Posté hier à 18h30.
                Henri Ouellette-Vézina La Presse             
                Pierre-André Normandin La Presse             

“Plus le virus change, plus il nous surprend. Elle nie de plus en plus le phénomène de cycles saisonniers que nous avons vu auparavant, un peu comme la grippe. C’est quelque chose qu’on a commencé à voir avec les variantes précédentes, mais qui est de plus en plus prononcé », explique Dre Sophie Zhang, médecin de famille au CHSLD Bruchési. La pandémie se fait beaucoup plus sentir dans les hôpitaux québécois cet été. Ils ont actuellement 1887 patients infectés à traiter. C’est nettement plus élevé que les deux dernières années, même en tenant compte du fait que seulement un tiers des personnes hospitalisées (soit 640) ont été admises en raison de la COVID-19. Dans la même période de 2020, il y avait 285 patients infectés et 81 en 2021. Du côté de la mortalité, le Québec rapporte en moyenne 11 décès par jour. En ce moment en 2020, c’était moins de 3 par jour. De plus, la comparaison avec l’été 2021 est encore plus impressionnante. Entre le 15 juin et le 31 août, Québec avait subi un total de 54 décès. Cet été, le Québec en a déjà signalé 243 depuis la mi-juin.

Le virus “n’a pas fini de changer”

Le Dr Zhang rappelle que le virus « inhibe » de plus en plus l’efficacité immunitaire des vaccins, ce qui rend la possibilité d’infection encore plus grande, d’autant plus que la campagne de vaccination de rappel tire à sa fin au Québec. “C’est un résultat surprenant. Nous avons été dans beaucoup de vagues, nous avons été dans quelques [mieux] prêt. Personne ne s’attendait à avoir soudainement autant de cas cet été”, ajoute-t-il. Comme lors des vagues précédentes, les jeunes propagent le virus tandis que les personnes âgées en paient le prix. Les deux tiers des personnes actuellement infectées ont moins de 60 ans. Ceux-ci se portent plutôt bien, et peu d’entre eux connaissent des complications. En revanche, les seniors de 80 ans et plus sont largement responsables du lourd tribut de la COVID-19 cet été. Alors qu’ils ne représentent que 13 % des cas, ils représentent plus d’un tiers des hospitalisations et les deux tiers des décès. “Le problème, pour moi, c’est que nous agissons un peu comme si nous étions vraiment dans une phase endémique, alors que ce n’est pas le cas. On n’est pas encore capable de contrôler le virus, on ne peut pas le prévoir, ce n’est pas cyclique comme la grippe par exemple. C’est ce qui nous surprend tous en ce moment”, explique le virologue et professeur au Département des sciences biologiques de l’UQAM Benoit Barbeau, pour qui l’évasion vaccinale croissante, c’est probablement “beaucoup”. A ses yeux, la population “a déjà décidé que la pandémie était endémique et qu’on avançait”, ce qu’il dit comprendre après plus d’un an de restrictions sanitaires. “Sauf que la réalité est que nous ne serons pas endémiques tant que nous ne pourrons pas prédire la propagation de ce virus. » Nous sommes dans l’état d’esprit que nous vivons avec le COVID-19, mais cela nous surprend toujours autant. Benoit Barbeau, virologue “On voit qu’à partir de la variante BA.5, notamment, le virus a vraiment amélioré sa capacité à se propager”, ajoute-t-il. Et on s’attend à ce que cela continue dans les prochains mois. Ce n’est pas fini, ça change. »

Les absences “font mal”

Si les décès et les hospitalisations restent sous contrôle dans le réseau de la santé, c’est surtout la forte transmission de la communauté et l’absence sévère de personnel qui “malmènent” actuellement, estime le président de l’Association des médecins spécialistes. . Gilbert Boucher. Vendredi, 7 138 travailleurs étaient absents du réseau de la santé en raison de la pandémie. « Le plus gros problème que nous avons en ce moment, c’est vraiment l’encombrement du système, observe-t-il. Lorsque nous ajoutons les deux ou trois collègues qui disparaissent à chaque quart de travail à cause du COVID, cela fait des jours dans des étages où il n’y a pratiquement pas d’importateurs. » Le Dr Boucher affirme que depuis le début de la journée, dans plusieurs établissements, “les urgences sont déjà à moitié pleines avec des patients en attente d’hospitalisation” pour la COVID-19, mais surtout pour la majorité pour d’autres raisons. « Traiter 10 000 patients avec la moitié des lits qu’ils peuvent gérer est très complexe. Depuis trois mois, le taux d’abandon des patients qui partent sans voir un médecin avoisine les 15 %. Historiquement nous sommes plutôt à 10%, poursuit-il.

La situation en bref

Les 11 décès recensés vendredi ont poussé à 11 la moyenne journalière calculée sur sept jours. La tendance est en hausse de 10 % en une semaine. Le Québec a également signalé une augmentation de 27 hospitalisations vendredi. Les 1 887 personnes actuellement hospitalisées représentent une augmentation de 22 % au cours d’une semaine. En réanimation, les 42 patients représentent une tendance stable depuis une semaine. Les 1 910 nouveaux cas signalés vendredi ont porté la moyenne quotidienne à 1 736. Ainsi, la tendance augmente de 26% en une semaine. Enfin, la campagne de vaccination continue de progresser. Le Québec administre en moyenne 10 500 doses par jour, principalement des quatrièmes doses. À ce jour, 83,6 % des Québécois ont reçu deux doses, mais seulement 52,7 %, trois et 15,4 %, quatre. Pierre-André Normandin, La Presse