Si les raisons sous-jacentes qui conduisent au suicide sont toujours complexes, il était évident pour tous que le Père de Foucault se débattait depuis plusieurs mois dans des souffrances débilitantes. Le prêtre, qui n’avait plus d’affectation depuis septembre dernier, avait accusé le diocèse d’abus de pouvoir à son encontre. Ses obsèques ont eu lieu en l’absence de l’évêque de Versailles, M. Luc Crepy, à la demande de la famille. Pendant le service, ce dernier s’est retiré en priant pour le défunt, a-t-il annoncé. Sur le parvis de l’église, ce vendredi après-midi, la foule s’installe pour remplir les cahiers de condoléances. Parmi eux, une paroissienne qui avait témoigné de son ordination : « Je le voyais en évêque, c’était quelqu’un d’extraordinaire ! “Il s’est mis au service des jeunes avant même d’être ordonné”, a déclaré M. Philippe Brizard, un ami de la famille, dans son homélie. Avec sa “foule de curieux”, il cherchait “un moyen d’atteindre le plus loin”, a poursuivi l’ancien directeur général de l’Orient Project.

« Un vrai accueil »

Nicolas, un jeune paroissien crucifié sur la place, s’exclame : « J’ai reçu un véritable accueil, digne d’un prêtre. A Bois-d’Arcy, le père de Foucald l’avait encouragé et lui avait proposé de “jouer du piano pendant les festivités”, explique-t-il. “Il m’a marqué dans ma vie.” Benoît, un jeune paroissien de Houilles, où le père de Foucauld était vicaire, se souvient d’un repas à sa table. “Il m’a marqué ce jour-là et quand j’ai appris sa mort, j’ai voulu lui rendre hommage. » “Je dois dire à vrai dire qu’il avait des difficultés avec l’autorité”, a noté Mgr Brizard, évoquant “un trait de sa personnalité” semblable à celui de son ancêtre Charles de Foucault. “Mais pour sa défense, il avait une détresse psychologique qui pouvait l’étirer…” Le prélat n’aura pas le temps de finir sa phrase : son discours est brièvement interrompu par une chanson. Il poursuivra plus tard : « La foi chrétienne n’écarte rien de la réalité. »

« Rallumez le micro ! » »

La cérémonie, présidée par le curé de Trapani, l’abbé Étienne Guillet, ami de François de Foucault, et préparée avec grand soin, connaît une nouvelle interruption. Après la bénédiction du cercueil au son des cors de chasse, un oncle de l’ancien curé de Bois-d’Arcy prend la parole spontanément. « Chère famille, chers paroissiens… Nous nous posons tous la même question : vous êtes-vous suicidé ou vous êtes-vous suicidé ? » Et ce proche de poursuivre : « Vous avez dénoncé à votre niveau les abus de pouvoir excessifs et la restriction au silence que vous ont imposés vos deux évêques. Ces paroles sont accueillies par une longue salve d’applaudissements. Le micro est alors à nouveau coupé, provoquant la colère d’une partie de l’assemblée. « Rallumez le micro ! » », crient quelques fidèles, au fond de l’église. Ensuite, quelques personnes du public ont quitté l’église. Mais la plupart se précipitent pour accéder au cercueil. Et la fête, riche en moments très forts, se termine dans le calme après la tourmente. “L’Église ne comprend pas, elle ne fait rien pour ses prêtres”, a détendu Florence, paroissienne de Houilles. Son frère, également prêtre, avait retrouvé le corps sans vie de son collègue : « Il ne faut pas que ça se reproduise. »