• Lisez aussi : L’image “la plus profonde” de l’univers sera révélée Galaxies lointaines et nébuleuses pépinières d’étoiles… La Nasa a dévoilé vendredi les noms des cinq premières cibles cosmiques retenues. Mais les images, qui promettent d’être spectaculaires, ont jusqu’ici été gardées avec zèle pour créer le suspense. Joe Biden devrait dévoiler la première image scientifique prise par James Webb lui-même, selon la NASA, lors d’un événement à la Maison Blanche à 17h00. heure locale, en présence du patron de l’agence spatiale américaine, Bill Nelson. Ce dernier avait promis fin juin que ce sac surprise contiendrait “l’image la plus profonde jamais prise de notre Univers”. Joyau d’ingénierie de 10 milliards de dollars, James Webb a parmi ses principales missions l’exploration des premiers âges de l’Univers. Les autres images seront ensuite révélées lors d’une webdiffusion de la NASA mardi matin. Ils doivent à la fois impressionner le grand public par leur beauté, mais aussi montrer aux astronomes du monde entier toute la puissance des instruments scientifiques embarqués. Les experts pourront alors commencer à interpréter les données collectées grâce à un logiciel dédié, signalant le début d’une grande aventure scientifique. “Quand j’ai vu les images pour la première fois (…), j’ai soudain appris trois nouvelles choses sur l’Univers que je ne connaissais pas auparavant”, raconte à l’AFP Dan Coe, l’un des plus chanceux. “Cela m’a totalement époustouflé”, a déclaré cet astronome du Space Telescope Science Institute de Baltimore, qui est en charge des opérations de James Webb. Ce télescope va “transformer notre compréhension de l’Univers”, a-t-il témoigné. La première image attendue lundi pourrait être une image en champ profond, c’est-à-dire une image prise avec un temps d’exposition long pour détecter les éclairs les plus faibles, selon une source scientifique. La Nasa a annoncé vendredi la prise d’un tel instantané de l’amas de galaxies SMACS 0723. Agissant comme une loupe, sa spécialité est de pouvoir révéler des objets très éloignés derrière lui – un phénomène appelé lentille gravitationnelle. Les noms des autres objets cosmiques observés sont aussi poétiques qu’envoûtants : la nébuleuse de la Carène et l’Anneau Sud (nuages géants de gaz et de poussière où se forment les étoiles) et le Quintette de Stephano (un amas de galaxies). Les couleurs éventuellement magnifiques révélées sur les photographies ne seront cependant pas directement celles observées au télescope. La lumière se décompose en différentes longueurs d’onde et James Webb travaille dans l’infrarouge, que l’œil humain ne peut pas percevoir. Par conséquent, les couleurs infrarouges seront “traduites” en couleurs visibles. Grâce à ces observations dans le proche et le moyen infrarouge, James Webb pourra voir à travers des nuages de poussière impénétrables à son prédécesseur, le légendaire télescope spatial Hubble. Sorti en 1990 et toujours fonctionnel, il a une petite capacité infrarouge mais fonctionne principalement dans la lumière visible et les UV. “Même lorsque Hubble parvenait à imager une galaxie lointaine, il était incapable de distinguer un écureuil d’un éléphant”, a résumé pour l’AFP David Elbaz, un astrophysicien français. “Nous allons découvrir la formation d’étoiles enfouies dans la poussière interstellaire, des galaxies invisibles car elles sont enfouies dans des chrysalides de poussière”, s’est-il réjoui, excité et impatient de découvrir les images. Autres différences importantes entre les deux télescopes : le miroir primaire de James Webb est près de trois fois plus grand que celui de Hubble et est bien plus éloigné : à 1,5 million de kilomètres de la Terre, contre 600 kilomètres pour Hubble. Mardi également aura lieu la toute première spectroscopie du télescope James Webb, une technique utilisée pour déterminer la composition chimique d’un objet distant. Dans ce cas, WASP-96 b, une planète géante gazeuse en dehors de notre système solaire. Les exoplanètes (planètes en orbite autour d’une étoile autre que notre Soleil) sont également l’un des principaux domaines de recherche de James Webb. Environ 5000 ont été découvertes depuis 1995, mais elles restent très mystérieuses. Le but est d’étudier leurs atmosphères afin de déterminer si elles pourraient s’avérer être des mondes habitables et propices au développement de la vie. La diffusion de ces premières images marquera le début officiel du tout premier cycle d’observation scientifique du télescope. Plusieurs centaines de projets d’observation, proposés par des chercheurs du monde entier, ont déjà été sélectionnés par un jury d’experts pour cette première année de fonctionnement.