Posté à 5h00
Nicolas Bérubé La Presse
« Les contrôleurs aériens ont sorti leur jeu de Scrabble. Ils peuvent passer des heures sans voir un avion. » Marc-André Théorêt se dit aux premières loges pour assister à un triste spectacle : celui du naufrage d’un aéroport mondialement connu. Au moment où le secteur de l’aviation internationale connaît un essor sans précédent, à Mirabel, on gère le déclin, déplore M. Théorêt, président des hangars Mirajet, notaire semi-retraité et membre d’un groupe qui voudrait relancer le opérations de l’aéroport de Mirabel. PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE Marc-André Théorêt, président des hangars Mirajet “Les atterrissages et les décollages se sont arrêtés, l’une des deux pistes vient d’être fermée et il n’y a pas de vision pour valoriser les activités de l’aéroport dans un endroit incroyable qui fait l’envie du monde et où le bruit ne dérange personne”, déplore-t-il. . celui qui est aussi pilote. Jean-Denis Garon, député du Bloc Québécois de Mirabel, accuse ADM et le gouvernement fédéral de « tourner la page » du développement aéronautique à l’aéroport de Mirabel. Dans mes conversations avec les dirigeants d’ADM, je me rends compte qu’ils voient Mirabel comme un problème qu’ils préféreraient ne pas avoir. Jean-Denis Garon, député du Bloc Québécois de Mirabel Signe de ce désengagement, selon M. Garon : la piste 11-29, l’une des deux pistes de Mirabel, a été fermée plus tôt cette année. Les circuits électriques permettant aux contrôleurs d’allumer les feux de piste ont été désactivés, tout comme les approches aux instruments. De grands “X” blancs ont été peints sur la piste de 2,6 km pour indiquer qu’elle est hors service. PHOTO FOURNIE PAR MARC-ANDRÉ THÉORÊT De grands “X” blancs ont été peints sur la piste 11-29 de l’aéroport de Mirabel pour indiquer qu’elle est hors service. Le député accuse le ministre fédéral des Transports Omar Alghabra, dont le département est propriétaire du terrain de l’aéroport, d’abdiquer et d’abandonner le rappel à l’ordre d’ADM. « Le ministre m’a dit qu’il considérait ADM comme indépendant. Franchement, je ne pense pas qu’ADM comprenne son mandat et que le gouvernement fédéral comprenne sa responsabilité parce qu’il s’en dérobe. » INFOGRAPHIE LE TYPE
ADM surpris par les critiques
Éric Forest, conseiller en communications corporatives d’ADM, se dit « extrêmement surpris » des critiques adressées à ADM. Il souligne que l’Aéroport international Montréal-Mirabel (YMX) « est une plaque tournante en pleine croissance qui compte parmi ses partenaires des chefs de file de l’industrie aérospatiale et des entreprises de classe mondiale. Plus de 40 entreprises de l’industrie aérospatiale, mais aussi d’autres secteurs d’activité, se sont établies à Mirabel et sont responsables de la création de plus de 7 600 emplois de qualité, nettement plus qu’auparavant. aéroport de passagers », précise-t-il. En termes d’activité de fret, il y a eu une forte augmentation du volume de fret transitant par YMX par rapport à 2020, dépassant même légèrement le niveau enregistré en 2019, a-t-il noté. ADM nie avoir fermé l’une des pistes de l’aéroport. “L’une des deux pistes est actuellement inutilisée, notamment en raison du nombre de mouvements ne justifiant pas d’avoir deux pistes opérationnelles à YMX”, écrit M. Forest.
