“C’est inacceptable et indécent”, a pour sa part déploré Denis Coderre, qui estime que “tous ceux qui veulent se servir de cet événement pour tenter de soutirer de l’argent de quelque manière que ce soit doivent être dénoncés et condamnés”.
Joint mardi, le directeur des communications de TicketNetwork, Sean Burns, a remercié Le Devoir de « l’avoir sensibilisé à cette situation ». “Notre équipe de marché a été informée et ces événements et toutes les listes de billets associées sont en cours de suppression.”
L’Église catholique de Québec n’a pas encore localisé de billets gratuits pour la revente liés à la visite du pape François à Sainte-Anne-de-Beaupré, mais « nous le craignons », note Denis Coderre. Plus de 100 000 personnes sont également attendues sur les plaines d’Abraham le 27 juillet pour suivre les activités de Sa Sainteté sur écrans géants.
«Il ira sur le terrain» pour s’excuser et recevoir «le pardon», note Denis Coderre, un croyant, qui a déclaré que la visite du pape au pays représente «un moment historique» qui, espère-t-il, permettra la poursuite du «cercle de guérison» entre l’Église et les communautés indigènes qui ont subi ses abus.
Billets réservés pour les natifs
Bien que ces billets soient vendus à des prix élevés, il y a du ressentiment dans certaines communautés autochtones car ce ne sont pas tous les survivants des pensionnats qui pourront assister au service à Sainte-Anne-de-Beaupré.
Il y a quelques jours, le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec-Labrador, Ghislain Picard, a exprimé publiquement son mécontentement, rappelant que le nombre de survivants des pensionnats pour Autochtones est de plusieurs milliers. Cependant, seulement environ 980 Autochtones — Premières Nations, Inuits et Métis réunis — pourront assister au service. Environ 420 billets ont été mis à la disposition des membres des délégations des diocèses de l’Est du Canada.
Selon Mgr Raymond Poisson, président de la Conférence des évêques catholiques du Canada, une partie du mécontentement s’explique par le fait que le nombre de billets distribués à chacun des peuples autochtones correspond à leur représentation nationale. “Alors quand le Pape est à Québec, […] La représentation des Autochtones qui seront à l’intérieur de la basilique a été déterminée en fonction de l’ensemble du pays et non de la région, explique-t-il. J’espère qu’ils pourront parler ensemble [pour trouver une solution]. Le chef Picard n’a pas immédiatement répondu à notre demande d’entrevue à ce sujet.
Environ 9 000 billets ont également été distribués pour assister à la retransmission en plein air du service divin dans l’enceinte du sanctuaire de Sainte-Anne-de-Beaupré, dont 7 000 à des associations autochtones.
Mgr Poisson note également qu’en raison des difficultés de déplacement du pape, les deux principaux services que le Saint-Père célébrera au Canada se dérouleront à l’intérieur où l’accueil est limité. Dans les grands lieux extérieurs, “il y aurait trop de déplacements pour le pape”, dit-il.
Financement “autonome”
Avant la visite du pape dans le pays, un objectif budgétaire de 18 millions de dollars a été fixé pour financer les infrastructures liées aux discours et aux voyages du Saint-Père. De ce montant, l’objectif de trois millions de dollars pour la visite du pape au Québec a été « assez » atteint, en grande partie grâce aux dons de particuliers et de « grands donateurs », qui continuent d’affluer, dit M. Coderre.
Une partie de la facture de cette visite sera assumée par la Conférence des évêques catholiques du Canada, mais le Vatican ne sera pas mis à contribution. « Lorsque vous invitez quelqu’un chez vous pour le dîner, le facturez-vous ? demande M. Coderre.
Les différents paliers de gouvernement, quant à eux, participeront financièrement pour assurer la sécurité du pape François. À Québec, la Municipalité estime « entre un et deux millions de dollars » sa contribution financière à la visite du Pape dans la capitale, « mais il y a des ententes entre le gouvernement du Québec et du Canada qui serviront à partager la facture par la suite », a-t-il précisé. Thomas Gaudreault, attaché de presse du maire de Québec, Bruno Marchand.