L’enquête s’appuie sur des milliers de documents internes d’Uber envoyés par une source anonyme au journal britannique The Guardian et transmis au Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) et à 42 médias partenaires. Dans un communiqué publié dimanche, Uber a déclaré que les médias avaient déjà largement couvert les faux pas de l’entreprise avant 2017, de la presse aux livres et même à une série télévisée.
Que révèle la section française ?
Le journal Le Monde s’est intéressé aux liens de la société américaine avec Emmanuel Macron lorsqu’il était ministre de l’Économie (2014-2016). Sur la base de divers témoignages et documents, dont de nombreux échanges de SMS, Le Monde conclut à l’existence d’un “accord” secret entre Uber et Emmanuel Macron à Bercy. Le quotidien évoque des réunions au cabinet du ministre, de nombreux échanges (rendez-vous, appels ou SMS) entre les équipes d’Uber France et Emmanuel Macron ou ses conseillers. Certaines pratiques visant à aider Uber à consolider ses positions en France sont mises en avant, comme la proposition que l’entreprise présente des amendements “clé en main” aux députés. La société Uber France a confirmé la tenue de rencontres avec Emmanuel Macron : des rencontres qui « relèvent de ses attributions de ministre de l’Économie et de la tutelle numérique de la filière VTC ». L’Elysée a indiqué que Macron, en tant que ministre de l’Economie, “a naturellement conduit à des transactions avec de nombreuses entreprises impliquées dans la profonde mutation des services intervenue dans les années précitées, qui devrait être facilitée par la levée de certains verrous administratifs ou réglementaires”.
L’opposition réagit
Mais la patronne de la députée LFI Mathilde Panot a dénoncé sur Twitter un “pillage du pays” alors qu’Emmanuel Macron était à la fois “conseiller et ministre de François Hollande et lobbyiste d’une multinationale américaine visant à déréglementer à terme le droit du travail”.
“Uber mérite une petite commission d’enquête” au parlement, selon le député communiste Pierre Dharréville.
L’ancien député PS Thomas Thévenoud, qui a donné son nom à la loi d’octobre 2014 qui délimite plus précisément les droits et obligations des taxis et véhicules de transport avec chauffeur (VTC), estime qu’Emmanuel Macron “est resté un interlocuteur privilégié” d’Uber. Il l’avait rencontré sur le sujet au printemps 2014 alors qu’il était secrétaire général adjoint des Elysées. “Il essayait toujours de dérouler le tapis rouge à Uber”, a-t-il déclaré.
L’ancien député et éphémère ministre des affaires étrangères s’interroge également sur le rôle d’Elizabeth Bourne, qui “connaît parfaitement ces dossiers”. Le chef du gouvernement a été ministre des Transports à l’époque de la loi d’orientation mobilité puis ministre du Travail lors de la promotion du dialogue social dans le secteur des VTC – “sans accorder le statut de salarié aux chauffeurs Uber”, pointe Thévenoud.
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