parc industriel
Benoit Vachon, vice-président régional de l’Association canadienne du contrôle du trafic aérien (ACCTA), note que la fermeture d’une des deux pistes semble indiquer qu’aucune augmentation de l’activité aérienne n’est prévue. “On a l’impression qu’ADM développe plus un parc industriel qu’un aéroport”, déplore-t-il, ajoutant toutefois qu’il ne craint pas la fin des vols cargo à Mirabel. PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE Joe Khawam, pilote et partenaire de Mirajet Joe Khawam, pilote et partenaire chez Mirajet, estime que le rôle d’ADM est de donner la priorité à l’aviation. « Toutes les expropriations à l’époque pour créer Mirabel n’étaient pas pour un parc industriel : c’était pour un aéroport et c’est un aéroport qu’il faut revitaliser. Au lieu de cela, nous avons ICAR, qui loue des voitures de course pour rouler sur le tarmac de Mirabel. J’aime beaucoup les voitures, mais est-ce vraiment ce qu’ADM veut faire avec les capacités de Mirabel ? » L’attraction d’un parc industriel peut être forte, mais il existe d’autres solutions, observe Charles Vaillancourt, ancien président du conseil d’administration de Développement Aéroport Saint-Hubert de Longueuil. PHOTO MARCO CAMPANOZZI, LA PRESSE Installations à l’aéroport de Mirabel « Un aéroport est permanent en tant qu’installation. C’est tentant de construire un parc industriel, mais il faut penser aux besoins de l’aviation dans 20, 30, 50 ans », a-t-il déclaré, ajoutant qu’il avait résisté à la création d’un parc industriel dans la zone aéroportuaire de Saint-Hubert pour cette raison. .
Des frais décourageants
Si les décollages et atterrissages quotidiens sont en baisse à Mirabel, c’est parce qu’ADM a imposé une augmentation drastique des tarifs, notamment pour les avions à pistons, qui constituent la majorité de la flotte d’avions au Canada. Christine Gervais, présidente de la Canadian Pilots and Owners Association (COPA), qui représente 15 000 pilotes et propriétaires d’aéronefs – le plus grand syndicat du genre au Canada – note que les frais ont augmenté de 400 % à Mirabel. « C’est la cause de la baisse de 80 % des mouvements d’avions à Mirabel », dit-il. C’est prohibitif, tuant les écoles de pilotage, à l’heure où tout le monde cherche des pilotes. » Laurent Delbar, directeur des opérations chez Chrono aviation et pilote ayant travaillé dans l’aviation au Québec pendant 36 ans, dit que c’est « jour et nuit » entre l’accueil que lui et ses pairs reçoivent à l’aéroport. international Jean-Lesage de Québec, où il enseigne aux futurs pilotes de ligne. À l’aéroport de Québec, ils nous voient comme faisant partie de la solution. Mais ADM ne s’en soucie pas, même si c’est dans son mandat de s’en soucier. Laurent Delbar, directeur des opérations chez Chrono aviation Au cabinet du ministre fédéral des Transports, il écrit, à propos de la question des redevances exigées : « Les aéroports de Montréal sont seuls responsables de la détermination des redevances et s’il y a un désaccord persistant entre deux entités privées, il leur appartient de résoudre le problème entre eux. » PHOTO KARENE-ISABELLE JEAN-BAPTISTE, DOSSIERS SPÉCIAUX DE COOPÉRATION Mehran Ebrahimi, directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile de l’École des sciences de la gestion de l’UQAM Mehran Ebrahimi, directeur de l’Observatoire international de l’aéronautique et de l’aviation civile de l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal (ESG UQAM), note que Mirabel ne peut pas revivre les beaux jours qu’elle a connus avant le transfert des vols vers Dorval. « Cela dit, est-ce que quitter Mirabel est justifié à ce stade ? Ici les défenseurs de Mirabel ont raison à mon avis. Avec Mirabel, nous avons été trop prompts à abandonner, nous n’avons pas cherché à penser différemment l’aéroport. » Les opérations d’atterrissage et de décollage sont aléatoires dans un aéroport, dit-il. “Ce qui est important, c’est qu’il attire du monde, qu’il y ait de l’activité autour de l’aéroport. À Mirabel, on pourrait. Il a besoin d’un porteur de ballon. »
Ce que dit le bail qui lie ADM à Ottawa
Dans le bail de 1992…