez au Dr David Landry, qui se rend périodiquement aux Îles depuis cinq ans pour fournir des services d’imagerie médicale et des perfusions de cortisone et d’anesthésique. Photo publiée avec l’aimable autorisation de Dominique Lelièvre
David Landry, médecin-radiologue
Comme il le fait environ tous les deux mois, le médecin radiologue s’est rendu à l’aéroport Montréal-Trudeau dimanche dernier, le 3 juillet, pour prendre un vol vers l’archipel. Mais à la dernière minute, mauvaise surprise : Air Canada annule son vol, invoquant « des facteurs liés à la pandémie indépendants de notre volonté ». Le médecin, qui travaille à l’hôpital Notre-Dame de Montréal, a finalement réussi à obtenir un autre vol mardi, mais les quarante-huit heures perdues n’ont pu être rattrapées. « Ça veut dire que lundi et mardi matin, tous les rendez-vous ont dû être annulés. En tout et partout, 58 rendez-vous ont été annulés. Soit 58 patients qui vivront avec la douleur pendant les deux prochains mois”, déplore-t-il. Sur ces 58 rendez-vous, un seul a pu être répété plus tard dans la semaine, le reste de l’horaire des médecins des Îles étant déjà occupé par d’autres patients. Pas une première Le médecin déplore que ce soit loin d’être la première fois que les voyages en avion lui donnent, à lui et à ses collègues, des maux de tête. Il évoque trois autres imprévus vécus ces derniers mois, ceux avec la compagnie Pascan : une perturbation de vol, un problème de réservation et des consignes confuses à l’aéroport. « Tous les collègues spécialistes qui viennent ici ont des histoires similaires. Il faut vraiment avoir le dos solide pour venir ici », dit-il. “Ce qui m’inquiète le plus, c’est que tous ces problèmes font qu’il y a des patients qui ne reçoivent pas leurs soins. » Le médecin souhaite que le gouvernement s’implique dans l’affaire, pour apporter plus de crédibilité au service aérien. Il suggère d’évaluer la possibilité d’attribuer un vol hebdomadaire au personnel assurant les services essentiels. Futur incertain Car si rien ne change, le stress lié aux déplacements et le manque d’efficacité, tant pour lui que pour les patients, pourraient avoir raison de sa participation. “J’ai déjà promis de continuer pour l’année prochaine, mais certainement si ça ne s’améliore pas ou si ça empire, pour 2024, je ne peux vraiment plus faire de promesses”, a-t-il déclaré tristement. Invité à répondre, Air Canada blâme « le manque de ressources auquel sont confrontés les fournisseurs de services tiers [qui] les opérations aéroportuaires affectées et l’industrie du transport aérien », pour l’annulation du vol de dimanche. Le transporteur assure toujours qu’il met tout en œuvre pour trouver une solution alternative à ses clients, affirmant « qu’il comprend[re] parfaitement la frustration et les souffrances” qu’ils éprouvent.

Le CISSS craint des démissions

Le CISSS des Îles-de-la-Madeleine craint que des médecins spécialistes ne quittent la région si la fiabilité du transport aérien n’est pas stabilisée. Du fait de son isolement, l’archipel compte sur une centaine de médecins étrangers qui viennent ponctuellement prodiguer des soins spécialisés. “Il y a des médecins qui soulignent le fait qu’ils pourraient arrêter à un moment donné, donc c’est certainement une préoccupation pour moi”, a déclaré la PDG Sophie Doucet. Il dit avoir des contacts fréquents avec Pascan qui, contrairement à Air Canada, offre des voyages aériens toute l’année. Le CISSS a également un contrat avec eux pour le transport des usagers. Selon les données qui lui ont été présentées, l’indice de fiabilité est en hausse. «Cependant, il existe des solutions potentielles qui ont été explorées par Pascan et qui sont en cours de mise en œuvre, alors je suppose que la situation s’est améliorée au cours des dernières semaines. » Néanmoins, il suit l’affaire de près. “Il y a une fragilité énorme et tout le monde de l’aviation est touché. » Pascan n’a pas répondu à notre demande de commentaire. Il n’est pas surpris Selon Mme Doucet, la pandémie, le manque de main-d’œuvre, les changements à la réglementation fédérale, les bris mécaniques et les intempéries de l’hiver dernier sont autant de facteurs qui contribuent à la situation. Le député des Îles-de-la-Madeleine, Joël Arseneau, dit ne pas être surpris du malheur vécu par le Dr David Landry. “C’est symptomatique d’une situation qui perdure au moins depuis le début de la pandémie. » En mai dernier, Le Journal rapportait le témoignage d’une autre spécialiste, une ophtalmologiste, qui envisageait d’arrêter sa pratique dans le secteur à cause d’irritants lors de ses déplacements. Selon M. Arseneau, le gouvernement Legault a raté sa cible avec le programme de billets d’avion à 500 $ en région. “Les compagnies aériennes manquent de personnel, il y a des pénuries de pilotes, il y a des avions qui ne sont pas toujours très fiables, il y a la météo, donc nous ajoutons des couches de problèmes et nous en avons ajouté un en disant : nous allons augmenter le trafic sur des vols qui étaient déjà difficile », a-t-il déclaré. Avez-vous des informations à partager avec nous sur cette histoire ? Vous avez un scoop qui pourrait intéresser nos lecteurs ? Écrivez-nous ou appelez-nous directement au 1 800-63SCOOP.