“Secoue mon fils qui pleure” : le groupe People & Baby fait à nouveau face à des soupçons de maltraitance dans l’une de ses crèches Tout s’est passé en très peu de temps, vers 8 heures du matin, lorsque la garderie a ouvert. Myriam J., la salariée de 27 ans, accueille seule la petite fille, abandonnée par son père. L’enfant, en pleurs, rampe vers Myriam J. en train de nettoyer dans une pièce adjacente et attrape sa jambe. L’employé lui fait alors avaler du Destop, un produit déboucheur, avant de reprendre le travail. Lorsque deux mamans arrivent quelques minutes plus tard, Myriam J., affolée, les conduit vers le bébé qui se brise. Elle a été emmenée à l’Hôpital Femme Mère Enfant (HFME) de Bron et est décédée vers midi le même jour. Myriam J. continue de travailler jusqu’à 14 heures, avant de quitter la crèche. Les policiers qui se rendent chez lui sont accueillis par sa mère. Lorsqu’elle appelle sa fille, Myriam J. déambule dans le parc de la Tête d’Or. Sur son portable, elle tape les mots-clés « ingestion de produit barrière + toilette + avale + par + un + enfant ». Il a ensuite été interpellé par la police et placé en garde à vue. Myriam J. passe aux aveux en trois temps. Il parle d’abord d’un accident : l’enfant aurait avalé de la gouache et en aurait été empoisonné. Elle dit ensuite qu’elle a essayé de nettoyer la peinture du visage de l’enfant avec Destop de peur d’être réprimandée. Enfin, lors de son deuxième entretien, “plus bavard” selon la police, Myriam J. avoue avoir “paniqué” à ses propres propos. Il avoue avoir volontairement fait avaler à Lisa un “bouchon de toilettes”, sans penser aux conséquences et surtout, sans avoir l’intention de la tuer. C’est ce qu’il maintient à ce jour. L’éducatrice voulait terminer son travail de ménage, explique-t-elle. Enfin, lors de ses auditions, Myriam J. insiste sur sa fatigue la veille du drame, sa dispute au téléphone avec son petit ami qui est en garde à vue depuis novembre. Enfin, elle partage une fausse couche qui s’est produite trois semaines avant les événements. Selon le parquet de Lyon, il n’a pas de casier judiciaire. Le gérant et le personnel ont expliqué qu’ils n’avaient rien à signaler sur son comportement, juste un manque d’expérience dans l’organisation d’activités avec les jeunes. Elle avait récemment terminé une formation sur la protection de l’enfance, selon People & Baby. Mais selon les témoignages recueillis par franceinfo auprès de plusieurs éducateurs de crèche qui travaillent dans d’autres crèches du groupe, cette formation ne dure pas plus d’une demi-heure, dont 5 minutes de présentation, en diffusant une vidéo et en proposant quelques liens vers des conseils. Pourtant, les parents ont révélé aux enquêteurs avoir trouvé en avril des lésions sur la bouche de leur fils et des marques rouges sur le haut du corps, photos à l’appui, après qu’il se soit confié à Myriam J. lors d’une sieste. Ce jour-là, une aide-soignante avait été alertée par les cris du bébé, retrouvé dans les bras de Myriam J. Le médecin de famille était incapable de dire d’où provenaient ces lésions, s’il s’agissait d’une maladie de peau comme l’urticaire. Cependant, le petit a ensuite commencé à s’exfolier, c’est-à-dire qu’il a perdu beaucoup de peaux mortes dans sa bouche. De son côté, l’avocat du salarié, Maître Philippe Duplan, qualifie la jeune femme d’”immature” et veut prouver que son client n’avait pas l’intention de tuer la jeune fille. Quelques minutes après le drame, Myriam J. confiait à une de ses collègues qui venait d’arriver : “Ce qui s’est passé est grave, je vais être virée, je serai punie.” Il reste encore des questions auxquelles l’enquête doit répondre : que faisait une bouteille de bureau à la garderie lorsque le responsable de l’établissement a expliqué aux enquêteurs que seuls des produits de nettoyage à base de sel étaient disponibles ? Cependant, un bidon d’eau de Javel et un produit de marque Destop ont été saisis par la police au niveau de la structure. La justice devra également déterminer si la juge Myriam a tué la jeune fille volontairement ou involontairement. La jeune femme risque 30 ans de prison pour l’homicide volontaire sur mineur de 15 ans.